renseignements supplémentaires
Photos by Anna Arrobas
Depuis Première apparition, son premier album sorti en 2019 qui s’est retrouvé sur la longue liste du Polaris, la Montréalaise Laurence-Anne élargit son horizon musical à chaque parution. L’artiste originaire de Kamouraska a d’ores et déjà touché à la dream pop, au shoegaze, à l’indie francophone, à l’art rock et maintenant à un peu de dark pop ou même de darkwave. Voilà entre autres ce qu’on pourrait repérer sur Oniromancie, son prochain album à être rendu public le 15 septembre prochain sous étiquette Bonsound.
Autre vecteur important du projet discographique, Oniromancie porte sur la thématique du rêve, ou l’expérience de visions et de paysages pendant le sommeil, une grande inspiration pour le style d’écriture de Laurence-Anne. Inutile d’ajouter qu’elle présentera quelques-unes de ces nouvelles chansons lors de sa prestation au Festival Musique Emergente (FME) à Rouyn-Noranda.
Mais avant tout ça, nous avons eu l’occasion de discuter des inspirations derrière l’album à venir, de son amour pour l’expérimentation et de quelques indices pour ce qui nous attend au FME.
PAN M 360 : Le prochain album s’intitule Oniromancie. D’où vous est venue l’idée de vous plonger dans ce thème ? Êtes-vous une grande rêveuse ?
Laurence-Anne : Les rêves ont toujours été une grande source d’inspiration pour mon écriture, parmi d’autres thèmes comme la nature, l’espace, le corps. J’ai senti que ces nouvelles chansons allaient plus loin dans le sujet. Je rêve beaucoup et j’y vois souvent une signification cachée. Les rêves sont une porte d’accès à notre subconscient, et je suis vraiment étonnée de la façon dont je peux y voir si clair, en me montrant les causes de mes angoisses, de mes désirs, de mes idéaux.
PAN M 360 : Écrivez-vous vos rêves ou est-ce que vous y entendez la musique que vous créez pour vos chansons ?
Laurence-Anne : Ni l’un ni l’autre. C’est plutôt le sentiment qui s’en dégage. Je peux me souvenir de l’ambiance et des paysages d’un rêve pendant des jours. C’est là, dans mon esprit, quand il s’agit d’écrire de la musique.
PAN M 360 : Pour la chanson Flores, d’où vient le chant en espagnol ? Vous avez l’habitude d’écrire en français ou en espagnol ?
Laurence-Anne : L’espagnol me semble tellement lyrique, avec un tout nouveau niveau de sensualité. Chanter dans une autre langue, c’est comme découvrir de nouvelles tonalités dans mon instrument vocal. C’est différent. Flores est ma deuxième chanson en espagnol, après Pajaros. Il est utile de pouvoir changer de langue lorsque l’on est bloqué sur une mélodie. Pour ces deux chansons, j’avais déjà tout essayé en français, mais ça ne collait pas. L’espagnol a été la solution. Je vais probablement en écrire d’autres.
PAN M 360 : Je sais que vous pratiquez parfois l’écriture automatique lorsque vous écrivez des paroles, pouvez-vous me parler de ce processus et de son fonctionnement ?
Laurence-Anne : Tout se passe quand tu joues un nouveau riff en boucle et que tu essaies de trouver la mélodie parfaite. Je commence donc à fredonner, et parfois quelques mots surgissent. Je recommence à jouer en boucle et les paroles apparaissent sans que je doive trop y réfléchir, comme on le ferait dans un style libre de hip-hop. Après coup, je comprends ce que je viens d’écrire et cela a tellement de sens. J’ai l’impression que ce contenu provient de la même connexion avec votre subconscient que celle que vous avez lorsque vous rêvez.
PAN M 360 : D’après les trois premiers singles, il semble que vous adoptiez une approche plus sombre de la dream pop, peut-être même un peu darkwave. Est-ce un changement organique pour vous ?
Laurence-Anne : D’après mon expérience de la composition d’albums, je dirais que chaque début vous mène quelque part de différent. Dans mon cas, en fait, j’ai l’impression que chaque album est vraiment différent de l’autre, croisant des chemins similaires, mais empruntant une direction complètement différente. Mon approche de la musique a toujours été basée sur l’expérimentation. J’ai commencé à jouer de la guitare pour composer, je ne connais rien de théorique ou de technique. Ces dernières années, j’ai plongé dans l’univers des synthés, et c’est infini. L’exploration de plusieurs genres me semble organique, parce qu’elle permet de découvrir de nouvelles choses.PAN M 360 : Aviez-vous une vision musicale achevée lorsque vous avez travaillé sur la musique, ou avez-vous improvisé avec les autres musiciens ?
Laurence-Anne : Le processus derrière cet album est différent de ce que j’ai fait auparavant. Il n’y a pas eu de gros jam. J’ai commencé seule, en produisant des maquettes à distance. Puis quand j’ai eu toutes les chansons en mains, je suis allée voir mon ami musicien François Zaidan. Nous avons travaillé sur ce projet en équipe pendant environ deux ans, ce qui est le processus le plus long pour moi jusqu’à présent. François m’a aidée à construire cette vision musicale que j’avais pour Oniromancie. Nous nous voyions presque toutes les semaines, travaillant petit à petit pour trouver les sonorités les plus cool, les synthés et les lignes de basse parfaits, tout en gardant l’essence et les nombreux morceaux des démos. Lorsque nous nous sommes sentis prêts, nous sommes allés au Wild Studio à Saint-Zénon avec Pete Petelle (batterie), David Marchand (guitare/basse), Ariel Comtois (saxophone) et Rami Reno (ingénieur du son) pour compléter l’ensemble.
PAN M 360 : A quoi ressemble le live avec ce nouvel album et à quoi peut-on s’attendre au FME ? Des lumières, des costumes délirants ?
Laurence-Anne : Le truc, c’est que le lancement de l’album est à la fin du mois, (le 28 septembre à La Sala Rossa dans le cadre de POP Montréal) et je ne veux pas tout dévoiler au FME, et je veux garder des surprises pour le grand jour. Je vois le FME comme l’occasion de présenter les nouvelles chansons pour la première fois, puisque l’album ne sera pas encore sorti, sans trop de folies, afin que vous puissiez vraiment vous concentrer sur la musique, même en fermant les yeux, pour la ressentir plus profondément.
PAN M 360 : Quelle est votre relation avec le FME ? Je sais que vous y avez joué quelques fois et que vous allez y jouer encore quelques fois avec votre projet et La Securité ?
Laurence-Anne : Je participe au festival depuis quelques années maintenant, c’est toujours amusant. Il y a une ambiance spéciale à chaque concert et on quitte toujours Rouyn-Noranda avec de bonnes histoires. Pour une raison ou une autre, le festival est plus sauvage que les autres. Peut-être parce que c’est si loin, il faut en faire un grand moment, pour que cela vaille la peine de faire des heures de route.
PAN M 360 : Ressentez-vous une pression pour que cet album soit » meilleur » ou plus réussi que les deux précédents ?
Laurence-Anne : Pas vraiment. Je dirais que la notion de succès est de plus en plus floue ces dernières années, à cause des médias sociaux, la pression est plus une question d’exposition. Quoi qu’il en soit, le succès pour moi est d’être fière de ce que j’ai fait à la fin. Ce qui est le cas !