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D’origine sénégalaise, Québécoise à part entière depuis la petite enfance, élevée en adoption par une famille de Québec-ville, Sarahmée est aujourd’hui la chanteuse/rappeuse afro-descendante la plus réputée en Amérique francophone. Depuis qu’elle s’est fait connaître du grand public avec la chanson T’as pas cru, son aura n’a cessé de s’étendre sur le territoire.
Au cas où vous ne le sauriez pas encore, ce qui est peu probable, elle est la sœur du regretté Karim Ouellet. Le CV de Sarahmée est impressionnant, quatre albums, une carrière d’animatrice de films documentaires et d’émissions de télé dont le plus cool des Galas de l’Adisq – pas celui du dimanche soir, avez-vous pigé.
Ce soir, 19h, Sarahmée se produit aux Foufs à Montréal et y défendra son tout nouvel album, Pleure pas ma Fille, sinon Maman va pleurer, mélange succinct d’afrobeats, de hip-hop, de nusoul, de house ou même de konpa. Pour ce, elle s’est cordialement prêtée à une interview téléphonique avec Martial Jean-Baptiste pour PAN M360.
Interview que voici !
PAN M 360: Bonjour Sarahmée, j’ai passé tout le weekend à écouter votre musique et franchement je suis tombé sous le charme de vos enregistrements. Vous-êtes d’ailleurs une autrice-compositrice très engagée. Comment tout ça a commencé ?
Sarahmée: J’ai grandi en écoutant beaucoup de rap français lorsque je vivais au Sénégal. À vrai dire, je suis tombée amoureuse de cette musique, de cette énergie et de la culture entourant le rap. Je pense que j’avais 10 ans, donc à la veille de mon adolescence, si tu veux, j’ai commencé à pousser un peu plus loin ma passion en enregistrant des freestyles en écoutant la radio, en écoutant des albums sur repeat, en essayant d’en comprendre les paroles. C’est une musique que j’ai beaucoup écoutée, que j’ai beaucoup étudiée aussi.
Et quand je suis revenue à Québec et y faire mon cégep, on m’a présenté tout plein de gens qui étaient déjà dans la musique en fait, beatmakers, rappeurs, ingénieurs de studio. Et j’ai commencé l’école du rap, disons, comme ça, à faire des chansons enregistrées, des maquettes à écrire, et puis de fil en aiguille, un groupe est né en 2009, on a fait un album, puis après 2010, des albums solos.
PAN M 360: Tout finira par finir (sunu), la première chanson de Pleure pas ma Fille, sinon Maman va pleurer, est-elle un hommage à ton frère ?
Sarahmée: Oui mais c’ est aussi un hommage à la culture sénégalaise et à celle d’autres pays d’Afrique de l’ Ouest. On peut faire appel à des griots, les femmes y chantent souvent et les hommes y chantent les chœurs et jouent différents instruments. En fait, les griots que j’invite célèbrent la vie de quelqu’un, une naissance, un mariage, un décès. Et donc le griot ou la griotte chante la vie de cette personne. C’est pourquoi je voulais vraiment commencer l’album comme ça, parce que j’ avais un besoin énorme d’être, de faire, de laisser une place importante à mes origines. J’avais besoin de voix féminines sur cet album et de faire aussi un hommage à ma famille et bien sûr à mon frère.
PAN M 360: Effectivement, on sent vraiment l’Afrique et le Sénégal dans tes chansons!
Sarahmée: Ben oui, c’est-ce qui est le fun! On peut y entendre une rythmique afro à laquelle on peut ajouter une texture plus pop ou plus house. Et ça va alors sonner différemment au terme d’un travail d’essais-erreurs. C’est essayer des choses ! Alors j’écoute un essai et puis non, on n’est pas encore là, on recommence et on trouve un autre son. Je veux que ça danse aussi ! J’aime le côté dynamique des chansons, j’aime les chansons douces, les ballades, mais c’est l’ énergie qui me drive dans ce que je fais. Et donc, je veux que chaque chanson ait une énergie particulière.
PAN M 360: T’arrive-t-il d’écrire des paroles ou de la musique avec des collaborateurs?
Sarahmée: Des gens qui m’ont aidée aux textes sur deux, trois chansons. Mais la plupart du temps, j’ écris seule. C’est plutôt en musique qu’on est plusieurs, donc c’est beaucoup dans la composition, dans la construction du beat, dans les arrangements. Sur la chanson Pour de l’ argent, Nyssa Sech a écrit le pré-refrain, après ça, c’est des featurings. En fait, je travaille avec des gens à l’ écriture, quand je sens qu’il est temps de faire appel à leurs compétences
PAN M 360: Y a t-il un son Sarahmée?
Sarahmée: Oui, absolument ! Avant de composer, j’ai écouté beaucoup, beaucoup, beaucoup de musique. Avant de faire cet album, j’en ai encore écouté beaucoup: afrobeats, musique latine, pop, house, etc. J’aime plusieurs styles de musique, et j’aime regarder ce qui distingue la composition d’une chanson à l’autre; les petits détails, les fignolage… je prête vraiment attention à tout ça.
PAN M 360: D’où vient ton inspiration ?
Sarahmée: Il y a, je crois, beaucoup d’inspiration divine, je ne mentirai pas. Je veux dire que tout n’arrive pas de moi, il y a des moments où ça vient vraiment d’en Haut ! Je te dirais toutefois que pour cet album, j’ai développé le truc en prenant beaucoup de notes au cours des dernières années. Je savais qu’à un moment donné, j’allais faire un autre album.
PAN M 360: Deux années d’affilée, tu as animé le Premier Gala de l’Adisq . Qu’en est-il de ton côté animatrice ?
Sarahmée: J’avais aussi animé un documentaire pour TV5, intitulé Elle. On a tourné dans 12 pays en un an, un an et demi, et donc on a tourné à l’ international . J’ai trouvé ça très exigeant, autant mentalement que physiquement, mais ce fut une expérience extraordinaire, un dream job ! Mais à travers tout ça, il fallait que je me pose, que je me repose et puis reprendre le beat d’ ici. Et puis ce fut l’été, puis l’album, puis le spectacle. Ça va vite, le temps file et on ne s’ en rend pas compte!
Je pense que ce documentaire m’a donné un énorme coup de pouce et me donne encore un coup de pouce dans tout ce qui est animation. C’était un projet très fort qui demeure très fort, et qui m’a finalement formée. Ce fut ma première réelle expérience d’animation et donc oui je fus ensuite très flattée, accueillie à bras ouverts par l ‘organisation de l’Adisq. On m’a laissé beaucoup d’ouverture et beaucoup de latitude dans ma façon de faire. J’ai été bien entourée par l’équipe qui fait ce Premier gala et le gros gala de l’Adisq depuis des années.
PAN M 360: Tu vas monter sur scène ce jeudi aux Foufs, on imagine que tu feras les chansons de ton nouvel album ?
Sarahmée: Cet album est complètement fait pour la scène et je veux que l’ expérience auditive que les gens ont eu en écoutant l’album se transforme aussi en expérience visuelle, émotionnelle, sensorielle. Je pense que ce sera un voyage dans les émotions humaines, comme on peut déjà le constater en écoutant l’ album. Je pense qu’on aura beaucoup de plaisir et qu’ on va vivre des émotions fortes tout le monde ensemble . Voilà, j’ai mis tout mon cœur dans la mise en scène et la vision de ce spectacle.