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Les notions de rencontre, de fraternité et d’amitié font partie des éléments essentiels dans la création d’œuvres musicales de même que dans l’exécution de celles-ci. C’est donc sous le signe de l’amitié que les Violons du Roy et leur directeur musical Jonathan Cohen se produiront le jeudi 27 février au Palais Montcalm de Québec et le vendredi 28 février à la Maison symphonique de Montréal dans un concert qui réunira des œuvres de Mozart et de trois compositeurs qui l’on durablement marqué : Wilhelm Friedemann Bach, Carl Philipp Emmanuel Bach et Michael Haydn. C’est aussi le lien amical du jeune prodige de Salzbourg avec le clarinettiste Anton Stadler qui sera mis de l’avant avec une des dernières œuvres du compositeur, le Concerto pour clarinette en la majeur. Alexandre Villemaire s’est entretenu avec Jonathan Cohen pour discuter de ce concert qui, à l’image des figures musicales qu’elle réunit et de sa thématique, fera intervenir des solistes qui sont tous de grands amis des Violons du Roy.
PAN M 360 : La thématique du concert tourne autour du sentiment de l’amitié. Comment cette thématique s’est-elle présentée à vous et comment a-t-elle guidé le choix des compositeurs et des œuvres aux programmes?
Jonathan Cohen : On pourrait également parler de famille ! – deux des compositeurs sont des fils issus de la célèbre famille Bach et Michael Haydn est le frère de Joseph. Michael Haydn est un compositeur qui est largement sous-estimé. À son époque, il était très apprécié et Joseph pensait que la musique d’église de son frère était bien supérieure à la sienne. C.P.E Bach était quant à lui un compositeur très doué avec un style de composition très individualiste dont le nom est quelque peu sous-estimé aujourd’hui.
PAN M 360 : Les compositeurs qui sont présentés dans ce concert, Michael Haydn, Wilhelm Friedemann Bach, Carl Philip Emmanuel Bach sont des musiciens que Mozart tenait en haute estime. Est-ce que l’on retrouve des influences stylistiques de ces derniers dans l’œuvre de Mozart?
Jonathan Cohen : Mozart a dit « Bach est le père, nous sommes les enfants » – il faisait allusion à C.P.E Bach…. C.P.E Bach a développé un style unique et personnel appelé « style sensible » [Empfindsamkeit], car sa musique était axée sur le dramatisme des émotions. Il pensait que le rôle de la musique était d’affecter les émotions de l’auditeur, et disait lui-même « un musicien ne peut émouvoir les autres que s’il est lui-même ému ». Le style de C.P.E Bach se comprend mieux si l’on sait qu’il était le fils du très compétent J.S. Bach, dont la musique était imprégnée de profondeur intellectuelle et de dévotion religieuse.
PAN M 360 : La relation entre un compositeur et un soliste est également marquée dans le concert, notamment avec le Concerto pour clarinette de Mozart composé pour son ami et confrère franc-maçon, Anton Stadler. Comment cette relation a guidé l’écriture de ce concerto?
Jonathan Cohen : Mozart entretenait manifestement une relation joviale et amicale avec Stadler. Leur travail commun a permis de repousser les limites de la clarinette et de l’établir durablement comme un instrument régulier de l’orchestre. Mozart a donné à la clarinette de nombreux solos exceptionnels dans ses opéras, comme « Parto, ma tu ben mio » dans La Clemenza di Tito, « Voi che sapete » dans Les Noces de Figaro, « Batti, batti o bel Masetto » dans Don Giovanni, pour ne citer que quelques exemples. Il associe d’ailleurs le son de l’instrument à l’amour. Dans ce remarquable concerto pour clarinette, on a l’impression que la musique est toujours plaisante, amoureuse, pleine d’esprit et joviale. Au-delà de Mozart, les compositeurs (qui étaient eux-mêmes toujours des interprètes de leurs instruments) ont souvent collaboré étroitement avec des artistes particuliers.
PAN M 360 : On surnomme respectivement Wilhelm Friedemann et Carl Philip Emmanuel, le Bach de Hambourg et le Bach de Halle en référence aux villes où ils ont exercé leur métier. En quoi les deux frères Bach sont-ils différents dans leur approche à la musique? S’influençaient-ils mutuellement ou demeuraient-ils dans leur monde respectif?
Jonathan Cohen : Je ne sais pas dans quelle mesure ils se sont influencés l’un l’autre, bien que dans ce programme, la sinfonia de Wilhelm semble plus dans la lignée du « Sturm un Drang » [Tempête et passion] de CPE que ce qui est typique de son style. Il est clair qu’ils étaient tous deux des claviéristes exceptionnels : CPE a écrit le célèbre et influent Essai sur le véritable art de jouer des instruments à clavier et Wilhelm était un organiste et un professeur renommé. Wilhelm était le fils aîné de Bach et C.P.E était le deuxième fils aîné de Bach, nés du mariage de Johann Sebastian avec sa première femme, Maria Barbara.
PAN M 360 : La thématique de l’amitié est également présente sur la scène, notamment entre vous et les musiciens des Violons du Roy. Alors que l’ensemble célèbre ses 40 ans, vous célébrez en 2025 votre septième année comme directeur musical des Violons du Roy. Quels souvenirs avez-vous de la première fois que vous avez rencontré et dirigé l’ensemble?
Jonathan Cohen : Ma première collaboration avec Les Violons du Roy a eu lieu lors d’une tournée européenne au cours de laquelle nous avons interprété des symphonies et des concertos de Haydn avec Alexandre Tharaud. J’ai immédiatement ressenti une chaleureuse amitié musicale avec ce merveilleux ensemble québécois. Ils ont une expérience ancrée dans le répertoire baroque et classique et une véritable approche de musique de chambre de ce répertoire, ce qui me semble être l’élément le plus important de l’interprétation de cette musique. Chaque concert que nous donnons ensemble est comme une aventure ou une histoire qui prend un sens nouveau à chaque fois.
PAN M 360 : Que peut-on vous souhaiter à vous et aux musiciennes et musiciens de l’ensemble pour les prochaines années?
Jonathan Cohen : Nous pouvons être extrêmement reconnaissants de cette chance permanente de faire de la musique ensemble et j’espère que nous continuerons toujours à trouver la beauté ensemble dans la musique et entre collègues dynamiques et compétents.
Programme de l’après-midi ( Québec, jeudi, 27 février)
MICHAEL HAYDN (1737-1806)
Concerto pour alto et piano-forte en do majeur, MH 41
• Allegro moderato • Adagio
• Prestissimo
Solistes : Isaac Chalk alto
Mélisande McNabney piano-forte
CARL PHILIPP EMANUEL BACH (1714-1788)
Symphonie en mi bémol majeur, Wq. 179, H. 654
• Prestissimo • Larghetto
• Presto
WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)
Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622
• Allegro
• Adagio
• Rondo (Allegro)
Soliste : Stéphane Fontaine clarinette
Programme du soir (Québec, 27 février et Montréal, 28 février)
WILHELM FRIEDEMANN BACH (1710-1784)
Sinfonia pour cordes en fa majeur, Fk. 67
• Vivace
• Andante
• Allegro
• Menuetto I et II
MICHAEL HAYDN (1737-1806)
Concerto pour alto et piano-forte en do majeur, MH 41
• Allegro moderato • Adagio
• Prestissimo
Solistes : Isaac Chalk alto
Mélisande McNabney piano-forte
• PAUSE •
CARL PHILIPP EMANUEL BACH (1714-1788)
Symphonie en mi bémol majeur, Wq. 179, H. 654
• Prestissimo • Larghetto
• Presto
WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)
Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622
• Allegro
• Adagio
• Rondo (Allegro)
Soliste : Stéphane Fontaine clarinette