opéra rock

Starmania : la tentation d’exister

par Claude André

Dans sa toute dernière mouture, l’opéra-rock postmoderne hybride que Michel Berger et Luc Plamondon créèrent en 1978 trouve un souffle nouveau grâce à une relecture du livret et une époustouflante mise en scène.

À l’heure où pleuvent les bombes et que se multiplient dans le monde les attentats terroristes, un personnage façonné par la télé pourrait redevenir « président de l’univers » avec l’aide d’un magnat des réseaux sociaux, la dystopie starmanienne se vérifie plus que jamais.

Ajoutez à cela des zonards désœuvrés et violents, un peuple asservi à coup de fausses nouvelles et des marginaux nihilistes qui se posent des questions existentielles sur le sens de la vie et de l’amour non conventionnel, et vous avez tous les ingrédients qui cristallisent la société actuelle, représentée par le destin croisé de huit personnages dont sept vont mourir dans une métropole faite de gratte-ciels où les gens sont obsédés par la célébrité et la radicalité.

« Proposer une narration lisible, par-delà de la vie autonome que les chansons ont acquises en 40 ans de succès (…). Remettre à jour ce livret, certes visionnaire, mais toujours très parlant aujourd’hui en travaillant sur l’ordre des chansons, les transitions, en faisant réapparaitre un personnage disparu depuis la première version (le gourou)… »

C’est ce qu’a voulu faire le metteur en scène Thomas Joly, celui à qui l’on doit la grandiose et provocante ouverture des JO de Paris, en utilisant, notamment, une approche multimédia inspirée parfois du cinéma direct.
Pour parvenir à capturer la substantifique moelle de l’œuvre sur le plan émotionnel, avant que le succès éclatant des diverses versions ne la dilue, que ce soit pour une note ici ou un tempo-là, cette nouvelle mouture a été inspirée par la partition manuscrite du regretté Michel Bernholc, arrangeur de la version originale.

Du point de vue visuel, grâce à une machinerie ambitieuse, à des costumes flamboyants et à une architecture lumineuse à la fois captivante et sophistiquée, la plupart des chansons qui accompagnent nos vies depuis des décennies en ressortent sublimées.

La plupart? Il faut le dire, certaines pièces nous semblent plus ternes au regard du bouquet d’immortelles que contient l’œuvre et qui peuvent ralentir le rythme.

Aussi, si l’auteur old school de ces lignes cherchait parfois avec une certaine nostalgie la fougue de Balavoine dans Quand on arrive en ville, ou la posture charismatique et moqueuse de Dubois dans le fameux Blues du businessman ou encore la désespérance contagieuse de Fabienne Thibault dans Le monde est stone, il faut se rendre à l’évidence : les interprètes d’aujourd’hui tiennent largement la dragée haute et marqueront fort probablement les jeunes générations à l’image de leurs prédécesseurs, bien que nous aurions pu espérer une plus grande variété de tonalité dans le choix des voix féminines.

Malgré ce bémol et une acoustique qui fit se fracasser certaines rimes dans l’aréna qu’est originellement la Place Bell, ce spectacle généreux qui dure trois bonnes heures, dont vingt minutes d’entracte, et dans lequel se déploie une trentaine de chanteurs, danseurs et musiciens, s’avère à nos yeux l’ultime version de ce désormais cultissime opéra-rock.

Crédit Photo: Anthony Dorfmann

Publicité panam

Tout le contenu 360

Francos| Une chaleur caniculaire pour Tiken Jah Fakoly

Francos| Une chaleur caniculaire pour Tiken Jah Fakoly

Francos | L’aura rock d’Ariane Roy

Francos | L’aura rock d’Ariane Roy

Beirut – A Study of Losses

Beirut – A Study of Losses

Orchestroll – Corrosiv

Orchestroll – Corrosiv

CODE Quartet – CODE Red

CODE Quartet – CODE Red

Fragments – Delta City

Fragments – Delta City

BØL – Where Glitter Goes

BØL – Where Glitter Goes

Drainolith – Macbeth

Drainolith – Macbeth

Kent Nagano; Philharmonisches Staatsorchester Hamburg – Brahms : Symphonies nos 3 & 4

Kent Nagano; Philharmonisches Staatsorchester Hamburg – Brahms : Symphonies nos 3 & 4

Canadian Guitar Quartet – Empty Houses

Canadian Guitar Quartet – Empty Houses

Francos | Le feu dans la SAT pour Theodora, tout bientôt mégastar

Francos | Le feu dans la SAT pour Theodora, tout bientôt mégastar

Francos | Ponteix: le karkwadien errant?

Francos | Ponteix: le karkwadien errant?

Francos | Katerine, maître absolu du pipi-caca-poil-bite

Francos | Katerine, maître absolu du pipi-caca-poil-bite

Warhol Dervish – The Possibility of a New Work for String Quartet : Tim Brady – String Quartets nos. 3-5

Warhol Dervish – The Possibility of a New Work for String Quartet : Tim Brady – String Quartets nos. 3-5

Tanya Ekanayaka – 16 Sri Lankan Piano Isles

Tanya Ekanayaka – 16 Sri Lankan Piano Isles

Joshua Banks – Para Sayo

Joshua Banks – Para Sayo

AUS!Funkt – Rewire The Damage

AUS!Funkt – Rewire The Damage

IE – Reverse Earth

IE – Reverse Earth

Satosphère / Francos  | Jacques Hurtubise immersif, visuel et sonore avec Hippie Hourrah

Satosphère / Francos | Jacques Hurtubise immersif, visuel et sonore avec Hippie Hourrah

Francos | D’eux, trois décennies plus tard

Francos | D’eux, trois décennies plus tard

Francos | P’tit Belliveau, l’Acadie sans filtres dans la place… des Festivals

Francos | P’tit Belliveau, l’Acadie sans filtres dans la place… des Festivals

Suoni / Le Vivier | Guérison de Joane Hétu, lorsqu’une épreuve dramatique devient musique

Suoni / Le Vivier | Guérison de Joane Hétu, lorsqu’une épreuve dramatique devient musique

Bonobo – Lazarus

Bonobo – Lazarus

Inscrivez-vous à l'infolettre