renseignements supplémentaires
PAN M 360 : Certains, à cause de la pandémie, figent, mais toi, on dirait que ça a fait le contraire ?
Barrdo : Faut dire que j’étais déjà dans le beat de faire beaucoup de chansons, l’album qui sort le 21 août a été enregistré en avril 2019, L’éternel retour est sorti en février 2019 mais j’avais déjà commencé celui-là en janvier 2019. J’ai été beaucoup inspiré par mon collègue David Bujold avec qui je joue dans Fuudge, qui lui est inspiré par la façon Ty Segall de sortir du stock de façon rapide et régulière.
PAN M 360 : Ton album à paraître (les) méandres de la soif me semble le plus ambitieux, il y a beaucoup de cordes, les arrangements sont riches, et j’avais l’impression que tu l’avais beaucoup fignolé celui-là, mais là, tu es déjà en train de travailler sur autre chose, tu n’arrêtes jamais, tu es tout le temps en train de composer ?
Barrdo : C’est un peu le rythme que j’essaye de prendre. Mais en même temps, le nouvel album a d’l’air réfléchi et ambitieux mais je pense que les étoiles se sont bien alignées parce que ça aurait pu mal virer. J’ai l’approche Beatles comme je dis, quand on enregistre en studio, je ne suis pas totalement prêt. J’ai les chansons, les structures, les accords, les mélodies mais les textes restent à mettre au point. C’est la chose qui prend beaucoup de temps à ce que ça soit parfait, que je trouve satisfaisant. Et quand on est entré en studio pour celui-là, y’a plein de chansons que le texte n’était pas là, y’en a même qui n’avaient même pas de mélodie. Y’en a qui étaient pas mal toute là, manquait juste un peu de fignolage sur les textes, mais y’en a d’autres où on enregistrait la section rythmique sans savoir ce que seraient les arrangements de cordes, ni la mélodie de voix et les textes. On a fini par faire les arrangements et tout ça s’est bien placé, et je pense que le résultat est vraiment cool, mais c’est ça. Des fois quand j’entre en studio, je mets ça comme dans « les mains de Dieu », dans le sens que j’amène les tounes et j’espère que la magie va se passer.
Enregistré au fameux studio B-12 (Klo Pelgag, Hôtesses d’Hilaire) l’album compte sur les mêmes musiciens que pour L’éternel retour, Olivier Benoit aux percussions et à la batterie, Nicolas Ferron-Geoffroy à la guitare, David Bujold à la basse, aux claviers, à la voix et plus, et bien sûr PA aux guitares, voix et tout le reste, avec en plus une section de cordes. Ils ont eu la chance de pouvoir s’immerger dans la réalisation de l’album pendant une semaine et l’expérience a donné le goût à PA de se remettre dans le même état d’esprit pour l’album qui suivra, (les) méandres de la soif, dont l’enregistrement commençait quelques jours après la réalisation de cette entrevue, cette fois au légendaire Studio Wild avec le tout aussi légendaire Pierre Rémillard à la réalisation. Et toujours avec les mêmes musiciens.
PAN M 360 : Comment ça se passe de travailler avec David Bujold, qui est aussi un leader de band, quand c’est le temps de travailler sur Barrdo ?
Barrdo : On a développé une bonne efficacité ensemble et on ne pense pas trop à nos rôles. Je contribue aussi dans Fuudge, peut-être pas autant parce que David est très autonome, mais quand on arrive à Barrdo, il comprend vraiment ce que j’ai de besoin, il arrive avec des idées, en questionne d’autres mais c’est moi qui tiens les rennes. Et il est tellement versatile, joue de la basse, du clavier, fait des back vocals super-justes, en plus d’être un réalisateur. L’avoir dans l’équipe me rend vraiment confiant d’arriver aux résultats espérés.
PAN M 360 : On a jusqu’ici eu l’impression que Barrdo était surtout un projet studio, c’est voulu ou c’est arrivé comme ça ?
Barrdo : C’est vrai que la cadence que j’ai donné au studio n’a pas laissé beaucoup de temps pour la scène et qu’on a l’impression qu’on n’a pas été trop présents. Mais avec L’éternel retour, ça a quand même changé, on a signé avec Doze Management et l’été 2019 a été quand même pas pire. On a eu 6-7 shows, des shows cools, ce n’est pas immense mais pour Barrdo, c’est quelque chose. On aurait été supposé d’avoir un été 2020 pas pire aussi si y’avait eu des shows. Mais c’est vrai qu’il y a eu plus de chansons enregistrées, d’albums aussi quasiment, qu’il y a eu de shows.
PAN M 360 : Faut dire que tu es quand même prolifique. On a l’impression que les chansons n’arrêtent pas de sortir et ce n’est jamais dans le même créneau, c’est très versatile. Est-ce que tu te donnes une ligne directrice ?
Barrdo : Non, il n’y a pas de ligne directrice, mais j’ai l’impression qu’avec le temps, elle s’est un peu créée d’elle-même. Il y a une cohérence. Je compare ça à des artistes éclectiques, Zappa par exemple, t’écoutes certains albums et y’a des trucs bizarres, mais si tu prends du recul sur l’œuvre générale, tu vois qu’il y a des trucs qui reviennent, qu’il y a une cohérence. Sur les trois albums, y’a des choses qui reviennent, la spiritualité et les questions existentielles sont très présentes, c’est une forme de cohérence. L’éclectisme est une espèce de cohérence en soi. C’est quand on met ensemble tout ce qu’on fait qu’on se rend compte qu’il y a des choses qui vont clasher, mais vu qu’on ne se donne pas de directions, c’est le résultat final que ça donne. Tout dépend des compositions au départ. Sur cet album, il y a différents styles comme la pop, de l’orchestral, du folk, et je trouve qu’on est allé un peu plus classique, des moments plus musique classique…
PAN M 360 : … et un peu de prog, qu’on sent toujours là. C’est pas du Yes, mais c’est là.
Barrdo : C’est pas du Yes, mais c’est souvent là, surtout dans les structures de chansons.
PAN M 360 : C’est tu quelque chose à quoi tu réfléchis quand tu composes, que tu te dis je ne ferai pas la même chose que j’ai déjà fait, ou tu laisses la création libre et qu’un moment donné tu as assez de chansons pour aller en studio et ça donne un album ?
Barrdo : Je ne me mets pas de barrières stylistiques, je vois les chansons comme des enfants, des graines qu’on plante et qu’on regarde germer. J’ai un mois de création totalement libre où j’enregistre mes idées, et quand j’y reviens plus tard, c’est comme des enfants qui ont développé leur personnalité, les chansons définissent leur style. Ça dépend aussi de ce que j’essaye de faire, si j’essaye d’émuler quelque chose ou quelqu’un. Sur le dernier album, il y a une chanson ou j’ai essayé de quoi dans le genre Herbie Hancock période Sextant, je voulais faire quelque chose de fusion, de plus jazz, genre Bitches Brew. C’est pas des pastiches mais c’est inspiré de. Des fois c’est Gainsbourg. C’est des influences du moment, que j’assume.
PAN M 360 : Vous avez signé pour du booking mais vous être encore indépendants pour les albums, vous avez essayé d’avoir un label ou c’est volontaire d’être indépendants ?
Barrdo : J’ai essayé quelques fois d’être sur un label mais j’arrivais tout le temps trop tard dans le processus, tout était fait et les labels me répondaient qu’ils ne savaient pas trop quoi faire avec ça, que le temps avant de sortir un album fittait pas avec ce que j’avais décidé, moi c’était prêt à sortir, mais c’était trop vite pour eux. Ça aurait surtout été pratique pour les subventions, parce qu’en tant qu’artiste indépendant, c’est dur d’aller chercher du financement. Et même ce qui existe, on ne l’a pas eu. Je paye tout de ma poche, en fait je paye pour les choix que j’ai fait pour le projet. Ce n’est pas l’idéal, mais ça aussi je l’assume.
(les) méandres de la soif de Barrdo est disponible dès le 21 août.
La version audio de cette entrevue est disponible dans la section balado.