Ariane Roy : toutes les avalanches

Entrevue réalisée par Maude Bélair
Genres et styles : chanson / indie pop

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Selon le dictionnaire Larousse, le mot avalanche est un nom féminin qui peut signifier plusieurs choses. Évidemment, la première signification venant à l’esprit est une chute d’une masse de neige (ou du même coup, n’importe quelle matière) qui se détache de la montagne et dévale jusqu’au fond de la vallée. Mais pour la chanteuse et musicienne Ariane Roy, une avalanche est une grande quantité de choses qui surviennent en même temps. Que ces choses soient bonnes ou mauvaises, nul ne peut empêcher ce déversement d’émotions. 

C’est ainsi qu’AVALANCHE (n.f), premier micro album de la native de la ville de Québec, naquit. Inspiré de ses propres expériences, mais aussi celles des femmes faisant partie de sa vie, ce projet propose des thèmes personnels et intimes que toutes et tous peuvent ressentir au cours de leur vie. 

Et bien que l’expérience féminine prime, tout le monde peut certainement y trouver son compte, musicalement parlant.

Et bien que les textes partagent une certaine tristesse, la musique, elle, reste énergique et dansante.

 « J’adore le sad-dancing. J’aimerais ne faire que ça », confie la jeune artiste. Un peu à la Lykke Li, ou même Jorja Smith, Ariane Roy a réussi à raconter certaines histoires sous une intéressante perspective féminine, tout en s’assurant de rester accessible à un vaste auditoire. La forte présence de synthétiseurs, de guitares, de basse , de batterie et le groove du projet  n’encouragent certainement pas le public à rester debout les bras croisés, comme pour signifier « tant qu’à être misérable, pourquoi ne pas danser ? »

PAN M 360 la rencontre avant son prochain spectacle montréalais, prévu  le jeudi 4 novembre prochain au Ministère,  dans le cadre du festival Coup de Cœur Francophone. 

PAN M 360 : Bien que tu n’en joues plus autant aujourd’hui, ton amour pour le violon remonte de loin : après un concert de Mes Aïeux, tu as annoncé à tes parents que tu souhaitais, à ton tour, devenir musicienne. Te souviens-tu de leur réaction ? 

ARIANE ROY : Je crois qu’ils ont assez bien reçu l’annonce! Mais il est vrai que pour n’importe quel parent, ça doit être assez stressant de devoir entendre les notes aiguës d’une joueuse inexpérimentée, mais ils m’ont toujours soutenue là-dedans! En plus, mes pratiques étaient souvent à l’école, donc ce n’était pas eux qui devaient subir mes apprentissages. Je n’en joue plus du tout aujourd’hui, mais j’en garde de très bons souvenirs. 

PAN M 360 : Et c’est combien de temps après avoir réalisé que tu aimais chanter aussi ? 

ARIANE ROY : J’ai participé à une chorale lorsque j’étais au secondaire. Donc, non seulement on mettait sur pied des comédies musicales, on organisait aussi des soirées band pop, ou stage band. C’est vraiment là que j’ai été mise en contact avec ce monde. Par après, j’ai décidé d’apprendre la guitare par moi-même, écrire des petits textes à gauche et à droite… Je crois que j’étais en réaction, tu sais, comme on est à l’adolescence ? À un moment donné, j’ai décidé que le violon c’était trop vieux jeu alors, je me suis mise à découvrir autre chose.

PAN M 360 :  Adèle est la toute première chanson que tu as sortie en 2019. Étais-tu stressée de la réception ? 

ARIANE ROY : Lorsque tu travailles de chez toi, seule et concentrée sur tes propres projets, tu as le privilège de l’anonymat, du mystère. La glace n’est pas encore cassée, dans la mesure où les gens ne te connaissent pas encore, ils ne connaissent pas ta musique. C’est confortable et rester comme ça semble une bonne idée. Mais mon entourage m’encourageait vraiment à rendre ça disponible, à me mettre out there. Mais une fois que c’est fait… tu réalises que ce n’était rien, en fait. Tu ne peux plus vraiment reculer, la chanson ne t’appartient plus en quelque sorte. Pour moi, c’est à ce moment que j’ai accepté que ce n’était pas tout le monde qui allait aimer mes trucs… Mais l’important, c’est que je sois fière de moi. 

PAN M 360 :  Et peu de temps après, tu as été finaliste aux Francouvertes de 2020. Quelle leçon en as-tu tirée ? 

ARIANE ROY : J’ai vraiment apprécié mon expérience aux Francouvertes! Mais je sais que ce n’est pas tout le monde qui partage mon opinion, ça peut être chargé, une expérience comme ça ; tu es devant un jury qui te critique, qui te remets des choses à la figure que tu n’étais peut-être pas prêt.e à entendre et surtout, ça reste une compétition. Mais je crois que les concours du genre sont utiles ; cela te donne une certaine vitrine, ça te donne de l’expérience, de l’assurance aussi… Je suis très contente d’être passée par là.

PAN M 360 : C’est au cours de cette même année que tu as lancé ton premier micro album AVALANCHE (n.f). Pourquoi as-tu choisi ce titre ? 

ARIANE ROY : Une fois que les chansons ont toutes été écrites, je cherchais un titre qui allait parvenir à englober tout ça… Les thèmes de l’album sont, à mes yeux, très denses et personnels. C’est un album très personnel ; parfois, ce sont des expériences vécues. L’album parle des femmes autour de moi et de choses auxquelles elles ont dû être confrontées. Et subitement, je me suis mise à réfléchir sur la signification du mot avalanche ; une avalanche, ce n’est pas quelque chose de mauvais en soi. Oui, une avalanche peut être dense et destructive, mais on peut aussi ressentir une avalanche de joie, de fierté, d’amour. C’était donc bien important pour moi de mettre de l’avant que cet album parlait de mon point de vue en tant que femme, mais tout en restant accessible aux autres. Voilà pourquoi : AVALANCHE (n.f)

PAN M 360 : Cela a été dur pour toi de laisser les gens entrer dans ton intimité ? 

ARIANE ROY : Avec du recul et en travaillant actuellement sur un nouvel album, je trouve que… je me suis gardé une petite gêne. Je m’explique :  sur l’album, j’ai une chanson qui parle d’avortement, mais ce n’est pas tout le monde qui a capté ça. Puisque je suis restée vague et que je raconte ça comme une peine d’amour, ça m’a comme… protégée, un peu. Et le plus drôle, c’est que je n’aurais jamais dit ça il y a quelques années, mais j’ai l’impression que je me permets de partager plus, de me dévoiler davantage. 

PAN M 360 : Et en plus, AVALANCHE (n.f) est sorti en mars 2020, et donc en plein commencement du confinement total dû à la COVID-19. Étais-tu inquiète à l’idée que ton projet passerait sous le radar ? 

ARIANE ROY : Au début, je me suis dit : « j’ai tellement choisi le mauvais moment ». Mais à ce moment-là, les gens ne comprenaient tellement pas ce qui se passait, tout le monde était paniqué que ça m’a permis de relativiser. Donc, oui, il est certain que j’étais déçue. Mais après avoir mis les choses en perspective, j’étais plus inquiète des enjeux que la pandémie créait que la visibilité de mon projet. Et au final, j’ai quand même trouvé des moyens de me mettre out there quand même.

PAN M 360 : As-tu organisé un lancement en ligne ? 

ARIANE ROY : Nous n’avons malheureusement pas pu faire ça, non. Le plus drôle est qu’à un moment donné, nous avions la possibilité d’en faire un et j’ai juste refusé en me disant « rendue là, ça ne changerait pas grand-chose ».  J’ai quand même pu faire quelques shows virtuels en été et à moment donné, j’ai pu performer devant un public en temps réel et ça, c’était magique. 

PAN M 360 :  Le 4 novembre prochain, tu chanteras au Ministère en compagnie de Valence dans le cadre du festival Coup de Cœur Francophone. Que signifie pour toi participer à ce genre d’événement ? 
ARIANE ROY : Quand j’étais plus jeune, la question de la langue me tenait beaucoup à cœur – et encore aujourd’hui! – mais il est vrai que cela cache beaucoup d’enjeux. Toutefois, je mentirais si je disais que le français, pour moi, n’est pas instinctif. Mais l’important, c’est de ne pas oublier que ce n’est pas le cas pour tout le monde et qu’il faut respecter ça. Mais nous avons vraiment une panoplie d’artistes à découvrir et à surtout, être fier.e.s! Ce n’est pas gênant, la musique au Québec et il faut le dire!

Ariane Roy partage la scène Ministère avec Valence, ce jeudi 4 novembre, 20h, dans le contexte du Coup de coeur francophone

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