Hot Garbage : Vie d’anges

Entrevue réalisée par Patrick Baillargeon

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De tous les groupes présents au FME et à Pop Montréal cette année, Hot Garbage est probablement un de ceux qu’il faudra surveiller attentivement. Formé en 2014 autour d’Alessandro Carlevaris (guitare/voix), de sa sœur Juliana (basse/voix), de Dylan Gamble (claviers) et de Mark Henein (batterie), le groupe de Toronto propose un amalgame de krautrock groovy et de psyché sexy et accrocheur, rencontre improbable entre Black Angels, Exploded View et Wooden Shjips. Avec le tandem des voix d’Alessandro Carlevaris et de sa sœur Julianna, l’ensemble prend parfois des airs de Liminanas ou de Sonic Youth.

Suite à ses deux EP, Max Blonda en 2017 et Coco’s Paradise en 2019, Hot Garbage est rapidement devenue une des formations les plus prometteuses de la Ville Reine. Avec Ride, premier album complet du groupe à paraître le 29 octobre prochain chez Mothland, Hot Garbage se veut désormais moins planant mais plus menaçant et heavy, et peut-être un peu plus pop aussi; un disque qui pourrait bien propulser le quatuor vers de plus hautes sphères. Et avec un nom pareil, difficile de ne pas succomber au charme assassin du combo.

Alessandro et Juliana Carlevaris nous en disent plus.

PAN M 360 : Quels objectifs aviez-vous en formant le groupe, est-ce que vous cherchiez à accomplir quelque-chose de spécifique ?

Alessandro Carlevaris : On a débuté le groupe en 2014, petit à petit, sans idées réellement définies. Cela a commencé à se préciser tranquillement, à force de répéter et donner des concerts ensemble. On essayait toutes sortes de choses pour voir ce qui cadrait le plus avec nous, ce qui correspondait le plus à nos goûts, car nous avons tous des goûts différents. Il fallait juste arriver à trouver ce qui nous plaisait tous.

PAN M 360 : C’est comment de travailler avec un membre de la même famille dans un groupe ? Diriez-vous que c’est plus facile ? Vous disputez vous plus souvent ?

Alessandro Carlevaris : Je pense que c’est plus facile. Il y a des conflits dans n’importe quel projet musical, mais quand tu travailles avec quelqu’un de ta famille, c’est plus difficile de blesser l’autre car on se chamaille depuis qu’on est tout petit, on se connaît par coeur…

Juliana Carlevaris : Tu es tellement habitué à avoir des conflits et savoir comment les régler rapidement avec quelqu’un de ta famille. Tu sais comment te disputer rapidement et efficacement ! En fait, tu le sais quand les choses risquent de déraper et en général ça te permet justement d’éviter les prises de tête, alors qu’avec des gens que tu connais moins, ça prend un certain temps avant de savoir comment argumenter, négocier, faire la paix.

Alessandro Carlevaris: Ce qui aide surtout, c’est qu’on partage plus ou moins les même goûts artistiques Juliana et moi, on a beaucoup de points en commun, particulièrement en ce qui concerne la musique puisqu’on a grandit en écoutant tous les deux les mêmes choses.

PAN M 360 : Vous avez grandi dans une famille musicale ?

Alessandro Carlevaris : Notre père a été une grande influence je dois dire. Il nous faisait découvrir un tas de cool musique quand nous étions plus jeunes.

Juliana Carlevaris : Je pense qu’Alex était un peu plus dans la musique que moi. Je m’intéressais à d’autres choses et ensuite j’y revenais, alors qu’Alex a toujours été pas mal plus assidu, il répétait, écrivait des chansons… C’est quand j’ai rejoint Alex dans le groupe que je m’y suis mise plus sérieusement, j’ai appris la basse toute seule, en autodidacte…

Alessandro Carlevaris : Notre père nous a inculqué l’amour de la musique, il ne nous a jamais dit « oh vous devriez apprendre à jouer de la musique », il était plus dans le simple plaisir d’écouter de la bonne musique. Il en faisait jouer beaucoup à la maison. Une journée est toujours plus agréable avec de la musique, non?

Juliana Carlevaris : Il faisait jouer à tue tête des disques des Beatles.

Alessandro Carlevaris : Ah oui, il avait un gros système de son et il lui arrivait souvent de nous réveiller le dimanche matin avec Back in the USSR, tu sais avec le gros bruit d’avion au début ? On commençait notre journée avec ça. Donc oui, la musique est une passion qu’on partage Juliana et moi depuis longtemps.

PAN M 360 : Vous avez déjà quelques EPs à votre actif mais le 29 octobre prochain vous allez faire paraître Ride, votre premier album. Contrairement à bien des groupes qui n’ont fait que composer et enregistrer depuis la dernière année et demi, Ride n’est pas un album de la pandémie.

Juliana Carlevaris : Ce disque a été entièrement conçu avant la pandémie. Certaines des chansons remontent à 2018 et on a enregistré en janvier et février 2020, avant que tout ça nous tombe dessus.

Alessandro Carlevaris : On pourrait croire qu’il s’agit d’un album de la pandémie vu les ambiances parfois sombres et certains des thèmes qu’on aborde mais il n’en est rien. Ça commençait à aller mal en Chine quand on mixait l’album. On a juste décidé de ne pas le sortir plus tôt et d’attendre que les choses se tassent un peu. Et on souhaite qu’elles se soient tassées. Reste que durant cette dernière année et demi on a forcément écrit pas mal de chansons et là on est en train de mettre un peu tout ça en ordre et peut-être que dans six mois on sera de retour en studio !

PAN M 360 : Vous avez choisi de travailler avec Graham Walsh de Holy Fuck pour la réalisation et le mix de l’album. Sachant que Holy Fuck vient plus de l’électro-rock industriel que du krautrock ou du psyché, ce choix est plutôt intéressant. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Juliana Carlevaris : On aimait bien son travail de réalisation avec d’autres groupes (Metz, Dilly Dally, Preoccupations…), les mixes assez dingues et « dans ta face » qu’il peut faire. Et bien que les albums sur lesquels il a travaillé ou ceux de son propre groupe ne sont pas vraiment psychés, on aime ce sentiment psychédélique qu’il peut donner à un mix. Il m’a toujours semblé être un gars avec qui on pouvait travailler et quand l’occasion s’est présentée, on l’a approché.

PAN M 360 : Vous allez bientôt jouer au FME puis à Pop Montreal, ça fait combien de temps que vous n’êtes pas monté sur scène ?

Juliana Carlevaris : Hé bien justement on a joué il n’y a pas longtemps à Toronto, un petit show DIY qu’on a organisé. Mais on a dû composer avec un tas de problèmes et de difficultés. Il y a eu un gros orage, des éclairs, il pleuvait à siaux mais c’était vraiment le fun, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas joué en concert, et le public est demeuré là ! Ça faisait tellement longtemps que personne n’avait vu un « vrai » show. Ici en Ontario, c’était beaucoup plus restrictif qu’au Québec pour les concerts live devant public.

PAN M 360 : Vous semblez privilégier un fort élément visuel psychédélique dans vos clips. L’est-ce autant sur scène ?

Juliana Carlevaris : On aime quand il peut y avoir des projections, un liquid light show ou d’autres éléments visuels lors de nos concerts mais on n’a pas encore tout à fait développé cet aspect. On travaille de temps en temps avec des artistes visuels si on a la chance de se retrouver au même événement qu’eux. Quant aux chansons, elles sont pas mal toutes tirées de notre album Ride et on a vraiment hâte de les jouer ! Car comme tu le sais, on ne l’a pas vraiment fait souvent…

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PAN M 360 : Juliana, tu es très impliquée auprès de la scène indépendante torontoise, tu montes des shows depuis 2014, tu as travaillé à la programmation du festival Night Owl pendant 5 ans et tu es maintenant avec le festival River and Sky de Sudbury…Comment se porte la scène locale de Toronto et des environs ?

Juliana Carlevaris : Elle se porte plutôt bien. Depuis 2016 on a vu beaucoup de groupes se former, s’entourer d’une petite équipe et évoluer. Des amis ont démarré des petits festivals comme Crystal Lake, Hollowfest, Night Owl, ce qui a permit à la scène de se développer et de s’agrandir aussi, touchant à toutes sortes de genres musicaux. La scène de Toronto et des environs est vivante, très variée et foisonnante.

(photo: Alex Carre)

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