Samedi soir, au Centre PHI se tenait un concert immersif et contemplatif présenté par l’ensemble Paramirabo. Le programme s’est consacré à trois œuvres du compositeur québécois Jimmie Leblanc, lesquelles se sont enchaînées pour créer une ambiance intime. Un concert dans l’ensemble très réussi, où l’aspect visuel autant que sonore étaient au rendez-vous.
Dès l’entrée en salle, nous pouvons ressentir ce souci d’immerger le public dans l’œuvre dont parlait Jimmie Leblanc en entrevue avec PAN M 360 plus tôt cette semaine. La petite salle installée pour l’occasion au Centre PHI est certes exigüe, on est très proche de nos voisin.e.s, mais cela contribue à nous sentir connecté.e.s entre membres du public, mais également avec les artistes. En étant très littéralement assis.e.s à l’intérieur de l’installation artistique, nous avons vraiment le sentiment de participer à la performance.
La première pièce, …and the flesh was made word. a quelque chose de très joyeux, une énergie dynamique très intéressante. On y ressent une certaine anticipation, comme si quelque chose se préparait, comme si on assistait à la création de quelque chose de nouveau. Cette œuvre est rythmique, guidée par une même note répétée avec une régularité implacable au piano. À cette unique note s’ajoutent des accords plus ou moins dissonants par-dessus. La pièce suivante, Clamors of Being, s’enchaîne presque imperceptiblement : un changement d’éclairage et un changement de la note répétée au piano sont les seuls moyens de comprendre que nous sommes dans la deuxième partie du concert.
On comprend la parenté entre les deux œuvres, où la deuxième vient compléter la première. Ici, les lignes mélodiques sont plus dynamiques, avec des arpèges rapides qui se partagent entre le piano et les instruments à vent. Il y a une grande légèreté, une belle délicatesse à cette œuvre. On se sent flotter, et on est guidé par les mélodies en volutes. Ces deux premières œuvres ont comme trait commun cette note répétée sans relâche, qui agit comme point d’ancrage et de repère, sur laquelle toute la partition peut se construire.
La transition avec la pièce-titre, Ice, n’est malheureusement pas sans embûches. On croit comprendre un problème technique, où les techniciens se déplacent rapidement dans la salle et sur scène. Malgré cela, on tente de garder le public dans cette atmosphère contemplative et immersive qui avait si bien été installée. La pianiste Palema Reimer et la percussionniste Krystina Marcoux continuent de créer une légère ambiance sonore, pour éviter de créer une césure dans l’enchaînement du programme et tout de même animer ce moment de transition, de flottement.
Le programme reprend sous la direction de Cristian Gort pour la pièce Ice, née d’une collaboration entre Jimmie Leblanc, l’artiste Fareena Chanda et le physicien Stephen Morris. Le public est assis à l’intérieur de trois rideaux de tissus métallique, sur lesquels sont projetés le travail de Fareena Chanda, pendant que l’ensemble Paramirabo évoque musicalement la formation de la glace. Dans cette œuvre également, le piano est mis de l’avant avec une magnifique partition, très mélodique. La pièce est ponctuée ici et là d’accords remplis de frictions et de dissonances. L’ambiance est paisible, contemplative, et réellement immersive. Comme tout au long de la soirée, le jeu des interprètes est précis et exact, en parfaite cohésion. Le pari de l’immersion a été remporté.
Il sera possible de faire l’expérience de l’installation le dimanche 10 mars au Centre PHI entre 12h30 et 17h30, et cela gratuitement.
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