La SMCQ présente du 3 au 5 novembre un véritable marathon pianistique. Une série de huit concerts sera présentée à la salle de concert du Conservatoire de musique et d’art dramatique de Montréal et se présente comme un rendez-vous à ne pas manquer en piano contemporain. L’équipe de PAN M 360 assiste à cet événement et vous font part de leurs impressions tout au long de ces trois jours.
Moritz Ernst débarque sur scène avec des gants coupés au milieu des doigts. On comprendra que les techniques exigées par certaines œuvres impliquent les poings, les jointures et la paume de la main, ce qui explique cette protection. Il amorce ce récital par Aqua Sonare de la compositrice Anna Korsun, Une courte phrase mélodique exécutée à la main droite se veut le liant d’une série de vrombissements et martèlements pianistiques qui font ressortir les harmoniques.
D’une rigueur implacable, le pianiste allemand poursuivait avec Philip the Wanderer de Cassandra Miller, qui s’amorce dans les notes les plus graves du clavier et des effets de pédales qui en accentuent la réverbération. Encore là, on assiste à une quête texturale et non à un discours fondé sur l’articulation mélodico-harmonique, qui se développe dans les notes graves et les harmoniques infra-graves et progresse très lentement vers des fréquences médianes effectuées à la main droite pour conclure à une sorte de bourgeonnement harmonique généré par les deux mains et qui se conclut sur des notes aiguës exécutées par la droite.
Vient ensuite hundertelf de Sarah Nemstov, une des plus intéressantes au programme, suite de clapotis pianistiques et d’effets de résonnance. Les choix harmoniques, consonants et dissonants, sont tout à fait circonspects et produisent une facture générale unique.
On enchaîne avec une création sans titre définitif du compositeur Serge Arcuri. Voilà un discours plutôt calme, exploitant tous les intervalles de l’instrument, non sans rappeler les explorations contemporaines du siècle précédent. Or, on y trouve aussi des accords consonants, des séquences tout à fait tonales.Nous avons affaire ici à une œuvre hybride puisant dans différentes périodes de la musique occidentale.
On conclut le tout par la 4e partie de Klavierstück X de feu Karlheinz Stockhausen, répartie en 11 tableaux et composée en 1961. Parfaitement représentative de cette époque « prise de tête » de la musique contemporaine, excluant à peu près tous les référents musicaux des époques antérieures de la musique européenne. Violente, percussive, authentique esclandre pianistique, cette œuvre illustre les recherches esthétiques mise de l’avant par la fameuse école de Darmstadt à la fin des années 40.