« Balivernes » avec BLAMM

Entrevue réalisée par Varun Swarup
Genres et styles : chanson / Chansonnier / folk

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Blanche Moisan Méthé a construit sa carrière en tant que trompettiste, tubiste et chanteuse, collaborant avec un large éventail de groupes musicaux avant de s’engager sur la voie de l’auteur-compositeur-interprète. Elle se produit aujourd’hui sous le nom de BLAMM et a sorti son premier album, Balivernes, au début de l’année. Ses compositions, empreintes de beaucoup d’ironie, s’inspirent de la musique de la Nouvelle-Orléans, de la riche poésie et des traditions folkloriques du Québec, ainsi que de la sagesse urbaine qui émane de la vie dans une ville comme Montréal. Nous avons rencontré BLAMM pour parler de son histoire, de son premier album et de son prochain spectacle au Club Soda.

BLAMM ouvre le spectacle de JP  » Le Pad  » Tremblay au Club Soda le 22 décembre à 20h.

PAN M 360 : Salut BLAMM, merci encore d’être avec nous. Vous avez sorti Balivernes il y a environ six mois maintenant. Et j’imagine que c’est un moment très intéressant où se trouver. D’être à six mois après la sortie de votre album.

BLAMM : Oh, oui.

PAN M 360 : Peut-être que vous pouvez nous parler de comment ça se passe?

BLAMM : D’accord, eh bien, premièrement, ça a été un six mois vraiment trippant. J’ai beaucoup tourné cet été, un peu partout au Québec. Maintenant que la grosse saison est finie, je commence à penser à la suite. J’essaye de booker des shows et je travaille sur de nouvelles idées. Je pense que je suis prête à commencer le processus pour le deuxième album.

PAN M 360 : Oui, je suppose que vous ne pouvez pas vous reposer sur vos lauriers trop longtemps.

BLAMM : Eh bien, je vais pas m’arrêter maintenant! Partir le projet c’était vraiment beaucoup de travail, maintenant que c’est fait, le continuer ça me semble évident. C’est le fun en plus! Quand j’ai du temps libre j’écris des nouvelles tunes et je commence à penser à comment je vais m’y prendre. Maintenant que j’en ai fait un le deuxième devrait être plus facile. 

PAN M 360 : Donc, l’expérience de la sortie de votre album Balivernes était vraiment positive? Une expérience qui vous a encouragé à vouloir continuer?

BLAMM : Oui, c’est sûr. Mais maintenant que les shows de l’été sont fini il faut que je me remette à booker d’autre chose, j’applique un peu partout et je me tappe les tâches administratives, c’est pas et avec autant de concerts à venir, c’est comme, oh, je dois retourner à la corvée de réserver des concerts, d’envoyer des courriels et de postuler à des choses, ce qui n’est pas la partie la plus amusante.

PAN M 360 : Eh bien, je me demande quand vous sortez quelque chose, essayez-vous de le promouvoir comme un moyen de jouer plus de concerts, ou vice versa.

BLAMM : Oui, en gros le but c’est surtout de jouer des concerts. L’album aide à faire connaître le projet, à booker des shows, et à faire venir du monde. J’aime vraiment être en studio, mais les shows c’est ce qui me fait le plus tripper. 

PAN M 360 : Donc, vous pensez que l’artiste BLAMM prend vraiment toute son ampleur dans l’expérience live?

BLAMM : Oui, c’est là que ça prend vie, sur scène il y a comme une magie, j’aime vraiment interagir avec le public et voir les réactions. J’aime aussi le studio c’est sûr, c’est vraiment excitant d’entendre ses tunes prendre forme et de construire des sonorités. Mais dans le processus de création d’un album, la proportion de temps en studio est assez petite par rapport à tout le travail administratif. J’ai pas d’équipe ou de label alors je m’occupe de tout ça moi-même, et c’est ni ma spécialité ni mon trip.

PAN M 360 : Et peut-être pouvez-vous simplement présenter le projet de BLAMM à nos lecteurs.

BLAMM : Bien sûr. C’est un projet d’auteure-compositrice-interprète. C’est définitivement très québécois. BLAMM c’est comme un personnage assez extravagant qui parle franchement, avec pas mal d’expressions locales et de thèmes un peu inusités, souvent presque banals ou vulgaires. Il y a beaucoup de folie, des paradoxes et du sarcasme, ça devient souvent un peu absurde aussi.

PAN M 360 : Eh bien, vous le faites dans un univers sonique très intéressant aussi, vous savez, la façon dont vous choisissez de présenter ces thèmes.

BLAMM : Eh bien, j’ai fait de la musique depuis quasiment dix ans dans toutes sortes de projets, en tant qu’accompagnatrice ou interprète alors j’ai eu l’occasion de découvrir plein de styles. Tout ça ça influence ma façon de composer. Et puis, ma musique est pas mal centrée sur les cuivres.

PAN M 360 : Donc, un instrument à vent était votre premier instrument de musique?

BLAMM : Oui, c’était la trompette au secondaire. Donc, j’ai surtout été trompettiste, puis j’ai commencé le tuba et l’euphonium et après le banjo et la guit ténor. Et maintenant je suis rendue auteure-compositrice-interprète.

PAN M 360 : Pourriez-vous nous parler un peu de cette transition? Étiez-vous toujours enclin à explorer cette direction?

BLAMM : Je chante depuis longtemps, mais au début c’était pas mes chansons originales, surtout du jazz traditionnel. C’est vraiment le fun à chanter ces chansons mais en général les paroles me rejoignent pas tant que ça. 

Donc, j’ai toujours voulu écrire des chansons à moi, mais pendant longtemps il n’y a rien qui sortait. Et un jour, j’étais en Nouvelle Orléans et j’ai acheté un banjo ténor. Je pensais l’acheter pour faire un cadeau, mais j’ai commencé à jouer, j’ai vraiment aimé ça et je l’ai jamais donné.

PAN M 360 : Est-ce la guitare à quatre cordes particulière que vous jouez?

BLAMM : En fait non. J’ai commencé avec ce banjo un peu cheap et dès que j’ai pu en jouer un peu j’ai commencé à écrire des chansons. Direct. Je fais du piano depuis longtemps, mais j’avais jamais réussi à faire ça. Mais le banjo c’est un peu limité dans le style, le son est trop connoté. J’ai justement un ami luthier qui travaillait sur un modèle de guitare ténor à ce moment-là, alors je savais que c’était le moment de lui en commander une. Il m’a fait un instrument incroyable. 

PAN M 360 : Wow, c’est donc l’instrument qui est au cœur de nombreuses compositions?

BLAMM : Oui. Les premières je les écrivais au banjo, et dès que je l’ai eu j’ai switcher à la guitare

PAN M 360 : Et votre fascination pour la musique de La Nouvelle-Orléans était-elle due à votre amour des cuivres?

BLAMM : Oui, c’est vraiment une musique de cuivres. C’est festif, c’est rythmé, et tout le monde peut apprécier. J’ai beaucoup busker (jouer dans la rue) avec cette musique.

PAN M 360 : Oui. C’est intéressant d’entendre son influence sur votre travail créatif. Parce que vous prenez ce son, mais ensuite, comme vous l’avez dit, explorez ces thèmes banals absurdes.

BLAMM : Oui, il y a un gros mélange d’influences. Je m’inspire un peu de toutes les musiques où il y a des cuivres. Ça donne comme une ambiance de cirque. La musique est importante mais elle reste au service du texte alors la composition est influencée par les thèmes. 

PAN M 360 : Et donc votre album est très québécois en même temps, était-ce une grande référence pour faire cette musique?

BLAMM : Pour la musique, peut-être pas tant que ça. Il n’y a pas beaucoup de cuivres dans la musique d’ici. Et j’ai grandi en écoutant de la musique d’un peu partout, pas vraiment tellement de musique québécoise. Maintenant, j’en écoute beaucoup plus et ça m’aide à écrire. Mais en gros j’écris un peu comme je parle. 

PAN M 360 : Donc, pour vous, les paroles étaient vraiment une partie importante de cela.

BLAMM : Absolument, et je pense que c’est pour ça que ça m’a pris tant de temps avant de commencer à écrire, parce que je savais pas ce que je voulais dire et pour moi le texte sert pas juste à remplir. Si j’avais pas grand chose à dire je ferais de la musique instrumentale à la place. Alors, même si les paroles ont l’air un peu absurdes, c’est quand même des choses que je voulais dire et souvent il y a des sous-entendus. Et dans les shows les gens réagissent beaucoup aux textes, même qu’ils chantent les paroles des fois, alors c’est encourageant.

PAN M 360 : Eh bien, Si hier était demain et Vie D’ange en particulier sont vraiment puissantes ! Donc, est-ce que Blamm est un peu comme un alter ego?

BLAMM : Oui, vraiment. Je suis assez introvertie et j’ai l’impression qu’avec BLAMM je suis  plus extravagante, un peu folle ou insolente des fois. C’est un côté de moi que je garde plus pour mes proches d’habitude. J’ai l’impression que les gens me connaissent mieux quand ils ont entendu ma musique.

PAN M 360 : Donc, beaucoup de ces chansons ont commencé comme des chansons guitare-voix. Les avez-vous ensuite arrangées aussi?

BLAMM : Oui, j’ai fait les arrangements. J’ai fait des maquettes en jouant moi-même la plupart des instruments, ça aide à tester et entendre d’avance les idées. Après j’écris les partitions et ça va plus vite avec les musiciens, parce que je joue pas tout ça moi-même sur l’album.

PAN M 360 : Oh pourquoi?

BLAMM : Parce qu’on a joué en direct et j’ai engagé des musiciens vraiment bons, je joue ces instruments-là mais je connais des gens qui en jouent mieux. Et oui, en le jouant en direct, c’est sûr que je peux pas tout faire. Mais vu que je sais jouer du tuba et de l’euphonium je peux trouver des lignes qui marche bien, c’est pratique pour faire les arrangements. On a aussi arrangé beaucoup de choses tous ensemble pendant les répètes, c’est plus en band qu’on peut vraiment essayer des trucs et décider comment on joue les tunes. Mes musiciens sont bons et vraiment versatiles, ils connaissent leurs instruments mieux que moi alors ils ont souvent des bonnes idées, et je veux leur laisser des libertés. 

PAN M 360 : Je veux dire, votre groupe est très talentueux. C’est sûr.

BLAMM : Oui, j’ai un bon réseau, je suis chanceuse. 

PAN M 360 : Donc, quelle est la principale différence entre la musique en studio et la musique jouée en direct, selon vous?

BLAMM : Je fais beaucoup de shows en solo, en duo, en trio, et des fois avec le quintette. Pour le lancement de l’album on était 11 personnes. C’est sûr que les arrangements sont beaucoup plus complexes avec tout le monde, mais j’aime vraiment ça jouer en plus petites formations aussi. Je trouve que pour la musique avec des paroles, c’est mieux quand c’est plus épuré, ça fait un meilleur contact avec le public et les gens comprennent mieux le texte.

PAN M 360 : Et quel est le groupe pour votre spectacle de ce mois-ci?

BLAMM : En quintette. C’est pas mal le groupe de base, je dirais. Et ce sera un court spectacle, j’ouvre JP « Le Pad » Tremblay au Club Soda. 

PAN M 360 : D’accord, beau concert! Vous avez fait du réseautage? C’est comme ça que ça marche?

BLAMM : Ahah oui j’imagine. J’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment et ils avaient besoin d’une première partie!

PAN M 360 : Et donc, comment a été votre expérience en tant qu’artiste indépendant naviguant dans l’industrie musicale ? Eh bien, y a-t-il vraiment une industrie musicale ? Est-ce qu’il y en a une?

BLAMM : Pour moi, ça reste un mystère. Je vis de la musique depuis bientôt 10 ans et c’est très rare que j’ai eu à faire avec des bookers, et les labels ou les gérants d’artistes encore moins. Je sais pas ils sont où. Dans tous les groupes où j’ai joué, on n’avait pas le choix de faire ça nous même, sinon il se passe rien. Pendant que je préparais le lancement, j’ai un peu essayer de me trouver une équipe pour ça mais je pense qu’il y a beaucoup trop de demande et pas beaucoup de gens qui font ça. Aussi j’ai l’impression qu’ils veulent pas trop prendre de risque avec des musiques qui sortent de la norme. 

Finalement j’ai tout fait ça toute seule et j’ai quand même réussi à booker une quinzaine de concerts cet été. Je connais beaucoup de gens qui sont signés qui en font pas autant. C’est sûr que c’était pas tous des gros shows mais je pense que c’est un bon début. Anyway j’ai pas besoin de toujours jouer dans des grandes salles. J’aime les ambiances intimes et être proche des gens. C’est sûr que je dirais pas non à avoir de l’aide avec la job administrative, et il y a des gens mieux pluggés et meilleurs pour trouver des bons contrats, mais en attendant de trouver je sais que je peux me débrouiller.

PAN M 360 : Quel serait votre plus grand rêve avec cette musique ? Ou où voudriez-vous idéalement que ce projet aille ?

BLAMM : Bonne question. Je me demande beaucoup c’est quoi la prochaine étape ces temps-ci. Mais je pense que le but c’est surtout de faire des shows. Je commence à booker l’été prochain, j’applique dans des festivals et certains concours. J’ai aussi des nouvelles tunes, donc il y a un deuxième album qui prend forme, mais je sais pas quand ça va se concrétiser, je suis pas trop pressée. C’est sûr que ça serait cool de me trouver une équipe, parce que c’est vraiment beaucoup de travail de faire rouler un projet, et je joue avec d’autres bands aussi alors des fois je manque de temps pour tout faire. En même temps, il y a beaucoup d’artistes que j’admire qui font tout tout seuls et je pense que même si c’est de la job, t’as plus de contrôle sur ce que tu fais. On verra bien où ça va me mener, ce qui est sûr c’est que c’est juste le début. 

PAN M 360 : Un signe des temps, BLAMM. Nous vous souhaitons tout le meilleur avec votre musique et votre prochain spectacle. Nous attendons avec impatience le prochain album !

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