classique

Rentrée réussie à l’OSM

par Alexis Desrosiers-Michaud

L’Orchestre symphonique de Montréal jouait cette semaine en guise d’ouverture de sa 91e saison les rares et impressionnants Gurrelieder d’Arnold Schoenberg, à l’occasion du 150e anniversaire de disparition de ce dernier.

Cette œuvre est rare et impressionnante en raison du nombre d’artistes requis; un orchestre très élargi (on comptait vendredi, à titre d’exemple 7 trombones et 14 contrebasses), 6 solistes et un immense chœur; soit environ 300 à 350 exécutants pour une durée d’environ 1h45 minutes.

Les Gurrelieder (prononcer Gourrelider) est l’une des dernières pages que Schoenberg composera avant la cassure qu’il provoquera trois ans plus tard avec l’atonalité. À titre d’information, en 1913 avec Pierrot Lunaire, il se défait du système sur lequel tous les compositeurs écrivent depuis Bach, pour traiter les sons séparément et non selon la notion de gamme, ou de tonalité. Pour situer le lecteur, les Gurrelieder sont à mi-chemin entre l’esthétique de Richard Wagner pour les mélodies et les thèmes et celle de Richard Strauss pour l’orchestration. Le texte des poèmes provient du danois Jans Peter Jacobsen qui raconte l’histoire du roi Waldemar tombé amoureux de Tove. Jalouse, sa promise Colombe Waldemar, cause la mort de Tove. Furieux, le roi se choque contre Dieu à qui il en veut d’avoir fait en sorte que cet événement ait lieu. Puis, le roi soulève une armée des morts qui, le temps d’une nuit, sèmera terreur et destruction.

La première chose que l’on remarque est la capacité incroyable d’accompagnement de Rafael Payare. Constamment attentif, il réussit à faire en sorte que l’immense orchestre suive avec grande précision la ligne mélodique chantée par les solistes. Avec un effectif pareil, il est normal que ceux-ci soient enterrés par-ci par-là, mais c’est lors des moments purement instrumentaux que l’on constate à quel point les musiciens faisaient preuve de retenue et d’écoute. Voyant cela, nous avons déjà hâte aux versions concert des opéras de Mozart qu’il dirigera plus tard cette saison.

En parlant des solistes, deux ressortent du lot; Clay Hilley (ténor, Waldemar) et Karen Cargill (alto, Colombe). Le premier excelle avec des lignes mélodiques claires et une présence scénique convaincante, et la deuxième est carrément terrifiante dans l’annonce de la mort de Tove, à la fin de la première partie. Lentement, mais sûrement, son unique intervention a brillamment mené vers un tragique accord de si bémol mineur chez les trombones. Sa voix profonde était si touchante qu’il nous est impossible de mesurer la durée de ce lied tellement nous étions emportés. Mention honorable à Ben Heppner (narrateur); celui dont on entendait le plus, et de loin, au-dessus de l’orchestre.

Après plus d’une heure de musique, le chœur entre scène et malgré la distance qui nous sépare, nous avons été surpris par le premier « Holà » des hommes, puissant. Dans un allemand net et une justesse chirurgicale, ceux-ci nous ont offert un autre moment sublime lorsqu’accompagnés par quelques musiciens (bois et trombones). Symbolisant l’armée de morts, le chœur d’hommes avec les cuivres graves nous apporte un rare et long moment de calme. Ce genre de passage à découvert est dangereux alors que la masse sonore est dense depuis longtemps; ce fut maitrisé.

Ce concert aurait été excellent sans, mais on a jugé intéressant d’y ajouter un jeu d’éclairage; une cerise sur le sundae. Cet ajout plongeait le spectateur dans l’esprit de l’histoire et l’aidait à suivre le cours du récit. Selon le caractère et les émotions, les lumières de fond de scène changeaient subtilement ou drastiquement, sans jamais attirer notre regard subitement. Exception parfaitement justifiée que la fin de l’œuvre, où au moment du lever du soleil, c’est la salle au grand complet qui s’illuminait dans cette apothéose d’une majestuosité sans égal.

crédit photo: Antoine Saito

Publicité panam

Tout le contenu 360

Jeremy Dutcher, un 2e Polaris… ce qui en dit long sur le Prix.

Jeremy Dutcher, un 2e Polaris… ce qui en dit long sur le Prix.

Jazz émergent: un concours provincial à l’Université Laval

Jazz émergent: un concours provincial à l’Université Laval

Jordi Savall construit autour de Monteverdi

Jordi Savall construit autour de Monteverdi

Denman Maroney Quintet – The Air-Conditioned Nightmare

Denman Maroney Quintet – The Air-Conditioned Nightmare

Walter Braunfels – Jeanne d’Arc

Walter Braunfels – Jeanne d’Arc

De la mer aux nuages: Les confluents artistiques de Stéphanie Pothier

De la mer aux nuages: Les confluents artistiques de Stéphanie Pothier

Magnus Lindberg – Viola Concerto / Absence / Serenades

Magnus Lindberg – Viola Concerto / Absence / Serenades

Jon Hopkins – Ritual

Jon Hopkins – Ritual

Kristina Warren – Three Rivulets

Kristina Warren – Three Rivulets

Rentrée réussie à l’OSM

Rentrée réussie à l’OSM

Ramon Chicharron- Niebla

Ramon Chicharron- Niebla

Orchestre FILMharmonique, Francis Choinière/Artistes variés – François Dompierre : Requiem

Orchestre FILMharmonique, Francis Choinière/Artistes variés – François Dompierre : Requiem

Marie Goudy’s Paloma Sky – Hold On To Me

Marie Goudy’s Paloma Sky – Hold On To Me

AFJP – The Shorter Way

AFJP – The Shorter Way

Arion Orchestre Baroque, Mathieu Lussier/Mélisande McNabney/Magali Simard-Galdès/Nicholas Scott – Rigel : Le souffle de la Révolution

Arion Orchestre Baroque, Mathieu Lussier/Mélisande McNabney/Magali Simard-Galdès/Nicholas Scott – Rigel : Le souffle de la Révolution

D.D. Jackson – Poetry Project

D.D. Jackson – Poetry Project

59e saison: aurores boréales dans le prisme de la SMCQ

59e saison: aurores boréales dans le prisme de la SMCQ

Perotá Chingó – TÁ

Perotá Chingó – TÁ

Stéphane Lafleur,  Avec pas d’casque, Cardinal: un cycle flambant neuf

Stéphane Lafleur, Avec pas d’casque, Cardinal: un cycle flambant neuf

Journées brésiliennes | La Saudade selon Erivan GD

Journées brésiliennes | La Saudade selon Erivan GD

Journées brésiliennes | Bianca Rocha : Beaucoup de chaleur dans la froidure !

Journées brésiliennes | Bianca Rocha : Beaucoup de chaleur dans la froidure !

PALOMOSA | BADNADNOTGOOD, bon bon pas vilain !

PALOMOSA | BADNADNOTGOOD, bon bon pas vilain !

Palomosa | Nick Leon, un bon coup d’électro latine

Palomosa | Nick Leon, un bon coup d’électro latine

Inscrivez-vous à l'infolettre