classique / classique moderne / période romantique

Virée classique | Le coup d’envoi au Stade olympique, plus qu’un buffet populaire

par Alain Brunet

Difficile d’imaginer meilleur dosage pour ce coup d’envoi au pied du Stade olympique, soit le plus important concert donné annuellement par l’OSM à l’amorce de sa 12e Virée classique, la quatrième sous Rafael Payare. 

Pour le très grand public, soit ces milliers de personnes qui se déplacent aux concerts classiques sans avoir à payer un rond, c’est l’occasion de se familiariser avec les évidences du répertoire et, de surcroît, se tremper les oreilles dans quelques musiques  symphoniques de facture plus moderne et (forcément) moins connue. On en déduit que les “déclarations” plus audacieuses des programmes antérieurs sous Payare ont fait place cette année à une approche plus conviviale, forcément plus sobre.

D’abord repassons les évidences heureuses.

Comme le soulignait mercredi le très sympathique animateur et comédien André Robitaille, l’ouverture Guillaume Tell rappelle aux profanes les dessins animés des Looney Tunes (Bugs Bunny, etc.)  ou encore quelques bons vieux films western où le même extrait accompagne les chevauchées dramatiques des conquérants de l’Ouest. Je me souviens d’ailleurs du même exercice offert par l’OSM à la fin des années 60, à l’occasion de mon tout premier concert inscrit dans le calendrier de mes activités parascolaires. Maestro Franz Paul Decker, alors chef principal de l’OSM, avait choisi le même extrait que tous les enfants connaissaient déjà par le truchement des cartoons dont ils étaient fans.

Les grands airs archi-connus ont été bien servis par l’excellent ténor polynésien Pene Pati, originaire des îles Samoa et éduqué musicalement en Nouvelle-Zélande. Puissance, justesse, ferveur, bonheur évident de chanter, ce ténor a tout d’une mégastar du chant lyrique. Alors vu ce programme très grand public, le soliste a repris des grands airs connus de quiconque :  « L’amour!… Ah lève-toi, soleil! » de Roméo et Juliette (Charles Gounod) « Che gelida manina » de La Bohème (Giacomo Puccini) ou même un magistral « Nessun Dorma » de Turandot (Puccini) avec quelques aspérités non désiréesdans la conclusion paroxystique de cet air fameux – fatigue physique, fort probablement.

Modernes ou romantiques, les autres évidences classiques au programme ont pour la plupart été fort bien exécutées : III. « Dialogue du vent et de la mer » de La Mer (Claude Debussy) ou la « Marche hongroise » extraite de La Damnation de Faust (Hector Berlioz).

Ajoutons à cela des œuvres moins connues du grand public, également inspirées par le thème de la nature qu’a choisi l’OSM pour la Virée classique.

De Kauyumari de la compositrice mexicaine Gabriela Ortiz, on ressent une authentique modernité latine dans la structure répétitive des motifs mélodico-harmoniques dont on assiste à la progression sur 7 minutes, le parti-pris d’un solide charpente rythmique sur lequel s’échafaude la polyphonie. Nous n’étions peut-être pas dans les meilleures conditions acoustiques pour en percevoir les subtilités mais on imagine que l’OSM pourrait rivaliser sans problème avec l’exécution du Los Angeles Philharmonic, alors dirigé par Gustavo Dudamel, compatriote vénézuélien de Rafael Payare.

De Chaleur, extrait de La symphonie du verglas du jeune compositeur québécois Maxime Goulet, on a vu que le rythme était fondé sur des motifs directement inspirés de la musique traditionnelle québécoise, marquée comme on le sait par les folklores celtes (irlandais et écossais). Ce n’est pas la première fois qu’un compositeur « sérieux » utilise ce matériau, l’exercice m’a néanmoins semblé rigoureux et fervent.

Du 4e mouvement de la Symphonie no 2, Le chant de la terre, du compositeur et activiste grec Míkis Theodorákis que l’on connaît surtout pour sa musique de film, on a retenu la colère du militant politique, son indignation pour les sévices de l’humain moderne sur son environnement naturel. L’œuvre est un champ de bataille, œuvre construite sur une trame violente et saccadée où s’exprime un soliste au piano (le jeune Godwin Friesen)  très imbriqué dans le discours orchestral.  

En somme, ce qui aurait pu être perçu sur papier comme une pizza toute garnie s’est avéré plus fluide et intégré, Au-delà des attentes, dites-vous?

crédit photo : Antoine Saito

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