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Voilà un trésor national qui doit rutiler davantage, et la Société de musique contemporaine du Québec y a vu : sous le thème Brasier, un portrait est consacré ce dimanche, 15h, salle Pierre-Mercure, à Linda Bouchard. Compositrice, orchestratrice, cheffe d’orchestre, professeure invitée, productrice, elle est parmi les Québécoises les plus en vue de la musique contemporaine.
Née en 1957 à Val d’Or, elle avait étudié la flûte à l’Université de Montréal , puis au Bennington College dans le sud-ouest du Vermont. Elle a vécu à New York de 1979 à 1990 où sa carrière a pris son envol. Elle y fut cheffe d’orchestre adjointe du New York Children’s Free Opera, en 1985-88; elle y fut la fondatrice du groupe Abandon, 1987.
Après ce long séjour dans la Grosse Pomme, elle fut cheffe d’orchestre invitée de l’Atelier de musique contemporaine de l’Université de Montréal, en 1990-92 ; elle fut la coordonnatrice artistique de FORUM 91 pour le Nouvel Ensemble Moderne, en 1991.
Un nouveau cycle s’amorçait ensuite à Ottawa, où elle fut compositrice en résidence de l’Orchestre du Centre national des Arts, de 1993 à 1995. Puis elle a fréquenté l’Ouest canadien, d’abord en tant que directrice musicale du programme d’intégration des chansons du XXe siècle au Banff Centre for the Arts, en 1994.
En 1997, elle migrait vers San Francisco, elle y réside depuis avec mari et fils. Depuis son arrivée en Californie, elle a dirigé les San Francisco Contemporary Music Players, en février 1998 ; elle a également été cheffe d’orchestre invitée pour le St. Luke’s Orchestra, l’American Dance Festival Orchestra, les San Francisco Contemporary Music Players, le New York New Music Ensemble et le New Music Consort.
En 2001, Bouchard fut invitée à participer au Stage d’informatique musicale de l’IRCAM à Paris, d’où son intérêt pour la manière dont nos pratiques artistiques traditionnelles sont traversées par les nouvelles technologies. En 2005, Bouchard a fondé New Experimental Music, Art and Production (NEXMAP), un organisme artistique à but non lucratif qui explore ce paysage artistique en évolution, elle en fut la directrice artistique jusqu’en janvier 2016.
Elle fut professeure invitée à l’UC Berkeley au printemps 2016. En 2017, on lui a décerné le prix Davidson de l’Orchestre symphonique de Victoria au Canada. Elle a également obtenu une bourse pluriannuelle du Conseil des Arts du Canada pour son projet Live Structures, qu’elle a fait évoluer en partenariat avec Matralab de l’Université Concordia à Montréal.
Pour toutes ces raisons, un court entretien s’impose avec PAN M 360.
PAN M 360 : Pourriez-vous nous donner des indices formels de vos œuvres qui soient « rythmés par la poésie des phénomènes naturels », comme l’indiquent vos profils biographiques?
LINDA BOUCHARD : Le rythme de l’eau qui frappe le quai au bord du lac, les huards qui s’interpellent la nuit, le vent qui souffle et qui fait chanter le rebord de ma fenêtre. Pourquoi pas y ajouter un violon et une harpe?
PAN M 360 : Vous travaillez en strates, en sédiments, pour ainsi créer des œuvres qui relèvent du « paysage sonore ». Peut-on en savoir davantage sur les fondements formels de vos œuvres en général?
LINDA BOUCHARD : Dans un paysage il y a l’horizon, puis le ciel, et le contour des arbres au loin, le sol sous mes pieds. Déjà quatre strates de textures qui forment un paysage familier. C’est comme ça que je compose.
PAN M 360 : Comment les formes ont-elles évolué au fil de votre carrière?
LINDA BOUCHARD : La forme collage et non la forme en développement est la façon dont j‘aime agencer les matériaux divers pour les contraster, pour les mettre en reliefs, pour montrer les différences.
PAN M 360 : Y a-t-il eu des points de rupture? Des tournants importants?
LINDA BOUCHARD : Je suis allée à NYC pour deux mois j’y suis restée 11 ans. Ce fut une visite importante.
PAN M 360 : Quels sont d’après vous les traits les plus singuliers de vos compositions, qui vous identifient d’emblée?
LINDA BOUCHARD : Ma musique est faite de couleurs, de textures, de rythme, de contrastes, elle est dense, elle bifurque. C’est une musique qui provoque parfois, qui bouleverse peut-être, qui questionne. Ce n’est pas une musique qu’on écoute avant d’aller s’endormir. C’est une musique qu’il faut écouter, donc une musique de concert.
PAN M 360 : Quels sont les familles ou courants compositionnels auxquels vous vous identifiez spontanément?
LINDA BOUCHARD : J’aime toutes sortes de musiques, il y a des musiques pour toutes sortes d’occasions. Mais quand je vais au concert, je veux être mise au défi, je veux qu’on me propose une aventure sonore, qu’on m’amène là où je n’ai pas pensé aller, je veux être surprise.
PAN M 360 : Quels sont les courants récents vous ayant marquée en tant que créatrice?
LINDA BOUCHARD : Les courants politiques m’ont énormément marqué depuis 2008. Quand j’étais dans la vingtaine, je ne savais même pas qui était au pouvoir. Je ne suivais pas du tout la politique ni ce qui se passait dans le monde. Aujourd’hui, notre planète semble si petite et si fragile, nos voisins sont tout près et leur souffrance aussi. La pandémie nous a sensibilisés d’une certaine façon à notre profonde interdépendance.
Au programme: cinq pièces emblématiques de son parcours prolifique nous font surfer sur toute une gamme d’émotions, de l’ardent Brasier au rafraichissant Liquid States, en passant par la création de Fracture faisant écho à la faille sismique. Permettant ainsi au public de découvrir une écriture colorée, dense et texturée d’où transpire l’énergie contagieuse de ses ports d’attache successifs.
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Participants
- Ensemble de la SMCQ
- Janna Sailor, cheffe
Programme
- Compressions (1996), 10:00 , pour 2 cors, 3 trompettes (trompette piccolo), 3 trombones, percussions, harpe, piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse
- Liquid States (2004), 15:00, pour orchestre de chambre
- Réfraction (2015), 14:00, pour orchestre à cordes
- Fracture (2022), création 11:00, pour ensemble à cordes, percussions et piano
- Brasier (2001), 10:00, pour orchestre de chambre