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Ce n’est pas d’hier que des musiciens québécois s’imprègnent des musiques populaires afro-américaines, notamment la soul et le funk. Denis Lepage et ses Persuaders, par exemple, tablaient sur ces sonorités il y a plus d’un demi-siècle. Un choix musical et esthétique qui n’a rien de répréhensible, pas plus hier qu’aujourd’hui. On le sait fort bien : sans emprunts ni métissages, la musique ne musiquerait pas fort. Rien d’étonnant donc qu’en 2021, un septuor de jeunots qui semblent à peine diplômés du cégep Saint-Laurent s’inspire, entre autres, de Booker T. & the M.G.’s et consorts. Il importe, par ailleurs, de ne pas circonscrire le son de Comment Debord aux seules années 1970 : on entend de la power-pop, du folk contemporain et bien d’autres trucs dans leurs chansons.
Voici donc le septuor Comment Debord qui, sur photo, a l’air d’un jam band à la Widespread Panic (avec une presque parité femmes-hommes) mais qui, dans les faits, n’étire pas trop ses pièces. Ces hardis instrumentistes s’appellent Karolane Carbonneau (guitare électrique et chant), Lisandre Bourdages (percussions et chant), Alex Guimond (chant), Étienne Dextraze-Monast (basse et chant), Willis Pride (claviers et chant), Olivier Cousineau (batterie et chant) et Rémi Gauvin (chant, guitare et piano). À peine cinq ans au compteur et ils sonnent comme s’ils jouaient ensemble depuis 30 ans. À ces qualités musicales s’ajoutent les textes de Rémi, qui n’a pas la plume dans sa poche : « Des jobbers-compositeurs comme moé – J’en connais plein – Y’en a quarante mille facile – S’a rue Beaubien. » Pan M 360 a pu s’entretenir avec lui.
Pan M 360 : Ça se passe très bien pour Comment Debord ces jours-ci, trois nominations à l’ADISQ et une prestation au 1er gala, la bourse Découverte Bell Médias, des concerts en masse dont un à Pop Montréal et un autre à Coup de cœur francophone. Avez-vous le temps d’écrire du nouveau stock?
Rémi Gauvin : Honnêtement et étonnamment, oui! Je suis sur une bonne lancée en ce moment, je viens de terminer les textes de quelques nouvelles chansons et on est sur le point de commencer les arrangements avec le reste du groupe. On est hyper occupés en ce moment, en effet, mais ce ne sont que des bonnes nouvelles, alors on se concentre sur l’énergie positive que ça nous procure.
Pan M 360 : Certains commentateurs tentent de faire entrer votre son dans la case « années 70 ». On peut bien sûr faire certains rapprochements, comme la portion disco de Papier foil qui est, au reste, une chanson pop parfaitement contemporaine. Ce n’est pas parce que vous ne mettez pas de beats trap ou deep house dans vos trucs qu’ils sonnent forcément « années 70 ». Est-ce que ça vous gosse, parfois?
Rémi Gauvin : Je ne dirais pas que ça nous dérange, parce que c’est vrai qu’une bonne part (mais pas l’entièreté) de nos influences provient des années 70… et on s’en cache pas! Avec Étienne (NDLR : Dextraze-Monast, le bassiste) particulièrement, c’est vrai qu’on se partage énormément de rock, funk, blues et disco de cette époque-là, alors ça se ressent à l’écoute de notre musique, inévitablement. Ensuite on a enregistré notre premier album en grande majorité live sur ruban magnétique, parce qu’on voulait aller chercher une énergie de gang, alors la démarche en soi peut rappeler les seventies. Ceci dit, on fait des efforts conscients pour éviter de tomber dans le pastiche et j’ose espérer qu’on y arrive.
Pan M 360 : Vos textes sont très bien écrits. On devine des lectures et de l’écoute de chansons en masse derrière ça. Nous citeriez-vous deux ou trois exemples?
Rémi Gauvin : Merci beaucoup! Stéphane Lafleur, Richard Desjardins, John Prine, Bob Dylan.
Pan M 360 : Textes bien torchés, musiques costaudes, sens aigu des harmonies et de la prosodie, ça commence à ressembler à la recette pour faire de bonnes chansons. Des collègues musiciens vous sollicitent, parfois?
Rémi Gauvin : Hélas, ce n’est pas arrivé encore, mais on a pas vraiment couru après non plus. Personnellement, j’avoue que ça fait longtemps que j’y pense et j’aimerais beaucoup beaucoup écrire pour d’autres musiciens.
Pan M 360 : Vous êtes très soudés sur scène (et en répétition et en studio aussi, sans aucun doute). Qu’est-ce qui explique cette symbiose presque surnaturelle?
Rémi Gauvin : Ce n’est pas compliqué, je crois : on joue beaucoup ensemble et on aime ça, alors on s’améliore et j’imagine que ça se sent.
Pan M 360 : Je me dis qu’une chanson soul-funk-rock comme Bay window ressemble à ce que feraient les Allman Brothers s’ils vivaient au Québec aujourd’hui. Bien sûr que la voix d’Alex n’est pas aussi rugueuse que celle de feu Greg Allman, mais elle n’a pas eu la même vie que lui et c’est tant mieux. Pour revenir à ce que je disais plus haut, la soul, le funk, le R & B, le folk et le rock ont précédé les années 70 et sont intemporels. L’enrobage peut varier au gré des modes, mais le fond reste le même. Qui plus est, Comment Debord y greffe des paroles contemporaines.
Rémi Gauvin : Ben d’accord!
Pan m 360 : Que nous réserve Comment Debord en 2022 : une tournée, un nouvel album?
Rémi Gauvin : Des dates de spectacles, c’est sûr! On commence à peine à tourner le premier album, alors on a bien l’intention de rattraper le temps perdu avec la pandémie. Côté disque, on n’est pas prêts à vous annoncer quelque chose pour le moment, malheureusement, mais on travaille fort sur de nouvelles chansons et on a déjà commencé à en tester en spectacle!
Pan M 360 : Merci Rémi et bonne continuation à Comment Debord!
Rémi Gauvin : Merci beaucoup d’avoir pris le temps de vous intéresser à nous!
Photo : Jean-François Sauvé.
Comment Debord se produira à Coup de cœur francophone le vendredi 12 novembre à 20 h au Lion d’Or, avec le duo helvète Les fils du facteur.