HAWA B, Nadia Hawa Baldé de son vrai nom, connaît une progression fulgurante qui s’accélère en 2024. À l’évidence, 5 ou 6 années passées dans l’underground montréalais lui ont été bénéfiques, nous sommes témoins de l’éclosion imminente.
PAN M 360 vous en a d’ailleurs causé l’an dernier sous la plume élogieuse de Théo Reinhardt. Rajoutons-en une couche avec cette prédiction facile : cette artiste est un diamant noir qui ne cessera de rutiler au cours des mois et années à venir.
On sait que la scène montréalais regorge désormais d’excellentes chanteuses de couleur, on pense d’abord à Magi Merlin, mais Hawa B ne donne pas sa place parmi elles. Et parmi les rares artistes au réel potentiel international, notamment parce que cette artiste ne s’en tient pas aux clichés artistiques attribués à sa couleur de peau. La présence et la prestance sur scène, l’humour singulier, l’audace, la libre pensée, l’irrévérence bien dosée, le talent vocal, l’ouverture artistique.
Invitée au Taverne Tour aux côtés de l’homme-orchestre Félix Petit (Les Louanges, Hubert Lenoir, Laurence Anne, Safia Nolin, FELP, etc.), sans compter une intervention surprise de Greg Beaudin (Dead Obies, Brown Family), elle a offert jeudi un set impressionnant à la Casa del Popolo, succédant à une performance pour le moins spectaculaire de l’artiste queer Flex – excellent chanteur, au croisement de la soul et de l’électro.
La direction artistique de Hawa B n’est peut-être pas encore tout à fait précisée, il y a encore des cordes à nouer afin que ses multiples influences se trouvent dans un discours fluide et cohérent : aux fondements R&B et hip-hop, se juxtaposent musiques mandingues, jazz contemporain, rock indé, bruitisme et aussi électro comme on pouvait le constater avec l’interprétation de Forget, premier extrait du EP Sadder but Better à paraître le 5 avril prochain sous étiquette Duprince. Pour les artistes les plus talentueux, éclectisme et cohésion ne sont aucunement contradictoires.
Et les mots ? « Forget aborde la dépendance aux émotions fortes. Quand on n’arrive plus à trouver la paix ailleurs et que l’adrénaline devient la principale source de plaisir, il peut être difficile de savoir ce qui est bon pour soi. C’est plus attrayant de vivre à fond le moment présent et plus simple d’éviter d’être confrontée à soi-même, même au détriment de sa santé mentale » , allègue-t-elle par voie de communiqué.
Émotions fortes indeed. Hawa B est une authentique bête de scène, encline à la transe des planches. Elle n’hésite pas à grimper debout sur le bar de la Casa, traîner son tabouret au milieu du parquet et le balancer dans la foule pour ensuite reprendre ses esprits… et les nôtres. Wow!
Mesdames, messieurs, et toustes les autres qui se trouvent entre les deux, on se prosterne devant Hawa B !