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Zal Sissokho est très actif sur la scène musicale montréalaise. Héritier de la tradition musicale mandingue, l’auteur-compositeur-interprète s’allie depuis 1999 à différents musiciens et musiciennes du Québec pour faire connaître cette musique. Avec sa kora, Sissokho voyage entre tradition et modernité, interrogeant à la fois l’histoire de la musique et la nature humaine. Ses chansons, chantées en langue mandiko, abordent une grande variété de thèmes, mais ont toujours comme point commun de raconter une histoire.
Au début des années 2000, Sissokho fonde le groupe Buntalo, avec lequel il enregistre plusieurs albums. Le plus récent de la formation, La Source, sera lancé le 9 septembre au Club Balattou. En prévision de cet événement, PAN M 360 a eu la chance de s’entretenir avec Zal Sissokho pour parler de la création de l’album et de sa musique qui fait entrer en dialogue plusieurs traditions musicales.
PAN M 360 : Bonjour! Votre nouvel album, La Source, sortira très bientôt. Le 9 septembre. Comment vous sentez-vous?
ZAL SISSOKHO : Je me sens très bien! J’ai hâte que ça sorte. Après tout le travail derrière pour réaliser cet album, on a vraiment hâte, moi et ma petite gang.
PAN M 360 : En 2020, vous aviez sorti l’album Kora Flamenca, puis entre-temps il y a eu la pandémie. Et maintenant, il y a La Source. Quel chemin créatif y a-t-il eu entre ces deux albums?
ZAL SISSOKHO : La Source, c’est un album vraiment très différent de Kora Flamenca. Kora Flamenca, c’est une rencontre avec un autre milieu, une autre culture. Puis, La Source, c’est un retour à la maison, où je voulais jouer un tout petit peu plus de la musique de l’Empire mandingue et la musique de la kora. Celle de mes racines, d’où je viens, celle des griots. C’est ce qui fait toute la différence entre Kora Flamenca et La Source.
PAN M 360 : En écoutant l’album, on entend effectivement ce retour vers les traditions du répertoire de la kora. Mais il y a aussi un petit quelque chose de moderne, de contemporain…
ZAL SISSOKHO : Absolument! Mais Zal Sissokho et Buntalo, qui est mon groupe à moi, c’est vraiment ça que nous faisons. C’est de l’afro-mandingue, du « tradimoderne ». L’instrument dont je joue, la kora, est un instrument typiquement traditionnel, mais qui est aussi très adapté à pouvoir faire tous les styles de musique.
PAN M 360 : Justement, en parlant de Buntalo… Cela faisait un bon moment que vous n’aviez pas enregistré avec cette formation, n’est-ce pas?
ZAL SISSOKHO : Oui, en effet. Nous avons enregistré trois albums déjà, La Source est le quatrième. Le dernier était en 2018, La Palabre. Je suis très chanceux, parce que ce groupe, je l’ai formé en 2003-2004, et jusqu’à présent, ce sont toujours les mêmes musiciens qui sont avec moi. Quand j’ai besoin d’eux, ils sont ici, ils sont présents. C’est vraiment un honneur pour moi.
PAN M 360 : Quelles sont vos inspirations lorsque vous composez pour Buntalo?
ZAL SISSOKHO : Pour les quelques albums que j’ai faits avec Buntalo, ce sont des compositions en lien avec ce qui m’entoure, mes rapports humains, les rencontres que j’ai faites durant mes voyages et mes spectacles, ici et ailleurs. C’est tout ce qui m’inspire, et cela fait que la musique, elle, est inspirée de culture, de tradition et de modernité. C’est ce qui fait que, dans mes compositions, il y a du piano, du drum, de la basse et tout… Chaque fois que je pense à faire un album avec Zal Sissokho et Buntalo, c’est comme ça que je le veux, parce que je veux que deux cultures se rejoignent. Moi, je viens du Sénégal, mais maintenant je vis ici. Alors j’essaie de faire du 50-50, un peu pour chez moi et un peu pour l’endroit où je vis, qui est ici.
PAN M 360 : Et qu’est-ce qui vous inspire dans l’écosystème musical d’ici?
ZAL SISSOKHO : C’est très riche. Nous sommes très chanceux au Québec, on trouve une variété d’artistes professionnels qui viennent de partout dans le monde, qui habitent ici. Alors, ça facilite ce genre de rencontre. Parce que si on veut toucher à quelque chose, il y a quelqu’un qui s’y connaît. Surtout dans cet album, La Source, avec la collaboration de mon frère sénégalais, Élage Diouf, qui a participé à la co-réalisation, nous avons rassemblé les idées pour pouvoir donner quelque chose de génial à nos amis! Nos amis qui nous suivent, le public qui nous suit.
PAN M 360 : Vous avez qualifié votre musique de « tradimoderne ». Est-ce un qualificatif qui vous accompagne depuis le début de votre carrière?
ZAL SISSOKHO : Je dirais que oui, parce que j’ai toujours voulu aller un peu plus loin avec mon instrument. La kora, dans d’autres circonstances, est un peu plus limitée. On ne peut pas changer de tonalité comme on veut. Mais j’ai toujours voulu aller vers d’autres cultures avec mon instrument, faire d’autres rencontres. Ces échanges se partagent avec d’autres milieux artistiques, d’autres cultures, d’autres styles de musique. Parce qu’à chaque rencontre, on apprend beaucoup. On contribue, mais en même temps, on apprend et on reçoit aussi beaucoup. J’ai toujours voulu que ce soit mon étiquette.
Le « tradimoderne », la tradition, c’est quelque chose de très sacré pour moi, parce que je viens de ce milieu-là. Le répertoire est immense, et on pourrait jouer pendant des milliers d’années. On ne pourra jamais interpréter tout le répertoire de l’Empire mandingue. Mais en même temps, pour pouvoir toucher un public plus large, j’ai envie de le mixer avec un peu de moderne pour aller encore plus loin. C’est ce qui me suit depuis le début de ma carrière ici, au Québec.
PAN M 360 : Revenons un peu à ce nouvel album, La Source. Y a-t-il un thème qui traverse tout l’album? Qu’est-ce qui vous a inspiré durant sa composition?
ZAL SISSOKHO : C’est très varié, sur cet album. Il y a des morceaux qui parlent de la dignité humaine. Un autre qui dit qu’on ne peut pas savoir ce qui va arriver demain. Et La Source est surtout un retour, un hommage à nos arrière-grands-pères, à nos grands-pères, à nos pères et mères. Puis il y a plusieurs morceaux qui racontent une histoire. L’histoire d’une rencontre, des milieux que je partage, de ce que je vois.
En arrivant ici, j’étais déjà adulte. Il y a des histoires que je ne veux pas perdre, même si je reste ici pendant 100 ans. Il y a ce côté-là qui restera toujours en moi. Mais qui veut s’intégrer dans un pays doit faire la part des choses, prendre certaines habitudes, accepter certaines choses pour mieux pouvoir s’installer et être dans le milieu qui nous entoure. Alors c’est ça. C’est un album qui m’a beaucoup plu en le faisant, parce que les thèmes sont variés, et je veux sensibiliser les gens au rôle du griot, ce rôle qui existe toujours, et faire en sorte que les gens soient en harmonie.
PAN M 360 : Donc il s’agirait d’un album qui reconnaît d’où le répertoire de la kora vient, et qui l’honore, mais en même temps qui est tourné vers les autres et le futur?
ZAL SISSOKHO : Exactement. C’est étonnant, parce que l’humain a toujours été nomade. Depuis des siècles, l’humain voyage vers quelque part de mieux. Chaque fois que l’on va quelque part, qui n’est pas notre milieu, on revient. Et on continue toujours à s’installer ailleurs pour se battre parce que la vie est un combat, tous les jours, de toute façon. Il n’y a rien de gratuit dans le monde.
PAN M 360 : Finalement, à quoi peut-on s’attendre en venant au concert de lancement?
ZAL SISSOKHO : Que du plaisir! Tout le monde va être là pour vous présenter ces nouveaux morceaux sur la scène. C’est une fête, comme si un nouveau bébé venait d’arriver! C’est une manière pour moi de dire aux gens « venez me rejoindre pour faire la fête ». Je vais prendre le temps de présenter et d’expliquer les textes, parce que je chante dans ma langue maternelle qui est le mandiko. Ce n’est pas évident pour certains de comprendre les messages que je passe, mais je prends toujours le temps d’expliquer. Alors, le 9 septembre, c’est une invitation lancée à tout le monde, les mélomanes, ceux qui aiment ce que je fais, ceux qui veulent découvrir ma musique. Tout le monde est le bienvenu!
Zal Sissokho se produira sur la scène du Club Balattou le 9 septembre à 21h pour lancer son nouvel album La Source. L’album sera disponible dès le 8 septembre en format numérique. INFOS ET BILLETS ICI!