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En 2010, il remportait le premier prix junior au prestigieux concours Menuhin. Depuis, son extraordinaire progression de soliste et de chambriste fait état d’invitations de plusieurs orchestres symphoniques d’Amérique, d’Europe et d’Asie, dont l’Orchestre philharmonique royal de Liège, l’Orchestre symphonique de Toronto, l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre métropolitain de Montréal, l’Orchestre symphonique de Vancouver, l’Orchestre symphonique de Québec et l’Orchestre du Centre national des Arts du Canada.
Au cours de la saison 2018-2019, Kerson Leong a été nommé Artiste en résidence avec l’Orchestre Métropolitain de Montréal sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Kerson est également un chambriste fervent, il a été invité dans de multiples festivals internationaux. Et l’on ne compte pas le prix de la Fondation musicale Sylva Gelber (2015-2017), le Prix Jeune Soliste 2015 des Radios francophones publiques, un prix de mentorat de la Fondation musicale Lin Yao Ji de Chine pour avoir inspiré les jeunes générations, sans compter la Révélation Radio-Canada 2014-2015 pour la musique classique. De plus, il est artiste associé de la Chapelle musicale Reine Élisabeth en Belgique.
Et voilà le violoniste sous les projecteurs (virtuels) du Festival Bach, assurément l’un des événements classiques les mieux menés à Montréal. Et puisque les usagers de PAN M 360 doivent absolument découvrir Kerson Leong si ce n’est pas déjà fait, une conversation s’impose.
PAN M 360 : Comment avez-vous maintenu cette passion pour le jeu, de l’enfance à l’atteinte d’un niveau de jeu international ?
KERSON LEONG : Ma mère est pianiste et professeur de musique, et mon père est un scientifique qui est tombé amoureux de la musique classique et a même appris par lui-même un peu de guitare classique. Ayant grandi dans une famille de musiciens, il était inévitable que la musique joue un rôle important dans ma vie, quoi qu’il advienne. Bien que j’aie commencé par le piano, j’ai rapidement appris le violon à l’âge de 4 ans et demi et j’ai semblé avoir presque immédiatement une affinité naturelle pour cet instrument. Les choses se sont ensuite passées rapidement après avoir remporté des festivals régionaux, puis le grand prix du Concours de musique du Canada cinq années consécutives.
PAN M 360 : On dit de vous que vous avez une maîtrise « rare et novatrice » de l’instrument. Effectivement « rare » est votre talent, bravo ! Pour le côté novateur de votre jeu, pourriez-vous m’en dire davantage ?
KERSON LEONG : Je suppose que ce serait l’adaptation de ma technique, au cours des dernières années, à une approche musicale globale et à un son que les auditeurs pourraient identifier comme étant le mien, et l’occasion d’observer de près les subtilités de la technique du violon en cours de route. Le partage de ces connaissances est devenu important pour moi, d’où, par exemple, ma série de tutoriels Art of Etude sur ma chaîne YouTube et l’invitation d’écoles réputées comme la Jacobs School de l’Université de l’Indiana et la Sibelius Academy d’Helsinki, à enseigner ces techniques.
PAN M 360 : Votre père a des notions très avancées en physique, notions que vous auriez appliquées à la résonance des cordes de votre instrument, de quelle manière cette connaissance acquise aurait-elle bonifié votre jeu ?
KERSON LEONG : En effet, j’ai fait office de démonstrateur lors de conférences que mon père a données sur ce sujet dans le passé, dans des institutions telles que le Conservatoire central de musique de Pékin, l’Institut de musique Barratt-Due d’Oslo, diverses universités de Californie. Je ne suis certainement pas un expert en physique moi-même, mais c’est la façon dont j’ai fini par interpréter ces concepts ou ces idées dans un sens pratique spécifique à mon instrument et à mes besoins qui a grandement influencé mon jeu depuis.
PAN M 360 : D’après vous, comment votre propre jeu est-il distinct ? Phrasé, timbre, attaque, lyrisme, etc., comment décririez-vous votre personnalité en tant que soliste ?
KERSON LEONG : Je laisserais l’auditeur discerner quelles qualités il perçoit dans mon son, mon jeu et dans le répertoire choisi, mais je caractériserais mon approche générale comme intransigeante, acharnée et intense.
PAN M 360 : Quel a été le parcours de votre famille au pays ?
KERSON LEONG : Je suis né et j’ai grandi à Ottawa, de sorte que cette ville représentera toujours mon port d’attache. D’autre part, je pourrais dire que mon cœur musical au Canada se trouve au Québec, et à Montréal en particulier, en raison des nombreux jalons de ma trajectoire en musique et des moments privilégiés que j’y ai vécus. Aussi, M. Roger Dubois, de Canimex, et sa famille font partie des personnes qui me sont le plus chères. En ce sens, je me suis retrouvé à adopter pleinement le Québec et sa merveilleuse population.
PAN M 360 : Votre activité de chambriste est-elle la plus importante dans votre carrière actuelle ? Jouez-vous plus souvent avec des orchestres symphoniques ?
KERSON LEONG : Même si me produire en solo avec des orchestres constitue le plus gros de mon travail, la musique de chambre occupe une part essentielle de ma vie. Pour moi, la musique de chambre est l’occasion d’apprendre à écouter, à communiquer et à travailler de concert dans un contexte musical, ce qui signifie des rencontres informelles et de bons moments entre amis, tout autant qu’une expérience formidable pour le public dans la salle de concert.
PAN M 360 : Côté musique classique ou musique contemporaine, avez-vous des compositeurs de prédilection ?
KERSON LEONG : Je dirais que mon compositeur préféré est toujours celui que je joue au moment présent. En tant qu’interprète, il est important de s’approprier pleinement la pièce que l’on finit par interpréter, et les multiples pièces des différents compositeurs font également ressortir diverses facettes de ma personnalité. Toutefois, j’ai toujours eu un faible pour la musique de Brahms.
PAN M 360 : Avez-vous des périodes préférées de l’histoire de la musique ? De prime abord, on dirait que non puisque vous interprétez des œuvres baroques, classiques, romantiques, modernes ou contemporaines… Alors ?
KERSON LEONG : Comme c’est le cas pour la question précédente, j’embrasse chaque période de la même manière, car chacune d’elles fait ressortir quelque chose de différent chez moi.
PAN M 360 : Avez-vous des solistes préférés au violon ? Des modèles ?
KERSON LEONG : J’ai grandi en écoutant principalement des violonistes du XXe siècle, Heifetz, Oistrakh, Szeryng, Milstein, par exemple. Même si mes goûts se sont beaucoup diversifiés depuis, j’ai toujours un faible pour les artistes de cette époque. Il y a aussi tellement de grands musiciens aujourd’hui que j’admire pour différentes raisons, que ce soit des violonistes, des pianistes, des violoncellistes, des chanteurs, etc.
PAN M 360 : Vous jouez sur un superbe Guarneri del Gesu de 1741, quelles sont les plus belles propriétés de votre instrument ?
KERSON LEONG : C’est surtout son timbre. Il y a une véritable qualité « ténor » et une chaleur dans le son, quelque chose que j’ai tout de suite ressenti car cela se rapproche de la façon dont j’imaginais ma voix intérieure. J’aime aussi qu’il y ait de la texture et du grain dans le son, ce qui lui confère des qualités plus humaines et plus organiques. Je remercie à nouveau très sincèrement M. Roger Dubois, de Canimex, pour sa générosité et m’avoir donné la chance de jouer et de vivre avec un instrument aussi merveilleux.
PAN M 360 : Vous vous intéressez à Gershwin, comme c’est le cas sur votre album paru chez Analekta, enregistré avec le pianiste Philippe Chiu et paru en 2016. On sait que George Gershwin fut le pont idéal entre les musiques afro-américaines et l’impressionnisme français alors… seriez-vous enclin à investir le jazz moderne ou contemporain ? L’improvisation vous intéresse-t-elle ?
KERSON LEONG : Oui, bien sûr ! J’ai joué du jazz à la clarinette et au saxophone pendant mon adolescence, et je dirais que je suis très ouvert à l’idée d’adopter de nouvelles formes d’expression sous forme d’improvisation et d’autres genres musicaux. Je suis heureux de laisser ce côté de moi se développer et de continuer à apprendre en profitant de tout ce temps libre que cette pandémie m’a donné.
PAN M 360 : Pourriez-vous commenter brièvement le programme de votre concert au Festival Bach? Comment envisagez-vous lire ces œuvres ?
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate n° 2, en la mineur, BWV 1003
Partita n ° 3, en mi majeur, BWV 1006
Partita n° 2, en ré mineur, BWV 1004
Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Sonate n° 2 pour violon seul, Jacques Thibaud, op. 27
KERSON LEONG : Les sonates et les partitas de Bach sont pour ainsi dire la bible du violoniste. Les sonates solo d’Ysaÿe s’inscrivent dans cette lignée mais souscrivent au style et à l’expression de leur époque, soit au début du XXe siècle. L’œuvre d’Ysaÿe en particulier me passionne depuis peu, car je suis vraiment touché par la puissance de son langage. Je joue la musique de Bach tous les jours et elle ne manque jamais de m’apprendre des choses sur moi-même. Ce concert sera l’occasion d’accueillir un auditoire en temps réel dans mon propre salon et constituera à coup sûr une expérience intéressante.
PAN M 360 : Quels sont vos prochains objectifs professionnels ?
KERSON LEONG : La sensibilisation revêt une importance particulière en ce moment, pour inspirer les nouvelles générations de passionnés de musique et créer un environnement propice à ce que les gens réalisent à quel point la musique et les arts sont une dimension essentielle de l’existence.
PAN M 360 : Quel sont vos projets ?
KERSON LEONG : La pandémie a mis un frein à bien des choses, mais je vais continuer à faire des diffusions en direct, donner des concerts virtuels et me connecter directement avec les gens grâce aux médias sociaux. J’ai également un nouvel album qui sortira au début de l’année prochaine, c’est très excitant, les détails seront bientôt connus.