renseignements supplémentaires
Le Festival Classica, l’Ensemble Caprice et l’Ensemble vocal Arts-Québec tournent actuellement dans huit villes québécoises pour y interpréter Le Messie de Haendel, œuvre phare du temps des fêtes, bien au-delà du monde judéo-chrétien. Sous la direction du chef Matthias Maute, à la barre de l’Ensemble Caprice depuis trois décennies et qui a récemment enregistré le Messie sous étiquette Leaf Music, l’exécution de la fameuse œuvre baroque met ici en lumière les solistes Myriam Leblanc, soprano, Florence Bourget, mezzo-soprano, Antonio Figueroa, ténor, et Marc Boucher, baryton. Ce dernier étant aussi le directeur général et artistique de Classica, il est l’interlocuteur idéal pour en causer chez PAN M 360.
PAN M 360 : Voilà une ambitieuse production, à la hauteur du pouvoir attractif du festival Classica. Qu’en pensez-vous?
Marc Boucher : Huit villes sont actuellement visitées dont Québec et Montréal et plusieurs villes en Montérégie. Et donc voilà une tournée qui se déroule au-delà de nos espérances. À l’heure où l’on se parle, nos prévisions de ventes de billets s’avèrent quadruplées, nous serons presque à pleine capacité à la Maison symphonique ce dimanche. À Québec les ventes vont très très bien (pour le 17 décembre), le Palais Montcalm devrait être presque complet, Saint-Lambert et Boucherville ça va super bien, Sorel c’était complet. Bref on ne voit aucun indice qui pourrait nous dire qu’il y a une pandémie. Évidemment on doit appliquer les règles sanitaires et le port du masque et la double vaccination. Je ne saurais dire si l’œuvre elle-même, le festival Classica ou l’Ensemble Caprice est la cause de nos ventes de billets quadruplées.
PAN M 360 : Le Messie de Haendel est l’oeuvre sans doute la plus connue du répertoire sacré dans la période baroque. C’était pour vous incontournable ?
Marc Boucher : Oui ! C’est l’œuvre phare du temps des Fêtes en musique classique, je me souviens que l’OSM a rempli plusieurs fois la Basilique Notre-Dame par le passé. Et ça se confirme encore cette année… nous en sommes à notre troisième tournée, d’ailleurs. Nous l’avions déjà fait avec l’Harmonie des Saisons et nous travaillons actuellement avec Caprice.
PAN M 360 : Quelle approche avez-vous choisi pour l’exécution?
Marc Boucher : Je ne ferais pas un Messie de Haendel avec instruments modernes au diapason moderne (440Hz). Comme on l’a déjà fait avec L’Harmonie des Saisons, on le fait dans les règles de l’art avec Caprice, c’est-à-dire avec des répliques d’instruments baroques (cordes de boyau pour les violons et autres instruments à cordes, trompettes naturelles, etc.) accordés au diapason baroque (415 Hz), c’est une approche historique du festival Classica. Plusieurs ensembles québécois interprètent désormais la musique baroque avec des instruments d’époque, on est rendu là au Québec et le festival Classica s’inscrit dans cette démarche. Les équilibres sonores sont plus fidèles et réalistes par rapport à la période baroque. Ce sera évidemment la même chose avec le Messie.
PAN M 360 : Quelle est la relation artistique du festival Classica avec l’Ensemble Caprice?
Marc Boucher : L’Ensemble Caprice célèbre son 30e anniversaire, et Matthias a une connaissance du répertoire qui est vraiment impressionnante. Je peux en témoigner car je suis un des quatre solistes. Franchement, j’apprécie beaucoup cette collaboration, Mathias fait beaucoup de liens historiques avec cette version. Certains mouvements sont exécutés sur des tempi plus enlevés, par exemple. Pour lui c’est l’atteinte d’une cohérence historique dans son travail et son découpage de l’oeuvre (dans le contexte de différentes présentations en salles, vu la pandémie) , moi je trouve que son approche est très intéressante pour les solistes, pour les musiciens , pour tout le monde impliqué dans cette exécution. Voilà une version très dynamique du Messie de Haendel. Oui c’est une avancée.
PAN M 360 : Quant aux solistes, que dire du quatuor invité, soit Myriam Leblanc, soprano, Florence Bourget, mezzo, Antonio Figueroa, ténor, Marc Boucher, baryton?
Marc Boucher : J’ai une relation artistique avec certains depuis des années, Antonio en particulier. Florence on la suit chez Classica, elle est régulièrement invitée au festival depuis trois ou quatre ans, elle sera de la prochaine édition et fait partie de l’intégrale des mélodies de Massenet, le plus grand projet lyrique jamais enregistré au Canada avec les plus belles voix du Québec – projet qu’on termine le printemps prochain.
La nouvelle voix que je connaissais peu jusqu’à récemment, c’est Myriam Leblanc, extraordinaire soprano lyrique colorature, une voie très épurée dans le style baroque mais aussi propice à l’opéra. Je l’ai découverte l’été dernier avec beaucoup de bonheur dans un concert donné l’été dernier aux Îles-de-la-Madeleine. Et puis moi je reprends du service pour assurer la partie des airs de basse pour l’occasion. Ça fait 25 ans que je chante le Messie de Haendel, coast to coast en Amérique du Nord et aussi en Europe, notamment en Angleterre.
En fait, je suis très content de ce quatuor de solistes et le chef aussi est très content. C’est une très belle collaboration avec Caprice, nous sommes déjà en train de travailler sur les dates de l’an prochain. Souhaitons que les conditions sanitaires puissent alors nous permettre de l’allonger un peu. C’est actuellement notre plus importante tournée du Messie au Québec et l’an prochain on fera une dizaine de villes.
PAN M 360 : En misant sur une telle tournée du Messie, le festival Classique joue une fois de plus son rôle fédérateur. N’est-ce pas un fondement de votre orientation?
Marc Boucher : D’une certaine façon, on reprend le modus operandi d’événements comme le Festival international de jazz de Montréal, qui programme des spectacles grand public et des concerts de jazz plus spécialisé. Nous avons adopté un modèle comparable, on peut présenter des programmes très pointus mais on ratisse large et on ose des pas de côté avec du rock symphonique par exemple. Et nous sommes très encouragés par cette tournée du Messie.