Jessy Lanza : Joyeuse tristesse

Entrevue réalisée par Patrick Baillargeon

Jessy Lanza présente All The Time, un album où l’artiste canadienne exprime à nouveau ses états d’âmes à travers une musique souvent ludique et entraînante. À quelques jours de la sortie de son troisième album, la chanteuse, musicienne et productrice nous a parlé de son acclimatation à la vie new-yorkaise, de la genèse d’All The Time et de son complice Jeremy Greenspan, ainsi que de ses petites manies et de ses inquiétudes avec beaucoup de sincérité et de nombreux éclats de rire.

Genres et styles : électronique / expérimental / soul/R&B

renseignements supplémentaires

Crédit photo : Milos Jacimovic

Déménagée de Hamilton à New York en 2017, Jessy Lanza a dû revenir en catastrophe de sa tournée européenne au début de l’épidémie de COVID-19 mais n’a pu retourner chez elle. C’est donc dans la région de San Francisco, où elle s’est confinée avec son amoureux, que nous l’avons rejointe. 

PAN M 360 : Est-ce que ta nouvelle vie à New York, alors que tu as toujours vécu à Hamilton, a eu des répercussions sur ta musique ou sur toi-même ?

Jessy Lanza : Ç’a eu des répercussions positives sur ma vie, mais ç’a été plus dur que je le pensais. Je n’ai pas très bien géré la situation et j’ai découvert que j’avais le mal du pays et que je me sentais vraiment isolée et déconnectée. Beaucoup de chansons du disque ont été écrites dans cet état. Mais en même temps, j’ai commencé à faire cette résidence mensuelle à The Lot Radio à Brooklyn, qui est une très chouette station de radio dans un conteneur. Grâce à cette émission, j’ai commencé à rencontrer des gens, à inviter des artistes et ça m’a ouvert à tout un monde de producteurs et de DJ que j’ai toujours admirés mais que je n’avais jamais rencontrés. Ç’a donc été un point tournant pour moi, car je me suis sentie beaucoup plus connectée, et ça m’a fait beaucoup de bien.

PAN M 360 : Sur l’album, comme sur tes précédents, tu fais référence à des sentiments difficiles et à de la colère, peux-tu nous en dire plus à ce sujet ? 

JL : Ça ne paraît pas beaucoup car les chansons sont surtout joyeuses et accrocheuses, avec des lignes de basse bondissantes, mais il y a une tension qu’on retrouve dans beaucoup de ma musique. Je suis toujours en train d’écrire pour essayer de me sortir d’un certain état dépressif. C’est tellement facile pour moi d’être triste et maussade ! (rires) Faire de la musique est ce qui m’aide le mieux à me sortir de cet état. J’essaie donc toujours de faire de la musique qui est à l’opposé de ce que je ressens. Je pense que c’est comme ça que j’aborde les chansons, en ayant toujours ça à l’esprit. 

PAN M 360 : Tout l’album est-il teinté par ce genre d’humeur ?

JL : Oui, je pense que mon problème est que beaucoup de choses me mettent en colère, même si je ne veux pas me mettre en colère (rires). C’est sans doute la raison pour laquelle je travaille toujours sur cette opposition dans mes chansons. Parce que je veux trouver un moyen de me défaire de ce sentiment. Ça se retrouve partout sur l’album, mais ça ne paraît pas du tout. 

Crédit photo : Milos Jacimovic

PAN M 360 : Tu collabores avec Jeremy Greenspan (Junior Boys) depuis ton tout premier disque, Pull My Hair Back (2014), comment expliques-tu cette complicité continue, qu’est-ce qui vous a rapproché ?

JL : Jeremy est la personne avec laquelle je préfère travailler. Il a réalisé mes trois albums. Mais cette fois, c’était un peu différent parce que je n’habitais plus Hamilton. J’ai donc fait l’aller-retour entre Hamilton et New York plusieurs fois au cours des deux dernières années pour cet album. Jeremy n’est pas chichiteux, il est très curieux et il aime expérimenter, tout comme moi. Donc, nous nous amusons à faire beaucoup de prises, à faire du montage. Je me demande bien ce qu’il aime chez moi ? (rires) Je pense que nous aimons tous les deux écrire des chansons, peu importe le genre. Ça peut être une chanson de Loggins & Messina ou un nouveau morceau de Don Toliver, ou encore un nouveau truc R&B. Ce que nous avons en commun, c’est notre amour pour les mélodies accrocheuses et la musique pop dans toutes ses déclinaisons. 

PAN M 360 : Tu as souvent admis avoir des doutes sur tes capacités vocales et dit que tu aimerais avoir cette grosse voix qu’ont certaines chanteuses de R&B ou de soul, est-ce pourquoi tu préfères passer ta voix, pourtant délicate et agréable, à travers toute une panoplie d’effets ?

JL : Je pense que c’est une question de personnalité. Je suis un peu éparpillée, j’ai du mal à aller droit au but, c’est dans ma nature. Même si tout va bien dans une chanson, je ne peux m’empêcher de la chambouler (rires). Et puis j’aime jouer avec les effets. C’est amusant d’expérimenter avec une nouvelle pédale ou un tas de nouveaux plugins. Oui, j’ai du mal à laisser les choses tranquilles. C’est peut-être parce que je suis impatiente ? Je ne peux pas l’expliquer autrement (rires). 

PAN M 360 : Des projets dans un futur proche, même si c’est difficile d’avoir des projets en ces temps bizarres ?

JL : J’ai fait plusieurs remixes pour des amis qui devraient sortir dans les prochains mois. Il y a quelques remixes de morceaux du nouvel album qui devraient paraître prochainement aussi. Comme je ne pars pas en tournée, je pourrais très bien travailler sur de nouvelles chansons et sortir quelque chose de nouveau très bientôt, car il n’y a pas grand-chose d’autre à faire !

Tout le contenu 360

Festival du Monde Arabe de Montréal | Fairouz Oudjida rend hommage aux Divas arabes

Festival du Monde Arabe de Montréal | Fairouz Oudjida rend hommage aux Divas arabes

Festival du Monde Arabe 2024 | Malika Zarra, ‘’le Joyau du jazz marocain’’ qui puise aussi dans le châabi, le gnawa et les traditions berbères

Festival du Monde Arabe 2024 | Malika Zarra, ‘’le Joyau du jazz marocain’’ qui puise aussi dans le châabi, le gnawa et les traditions berbères

Zach Zoya en Californie | Toujours ensoleillé à Glendale mais…

Zach Zoya en Californie | Toujours ensoleillé à Glendale mais…

Angèle Dubeau se confie sur sa retraite forcée en tant que violoniste

Angèle Dubeau se confie sur sa retraite forcée en tant que violoniste

Brown Family | Greg Beaudin nous cause du 3e album, Durags et cœurs brisés

Brown Family | Greg Beaudin nous cause du 3e album, Durags et cœurs brisés

Festival du Monde Arabe de Montréal | Création d’un opéra sur Sainte-Marine la Déguisée, cette femme du 5e siècle qui se prenait pour un moine

Festival du Monde Arabe de Montréal | Création d’un opéra sur Sainte-Marine la Déguisée, cette femme du 5e siècle qui se prenait pour un moine

Centre PHI | Lia Kuri parle et chante à propos de la Mère, de la Mère Terre, de la Mère patrie… de Motherland

Centre PHI | Lia Kuri parle et chante à propos de la Mère, de la Mère Terre, de la Mère patrie… de Motherland

We Are Wolves | Ils sont plus vieux mais… ils sont encore des loups !

We Are Wolves | Ils sont plus vieux mais… ils sont encore des loups !

Malasartes | Le métissage culturel selon Noubi

Malasartes | Le métissage culturel selon Noubi

Malasartes | Kleyn Kabaret ou comment faire renaître et actualiser le yiddish par la musique

Malasartes | Kleyn Kabaret ou comment faire renaître et actualiser le yiddish par la musique

Malasartes | Cordâme lance et joue l’album Déesses mystiques

Malasartes | Cordâme lance et joue l’album Déesses mystiques

Annie Saumier nous parle du Concours OSM 2024

Annie Saumier nous parle du Concours OSM 2024

OSL | Antoine Bareil joue le fameux Concerto pour violon de  Mendelssohn

OSL | Antoine Bareil joue le fameux Concerto pour violon de Mendelssohn

Le Vivier | Örjan Sandred et le Stenhammar Quartet réinventent l’électronique live

Le Vivier | Örjan Sandred et le Stenhammar Quartet réinventent l’électronique live

Zouz en ces Jours de cendres

Zouz en ces Jours de cendres

Le Vivier | Flashback : exploration immersive du mythe de Narcisse pour violon et électronique

Le Vivier | Flashback : exploration immersive du mythe de Narcisse pour violon et électronique

Festival du monde arabe de Montréal | Nouvelle diva internationale, déracinée de sa Palestine natale

Festival du monde arabe de Montréal | Nouvelle diva internationale, déracinée de sa Palestine natale

Festival du Monde Arabe de Montréal | Narcy et Hakawati Omar Offendum se rejoignent au présent

Festival du Monde Arabe de Montréal | Narcy et Hakawati Omar Offendum se rejoignent au présent

La 37e conférence annuelle de Folk Alliance International à Montréal

La 37e conférence annuelle de Folk Alliance International à Montréal

Oktoecho | Nouvel album, nouvelle saison de croisements avec le Grand Nord

Oktoecho | Nouvel album, nouvelle saison de croisements avec le Grand Nord

Festival du Monde Arabe de Montréal | 25 ans de rêves en couleur et puis… Méprises

Festival du Monde Arabe de Montréal | 25 ans de rêves en couleur et puis… Méprises

Quasar | Le quatuor de saxophones devient octuor : Saxoctet

Quasar | Le quatuor de saxophones devient octuor : Saxoctet

Malasartes, concerts d’automne à la Sala Rossa

Malasartes, concerts d’automne à la Sala Rossa

Albertine en cinq temps, l’opéra sur scène : Catherine Major raconte le chemin parcouru

Albertine en cinq temps, l’opéra sur scène : Catherine Major raconte le chemin parcouru

Inscrivez-vous à l'infolettre