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Dans le contexte du Rendez-vous des musiques métissées (MUZ), le lancement de l’album Coubli, sous étiquette Nuits d’Afrique, a lieu le 10 octobre, à L’Astral. Faisons donc connaissance avec son concepteur, le batteur et chanteur Donald Dogbo.
D’origine ivoirienne, il est clairement perçu comme l’un des très bons batteurs de la scène afro-montréalaise. Or, Donald Dogbo aime aussi chanter et imaginer son propre répertoire, comme c’est d’ailleurs le cas d’un nombre croissant de batteurs, tous styles confondus.
Depuis mars 2020, le musicien travaille sur Coubli, qui signifie l’aventurier dans sa langue maternelle, le bété. Son aspiration est de développer des alliances entre les rythmes traditionnels de l’Afrique centrale, de l’Afrique de l’Ouest, du jazz et de la fusion en un style bien personnel qu’il nomme afro-jazz tradi-moderne.
PAN M 360 : Tu es musicien ivoirien, d’où proviens-tu plus précisément?
Donald Dogbo : De l’ethnie des Bétés, ma famille vient de Daloa, une ville du centre-ouest de Côte d’Ivoire à près de 400 km d’Abidjan où je suis né et où j’ai grandi.
PAN M 360 : Quand as-tu quitté la Côte d’Ivoire?
Donald Dogbo : En 2004. Je me suis alors installé au Sénégal, à Dakar. Du Sénégal, j’ai commencé à voyager un peu partout pour finalement m’installer à Montréal en 2014.
PAN M 360 : Tu faisais déjà de la musique en Côte d’Ivoire?
Donald Dogbo : Oui, j’étais entre la musique et les études en informatique. Je jouais de la percussion depuis l’enfance et je chantais également.
PAN M 360 : Tu es devenu musicien professionnel au Sénégal?
Donald Dogbo : Oui. Je suis arrivé au Sénégal pour continuer mes études et puis je rencontre des amis sénégalais qui font de la musique et qui m’ont emmené en tournée. J’ai quand même obtenu ma licence en informatique mais j’ai continué en tant que musicien professionnel jusqu’à aujourd’hui. À Montréal, je gagne ma vie en tant que musicien à temps complet, comme lorsque j’étais au Sénégal.
PAN M 360 : Avec qui tournais-tu au Sénégal?
Donald Dogbo : J’ai travaillé avec Positive Black Soul, puis avec Didier Awadi. Je tournais aussi avec Mao Otayek, un Ivoirien marié à une Sénégalaise et qui était chef d’orchestre et guitariste d’Alpha Blondy et qui a collaboré avec Salif Keita, Stevie Wonder et autres. C’étaient les plus célèbres avec qui je travaillais.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a mené à Montréal?
Donald Dogbo : En 2010, j’étais venu aux Francos avec Didier Awadi, c’est moi qui était au drum sur la scène Vidéotron. Et c’est comme ça que je suis tombé en amour avec le Québec. Nous sommes revenus en 2012 pour une petite tournée et, comme j’avais des « grands frères » qui étaient déjà basés ici, je pense à David Mobio alors musicien claviériste de Jean Leloup que j’ai rencontré et qui m’a fait revenir souvent et fait rencontrer pas mal d’artistes ici pour des contrats. Je venais alors tous les six mois jusqu’à ce que je m’installe définitivement au Québec.
PAN M 360 : Tu n’y a pas entrepris de carrière solo, cependant.
Donald Dogbo : Ma carrière solo a débuté il y a deux mois. Je suis batteur à la base, mais j’ai toujours chanté en jouant. La voix a toujours fait partie de mon école parce j’étais chanteur ténor dans une chorale. Depuis 2012, je travaille avec Elaj Diouf, Djély Tapa, Wesli, Just Oûan, Karim Diouf, Karim Dabo, Ilam etc. Et donc j’ai traîné pas mal avec des artistes de Montréal.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui te motive à mener un projet solo?
Donald Dogbo : Je voulais le faire depuis longtemps et la pandémie m’a donné finalement le temps nécessaire. Je dirais merci à la pandémie, un atout positif pour moi, côté création et aussi côté vie familiale. Je suis marié à la fille de Zab Maboungou, nous avons deux garçons. Elie Miller-Maboungou, le frère de ma conjointe et aussi excellent percussionniste, a aussi participé à mon projet.
PAN M 360 : Qui t’entoure dans ton groupe?
Donald Dogbo : Élie aux percussions, Émile Farley à la basse, Félix Leblanc et David Richpan aux claviers, Alex Francoeur aux saxes.
PAN M 360 : Du point de vue de la composition, tu qualifies ton travail d’afro-jazz. Pourquoi?
Donald Dogbo : Pour moi, la musique africaine c’est du jazz . Afro-jazz, je mets l’accent sur le jazz pour appeler un peu tout le monde, et les musiciens. Et non, ce ne sont pas les harmonies jazz dans mon travail, ce sont des grooves afro joués par des musiciens qui m’entourent et plusieurs d’entre eux sont très jazz et funk. Ainsi, nous faisons de l’afro-pop avec une touche jazz.
PAN M 360 : Tu chantes en même temps que tu joues la batterie. À l’occasion, prends-tu le micro sans jouer comme le fait Anderson.Paak ?
Donald Dogbo : Non. Je suis plus centré sur le jeu, même si j’aime le chant. Ça me tente toujours de le faire sino j’ai des invités sur scène. Dimanche, il y aura Veeby, Laetitia Zonzambé, Noel Mpiaza.
PAN M 360 : En quelles langues africaine t’exprimes-tu?
Donald Dogbo : Je ne me considère pas comme un musicien bété mais bien un musicien africain dont les ancêtres sont Mantous. Alors je chante en plusieurs langues, le lingala , le bété, le dioula, le burkina, le sango, le douala, etc. Je chante donc en plusieurs langues d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. C’est très varié, en fait.
PAN M 360 : Quels sont les styles musicaux impliqués ?
Donald Dogbo : Je fais des combinaisons de rythmes, Bikutsi (Cameroun), mbalax (Sénégal), gbégbé ou akpombo (Côte d’ivoire), etc. Je fais des mélanges qui me sont propres, je fais de la polyrythmie.
PAN M 360 : Où te situes-tu dans la musique africaine d’aujourd’hui?
Donald Dogbo : Ce qu’on fait aujourd’hui a déjà existé. On ne fait que retracer et continuer ce que nos grand-pères, nos pères et nos grands frères. Je suis très roots, je me bats pour la culture et l’émancipation des traditions. Je préfère maintenir cette tradition qui consiste à avoir sur scène des êtres humains plutôt que des machines. Aller au front en groupe, en famille, avec plusieurs nations. C’est ce que je veux poursuivre.
Donald Dogbo lance l’album Coubli à l’ASTRAL, dimanche 10 octobre, 20h