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Ambre ciel, de son vrai nom Jessica Hébert, se décrit comme une auteure-compositrice-interprète montréalaise de 28 ans qui crée de la musique pop ambient et néoclassique.
Ayant étudié en interprétation du violon et ensuite en musicologie, elle se démarque aujourd’hui par ses compositions, sélectionnées aux finales des 25e Francouvertes.Sa voix berçante et l’instrumentation délicate ont su également charmer l’auditoire et le jury.
Elle a fait paraître son premier EP Vague distance en janvier de cette année et semble très en confiance que ses prochains projets portent fruit puisqu’elle s’est vue attribuer la 3e place au concours.
Au terme de ses études universitaires, Jessica Hébert s’est mise à l’expérimentation pour finalement réussir à réaliser son premier EP.
PAN M 360 s’est entretenu avec elle afin de discuter de son parcours et bien sûr de son expérience à son tout premier concours d’importance.
PAN M 360 : Quels sont les artistes qui t’ont influencée dans ton style musical et ton écriture ?
Jessica Hébert : Côté musical il y aurait Ólafur Arnalds, tout le mouvement minimaliste, comme Steve Reich, Philip Glass. Mais il y en a vraiment d’autres. Il y a certains albums qui m’ont vraiment marquée, que j’ai tellement écoutés, les influences ont finalement fusionné. Pour les textes, j’aime beaucoup la poésie de Klô Pelgag, mais j’aime beaucoup lire la poésie en général. Je favorise les démarches qui utilisent les mots pour être plus dans l’évocation et non dans la communication. Les mots dans le quotidien servent à communiquer, à penser des choses, mais en soi, les mots portent un aspect poétique ou une prosodie. C’est plus cette approche qui m’intéresse.
Pan M 360 : Comment te sens-tu après avoir terminé cette aventure des Francouvertes?
Jessica Hébert : Je suis très reconnaissante. C’était la première fois que je jouais mes compositions avec des musiciens en plus d’avoir des délais assez serrés puisque j’avais sorti mon premier EP en janvier. Donc, ça a été beaucoup d’adaptation.
Je devais créer des partitions pour des musiciens et en même temps explorer avec d’autres qui n’ont pas de partition, comme Olivier qui jouait du synthétiseur, pour vraiment aller rechercher le son que j’avais en tête. Je suis hyper reconnaissante et à la fois très surprise que le projet se soit rendu en finale parce que c’est quand même une proposition qui est très différente du cadre plus pop des Francouvertes. Je suis aussi reconnaissante de l’ouverture du public et du jury ainsi que tout le soutien pour persévérer dans cette voie. Je suis excitée d’aller plus dans cette direction, sans devoir subir des contraintes techniques et de pouvoir me réapproprier toutes les sphères d’un cadre de diffusion. Enfin, que le tout soit au profit de la singularité du projet et de l’aspect artistique.
PAN M 360 : Comment as-tu fait le choix de tes 5 chansons pour la finale?
Jessica Hébert : Cela a été réfléchi de manière que la première pièce soit une introduction permettant de découvrir chaque instrument sur scène, l’un à la suite de l’autre. Cela étant, il y a assurément une certaine courbe du spectacle qui doit être mise en place pour ajouter une variation, garder l’attention des auditeurs. J’ai beaucoup travaillé sur les transitions aussi pour qu’il y ait toujours un flux sonore évolutif, que ça puisse créer un voyage où on se laisse emporter. Ça engendre des moments plus rythmés et grands, tandis qu’à d’autres moments, plus intimes, plus retenus. La première pièce se voulait vraiment une introduction. Ensuite, la deuxième, Visage nuée, est plus néoclassique. Les cordes ont un rôle important dans le thème de la pièce et le clavier est mis de l’avant. La troisième est une nouvelle composition de mon cru, Orage Mirage, un peu plus rythmée avec des percussions plus électro. Donc ça amène une stabilité qu’on avait moins dans les deux pièces précédentes. L’incendie, la quatrième, c’est une pièce très mélancolique. L’instrumentation est plus réduite dans cette dernière. L’accalmie se brise avec Mirador, qui termine le concert de manière plus entraînante et qui a plus d’envolée.
PAN M 360 : Justement, avec la dernière pièce, chaque instrument avait son moment pendant lequel chacun était mis de l’avant et créant une dernière salutation au public.
Jessica Hébert : C’est exactement ça. Cela vient fermer la boucle avec l’introduction où on commence et on termine comme ça. Bien vu.
PAN M 360 : Comme tu l’as mentionné plus tôt, tu as interprété une composition inédite jusqu’à la finale des Francouvertes, soit Orage mirage. Peux-tu me parler un peu plus du message de la pièce et de l’émotion qui s’en dégage ?
Jessica Hébert : Les textes parlent de cette certaine appréhension qu’on peut avoir des évènements ou des choses du futur qui prennent une proportion démesurée dans la manière qu’on les conçoit ou qu’on les anticipe, pour finalement se rendre compte qu’on réussit à passer par-dessus ces choses. Le fait que le temps avance, on les vit et on réalise que c’était peut-être qu’une réalité un peu déformée.
Pan M 360 : Cette pièce est plus pop que celles qui se retrouvent sur ton EP. Est-ce que tu désires rester dans le même genre musical ou bien t’aventurer dans d’autres genres musicaux?
Jessica Hébert : C’est une bonne question. Cette composition est allée intuitivement dans cette direction un peu plus pop, mais on garde le côté un peu impressionniste dans les paroles, dans l’instrumentation et dans la forme de la pièce. Donc, oui c’est sûr il y a deux couplets et un refrain, mais après ça on passe plus à une partie instrumentale. On retrouve quand même une certaine cohérence par rapport aux autres compositions. C’est simplement que le rythme est mis de l’avant dans celle-là. C’est un aspect que je n’avais pas du tout exploré dans le cadre de mon EP Vague distance et j’avais plus envie d’explorer cet aspect. Pour la suite des choses, je ne veux pas me contraindre, je veux vraiment y aller intuitivement et voir où cela me mène. Je veux rester libre, dans le fond.
PAN M 360 : Comment te sens-tu après avoir gérer un échéancier seule?
Jessica Hébert : Cela a été tout un apprentissage. Pour les arrangements, j’ai travaillé en collaboration avec Pietro Amato afin qu’il révise mes partitions et améliore mes idées. Ceci, en soi, a été une expérience enrichissante de pouvoir travailler avec lui qui a beaucoup d’expérience et qui m’aide à aller de l’avant. Sinon, ce fut un défi en termes de temps. C’était intense de créer un concert à partir de compositions plus abstraites. Une fois que c’est fait, et qu’il fallait que ce soit fait, maintenant, j’ai un concert qui se tient et qui est prêt à être diffusé. Je suis aussi tellement reconnaissante des musiciennes et musiciens avec qui je joue. Ce sont des personnes talentueuses et elles me soutiennent énormément dans le projet. Elles ont une belle énergie et sont très professionnelles. La harpiste et le claviériste étaient déjà des amis à moi, mais les cordes et le percussionniste sont de belles rencontres et dorénavant de belles amitiés qui ont pu se développer.
PAN M 360 : Comment as-tu vécu le phénomène des concerts en ligne?
Jessica Hébert : C’était une première de faire un concert avec un jury dans la salle, sans public, et de vivre une captation en direct. Je ne me souciais pas de regarder la caméra. Ça m’a poussée à focaliser sur ma musique et de faire confiance au public pour s’approprier cette prestation. Oui, c’était un contexte particulier, mais c’était bien pour la finale puisqu’on avait le droit d’inviter trois bulles d’invités.
De plus, j’ai lancé mon EP dans le contexte de la pandémie, je n’aurais pas travaillé sur un concert rapidement, donc naturellement, j’aurais continué à composer. Je n’aurais pas fait de lancement pour ce mini-album, donc de m’inscrire au concours a été une façon de donner vie à mes compositions et de tester un peu la réception des gens par rapport à mon style qui est un peu différent.
Pan M 360 : As-tu constaté que ton auditoire s’est agrandi?
Jessica Hébert : Oui complètement. C’est très encourageant. J’ai vraiment l’impression que le projet est bien lancé, il commence à se faire connaître aussi. J’ai eu énormément de retour de la part de personnes qui ont vraiment aimé, m’ont écrit à travers les réseaux sociaux, qui suivent le projet et qui ont acheté mon EP sur Bandcamp. On a aussi eu une belle couverture médiatique. Je suis très optimiste pour la suite des choses.
Pan M 360 : Tu as mentionné plus tôt cette année que la pandémie permettait de créer d’une manière différente que la boucle populaire de composer, promouvoir et faire une tournée. Penses-tu que cette liberté de création va rester?
Jessica Hébert : Ce que je voulais dire par là c’était que, étant donné que les salles de spectacle sont vides, la salle a été configurée pour une expérience d’écoute qui met un public dans une salle et est séparé de la scène, souvent surélevée. Il y a cet aspect découpé entre la scène et le public. Et maintenant, jouer dans des salles vides appelle à se réapproprier les espaces d’une façon différente et, en conséquence, faire vivre des nouvelles expériences d’écoute et de concert. Cela me donne plein d’idées de collaboration avec des artistes en arts visuels. Comme lors de la finale, j’ai travaillé avec Olivier Roberge et ça a vraiment été une belle rencontre. Il a pris la peine de lire les textes de mes chansons et d’écouter la musique. Il s’est vraiment laissé inspirer et a réalisé une œuvre que je trouve magnifique. Je ne sais pas si on pouvait le voir à l’écran, mais l’œuvre présentait des étoiles et un peintre qui faisait une toile de ces étoiles. C’était tellement sublime! C’est vraiment spécial d’élaborer une mise en commun de différents médiums pour créer une expérience interdisciplinaire. Ça ouvre de nouveaux horizons de collaboration. Je serais partante pour faire de la musique dans une de ses expositions ou un événement semblable. C’est plutôt dans le sens que la pandémie laisse un espace nouveau pour la réappropriation des espaces et des expériences.
PANM 360 : Dorénavant, qu’est-ce qui t’attend après ta participation au concours? Quels sont tes prochains projets?
Jessica Hébert : Je vais continuer à composer, surtout avec les prix que j’ai gagnés qui donnent certaines occasions de le faire, comme une résidence au Domaine Forget. Sinon le Festival OFF de Québec m’a invité à jouer. Également, j’ai reçu des offres de concerts qui sont à venir plus tard dans l’année. À vrai dire, on va voir, puisque c’est difficile de prédire avec le contexte actuel, et je n’ai pas eu le temps de me pencher sur la suite des choses avec les Francouvertes qui ont pris beaucoup de mon temps. Somme toute, j’ai très hâte!
PAN M 360 : Merci à toi et bonne continuité!
Jessica Hébert : Merci!