Coup de cœur francophone : Vincent Khouni, voyage solitaire

Entrevue réalisée par Marin Agnoux
Genres et styles : chanson / folk psychédélique / indie pop

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Vincent Khouni sort son premier album solo en septembre, une nouvelle escapade qui nous emporte dans ses musiques légères et enivrantes. L’indie pop de 8 :12 pm traverse de douces mélodies et des textes poétiques en anglais comme en français en nous prenant par la main pour nous en aller ailleurs. 

On le retrouvera dans ses deux projets Double Date With Death et Vincent Khouni au festival  Coup de cœur francophone le 2 et 3 novembre à Montréal. 

Sous les premières neiges montréalaises, dans un bar calme de l’avenue Mont Royal, on rencontre Vincent Khouni. Un échange simple, amical, autour d’un verre pour parler de ses différents projets, concerts et le futur dans sa musique.

PAN M 360: Salut Vincent ton nouvel album, Portraits, est sorti en mars avec Double Date With Death et ton premier album solo 8 :12pm, est sorti en septembre. Comment vas-tu depuis ?

Vincent Khouni: Et bien super content, ce n’est pas la première fois que je sors deux projets la même année mais cette fois c’est sûrement différent, c’est quelque chose de plus personnel. C’est la première fois que je pars en solo sous mon nom à moi. Je suis super content et super fier aussi et puis les deux projets se combinent relativement bien, comme là avec les Coups de Cœurs Francophone, je joue avec un projet le soir puis le lendemain je joue avec mon groupe. J’essaie juste de ne pas mélanger les deux affaires, c’est plus ça.

PAN M 360: Après trois albums avec Double Date With Death, tu t’envole en solo, c’est un peu le grand saut, est ce que ça a changé beaucoup de chose pour toi ?

Vincent Khouni: J’avais envie de quelque chose, je ne sais pas si on peut dire posé. Mais tu sais, ça fait onze ans que j’habite à Montréal, des projets de groupes j’en ai eu qui tiennent la route, qui durent comme Double Date With Death par exemple. Il y en a d’autres où ce n’est pas comme ça, ça dure un été puis c’est fini. J’exagère mais en fait, après les expériences de groupes, j’avais juste envie de faire de quoi tout seul. Je décide moi-même, je n’ai plus de compromis à faire, là il n’y en a pas. Je choisis avec qui on va travailler, qui va jouer la basse, quel morceau on va faire, il n’y a pas de discussion de groupe.

PAN M 360: En parlant de ça, tu es entouré de plein de nouveaux compères sur cet album, venant d’un peu partout, comme Emmanuel Allias et Patrick Gosselin. Comment partager la composition avec de nouvelles personnes ? Ta composition a-t-elle changé  ?

Vincent Khouni: Je pense que ça s’affine un peu.  En général dans la vie, on apprend à se connaître, plus on vieillit, plus on apprend à se connaître. Dans la musique c’est pareil. Le plus t’en fais le plus t’apprends à savoir comment tu fonctionne. Par exemple, je sais que si ce soir j’ai envie d’écrire un texte sur cette peinture (désigne un tableau au mur du restaurant), peut-être que je le ferais… mais généralement ce sera plus spontané si je veux écrire une chanson qui  n’est pas sur commande. 

Ça avant je ne le savais pas, donc c’est des « essais-erreurs ». Et même avec des artistes qui ont plus d’expérience, tu vas les voir en backstage et finalement ils doutent encore. Quand je vois ça,  ça me rassure un peu, je me dis que le doute fait partie de la création et que tu ne crées pas de la même façon quand tu commences début vingtaine que quand tu es début trentaine. 

Je ne sais pas si c’est nécessairement la maturité mais c’est plus l’expérience, et ce projet, je suis content de le faire maintenant parce que justement j’ai pu avoir toute cette expérience de groupe avant et savoir ce que je voulais vraiment faire. Et je sais que je vais continuer aussi dans cette voie.

PAN M 360: Ça fait un bout de temps qu’on te suit maintenant et la légèreté et la sensation flottante de tes musiques nous donnent ce goût de revenez-y, cette pâte que tu ne perds pas entre les projets. Comment ton univers se crée-t-il autour de tes compositions ? La création a toujours été facile pour toi ? As-tu de grandes inspirations ?

Vincent Khouni: Je pense que oui, c’est sur des inspirations j’en ai beaucoup, puis pareil ça se diversifie de plus en plus. Quand on a créé Double Date With Death, nos inspirations c’était l’avènement des Ty Seagull, Thee Oh Sees, Black Lips… On voulait faire du garage puis après ça, ce que j’aime bien, comme dans mon projet solo, je n’ai pas envie de faire la même chose deux fois. 

Lorsqu’un projet est fait, l’album suivant ne sera pas le même, peut être que ce seront les mêmes personnes  mais il y aura quelque chose de différent.

PAN M 360: Et les chansons sur lesquelles tu travailles actuellement ?

Vincent Khouni: À la base, je viens plus de la guitare et pour le prochain projet que je travaille, je suis parti du piano et des synthétiseurs. Ça nous donne un panel de textures complètement différent que lorsque que l’on part de la guitare. Donc je pense que ça évolue, que les inspirations évoluent. Puis je suis toujours proche de l’univers du cinéma, des livres, je n’ai pas de choix nécessaire comme je te disais quand une chanson me vient c’est comme, je ne dirais pas une épiphanie mais presque peut être je ne sais pas.

Et il y a des thèmes qui n’arrivent pas nécessairement par hasard, ce sont des choses qu’on vit et le but c’est de les romancer un petit peu.

Sur un des précédents albums de Double Date With Death il y a cette chanson qui s’appelle Trou Noir et en fait c’est réellement en tournée en Ontario on marchait avec des amis et là, je suis tombé dans un trou ! Et ce n’était pas un petit trou, je me suis fait super mal puis je me suis qu’il fallait qu’on écrive un morceau là-dessus et c’est le Trou Noir et souvent c’est comme ça. Chaque fois, l’univers est romancé par ce que je consomme culturellement, mais en même temps c’est surtout ce que je vis dans 8 :12 pm.  C’est ça, pousser un petit sujet mais à l’extrême, et de voir comment ça peut se transmettre en chanson.

PAN M 360: On traverse le français et l’anglais dans tes chansons, entre des titres comme La Vallée et Here Now sur 8:12pm. Alors ourquoi ce choix des deux langues ? C’est important pour toi la langue dans tes textes ?

Vincent Khouni: C’est quelque chose qui fait partie de la découverte artistique, de l’exploration. Et au début, parce que c’est ça Double Date With Death, on chantait en anglais puis il y a eu un switch, c’était un peu nouveau, tout frais. Mais parce que je me suis posé la question, même sur mon projet solo, et maintenant l’identité est quand même super importante dans la musique et la langue plus particulièrement. Après je suis pas mal de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de règle et je reste assez instinctif dans la vie. 

Donc les deux langues font partie de mon identité, c’est propre à moi puis je les aime bien, j’avais envie d’essayer les deux. En anglais je pense que c’est plus pour l’esthétique que pour le fond, on n’est jamais meilleurs que dans sa langue maternelle. Maintenant mes inspirations vont plus vers le français, et pour plus s’amuser avec les mots et aller plus profondément dans la composition je suis plus proche de ma langue maternelle. Mais tout ça, ça passe par l’acceptation de sa voix car ma voix en français n’est pas la même qu’en anglais, ça ne sonne pas pareil. Mais réussir à apprécier sa voix en français, c’est un bon déclic. La chanson préférée de mère est en angais et c’est déjà pour ça que je les garde tout de même !

PAN M 360: La culture québécoise et francophone évolue avec le temps, les styles aussi qu’est ce que ça implique pour toi ? Comment te vois-tu évoluer dans cette scène florissante ?

Vincent Khouni : Avec l’expérience des différents projets, tu fais le tri entre eux et tu sens que quand tu chantes en anglais et que tu veux penser business au Québec, c’est plus compliqué. Je ne dis pas que je pense au business, je pense vraiment d’abord à la musique et puis après le reste suit. Mais pour ce projet-là, j’ai eu des subventions et ça m’a beaucoup aidé aussi bien dans le développement des vidéos, pour faire des vinyles ou payer les musiciens et pour moi c’est super important.

Je pense que oui il y a la place pour ces projets-là puis j’ai envie d’aller de l’avant sur ce projet de Vincent Khouni de continuer à la faire. Quand t’as quelque chose à dire ou que tu penses que c’est bien et qu’artistiquement t’aimes bien ce que tu fais, après ça appartient à ton monde. Je pense alors que c’est bien de le faire. C’est un peu niais de dire ça mais c’est un peu vrai, c’est la seule trace qu’on a dans ce monde qui va rester, c’est des écrits, de la musique, ton art, tes travaux dans des journaux. Juste pour moi, mon côté égocentrique, depuis que j’ai commencé ici, ce que je veux c’est me faire plaisir à moi, et le reste c’est que du bonus. 

PAN M 360: Tu nous présentes tout ça au Coup de cœur francophone cette année, qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Pouvoir lancer un album dans ce contexte,  c’est super important, c’est super pertinent pour nous. On voulait attendre pour faire un lancement, avoir la salle qu’on voulait, le groupe qu’on voulait pour jouer. Et puis on est proche de la culture francophone ici, depuis que je suis au Québec justement je m’inspire du slang québécois pour le mettre dans les textes, je ne me considère pas comme un trompe-l’œil à utiliser des expressions qui appartiennent à d’autres, j’aime jouer avec les deux cultures. C’est une chance qu’on a d’être ici et ça fait partie d’un tout, la double culture c’est l’fun !

PAN M 360: C’est peut-être un peu difficile de parler de suite pour l’instant, mais arrives-tu à te projeter dans cette nouvelle aventure ?

Vincent Khouni: J’ai un tourneur ici qui travaille pour faire des première parties l’année prochaine. Après la question c’est:  est-ce que je veux jouer seul ? En duo ? Avec tout le groupe ? Ce n’est pas la même limonade mais c’est sûr que j’y travaille et j’aimerais beaucoup. Je pense déjà à la suite; là je travaille, j’ai déjà trois démos enregistrés, ça va me permettre de contacter les personnes avec qui je veux travailler. Le sujet est déjà pas mal choisi, ce serait plus comme un album concept, l’histoire de la rencontre entre une personne, moi ou quelqu’un d’autre, avec une entité un peu particulière.

L’album va s’appeler La Gomme Balloune parce que c’est comme quelqu’un qui rencontre un chewing-gum qui devient son ami, c’est un peu comme E.T…. Comme je suis très visuel aussi, je réfléchis à savoir si  la pochette sera une peinture, une photo… 

VINCENT KHOUNI SE PRODUIT AU COUP DE COEUR FRANCOPHONE, VENDREDI 3 NOVEMBRE, 22H, L’ESCO

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