C’est en salopette de neige et avec huit heures de route dans le corps que Prewn est monté sur scène jeudi soir. Du moins, une fraction du groupe, incarnée par la chanteuse et guitariste du Massachusetts, Izzy Hagerup.
Fraîchement atterrie au Pub Pit Caribou sur Rachel, elle a rapidement su instaurer une ambiance enveloppante, presque ésotérique, qui a aussitôt fait taire le bar. Face à un public vêtu de chandails fluo à l’effigie de VioleTT Pi, Hagerup a gratté sa guitare avec l’assurance d’une artiste qui n’était pas arrivée à l’arrache. Le projet étant plutôt neuf, elle a enchaîné les chansons de son premier et plus récent album Through the Window sorti à l’été 2023.
Comme un feu qui commence à prendre, elle chuchote, puis sa voix s’embrase progressivement en hurlements parfaitement maîtrisés, jamais plaintifs. Son timbre est ardent, marqué par une émotion brute qui semble l’habiter dans ses envolées psychédéliques. On ne perd pas un mot de ce qu’elle nous dit. Ses paroles sont tantôt bouleversantes, tantôt surréalistes et teintées d’humour.
Si son projet s’adapte parfaitement à une formule solo, guitare électrique et voix, sa prestation promet d’être encore plus transcendante ce samedi en full band à la Sala Rossa.
De la salopette de neige au chandail de Korn, du folk-rock à l’électro-aimant, VioleTT Pi a pris le relais. Le public s’est agglutiné au pied de la scène.
Karl Gagnon, alias VioleTT Pi et ses musiciens se sont produits sous une fluette lumière mauve, au moins c’était devant une foule gagnée d’avance. La scène du pub était mal adaptée pour accueillir un groupe : si l’obscurité convenait à Prewn, elle desservait complètement la performance de VioleTT Pi. Ce sont les aléas d’une scène éphémère de pub. Après avoir menacé l’éclairagiste absent de vandaliser sa voiture avec des pelures de concombre, VioleTT Pi a canalisé sa frustration en énergie.
Au plaisir de son public loyal, il est allé puiser dans le meilleur de sa discographie. On lui a fourni une bouteille de Chartreuse et un spot lumineux qu’il a posé au sol, insufflant une vitalité nouvelle à la prestation. VioleTT Pi termine avec un closer efficace Six Perroquets Séchés Dans Un Tiroir En Bois, où la salle scandait en chœur, à la manière d’un hymne, « Mange ma marde, mange-marde ». Il a réussi à faire brasser l’avant-scène, malgré les soucis techniques. Fidèle à lui-même, une fois de plus à la hauteur.