La thématique de la rencontre rythmait le premier concert de la saison 2024-2025 de l’Orchestre symphonique de Laval qui s’est donné le 30 octobre.
Le rendez-vous annoncé en tête d’affiche était celui entre Antoine Bareil, violon solo de l’OSL et le magistral Concerto pour violon no 2 en mi mineur de Felix Mendelssohn. Mais, de manière plus large, ce qui s’est dessiné tout au long de la soirée était des rencontres : la rencontre entre la sœur et le frère Mendelssohn, la rencontre entre le chef invité Adam Johnson et l’orchestre, des rencontres au grès de promenades entre différents tableaux musicaux, mais surtout une rencontre entre l’orchestre et son public. Un public fidèle et au rendez-vous qui s’était déplacé en grand nombre pour remplir la quasi-totalité de la Salle André-Mathieu. Un peu plus de 500 personnes, nous a-t-on dit.
Programmer en première partie les deux enfants prodiges de la famille Mendelssohn a donné l’occasion à Adam Johnson – dont les interventions pour présenter chacune des œuvres de la soirée étaient pertinentes – de mettre de l’avant le talent certain de Fanny et de Félix, lié par le sang, mais séparé par les conventions de leur époque. Le concert a commencé avec l’Ouverture en do majeur de Fanny Hensel Mendelssohn. Œuvre rarement interprétée et seule pièce pour orchestre de la compositrice, elle présente une structure conventionnelle et une écriture claire et riche en vitalité divisées en trois parties : une introduction au caractère noble soutenu par une basse de vents au-dessus de laquelle les cordes tissent de délicats motifs ; une deuxième section plus animée où une interaction entre deux thèmes contrastants se dessine entre les bois et les cordes et une finale festive et claironnante. Dans chacun de ces passages, le chef Johnson amène les changements de dynamiques et de textures avec fluidité et précision. Les bois étaient particulièrement solides en complémentarité avec les lignes virtuoses des cordes de la partie rapide.
Le Concerto pour violon no 2 de Felix Mendelssohn, un des plus connus et importants du répertoire, nous plonge dans un tout autre caractère, entre drame et lyrisme. Antoine Bareil, premier violon de l’orchestre, en était à sa première interprétation de l’œuvre et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a relevé le défi avec brio. Dès l’énonciation du thème appassionato, du premier mouvement, Bareil donne le ton avec une entrée en matière énergique et incarnée. Dans la cadence, le soliste fait chanter son instrument et met en valeur l’étendue de celui-ci. Il effectue un véritable travail d’orfèvre, sculptant chaque son de manière méticuleuse avec une précision d’attaque et une grande agilité. Le deuxième mouvement, enchaîné attacca, offre un thème lyrique et langoureux dans lequel Johsnon met en valeur le timbre de l’orchestre tout en laissant l’espace nécessaire à Antoine Bareil pour déployer son jeu. La communication était visible et symbiotique entre les deux comparses, malgré certains moments où l’on avait l’impression que le tempo pressait un peu. Se concluant par un troisième mouvement aux traits virtuoses teintés d’un vernis presque humoristique, cette performance a été captivante et a maintenu le public en haleine jusqu’à la dernière note.
La deuxième partie de la soirée présentait les Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski, œuvre composée à l’origine pour le piano, mais fréquemment interprétée par des grands ensembles avec l’orchestration de Maurice Ravel. Typique de la musique à programme, l’œuvre présente une succession de pièces inspirées de différentes peintures où des interludes musicaux (promenades) servent de liant entre les tableaux. Contrairement à des interprétations qui font jouer le thème de la « Promenade » de manière très liée, notamment lorsqu’il est repris par les cordes, Adam Johnson conserve le caractère de marche instauré par les cuivres dans cette section, ce qui accentue le caractère de déambulation entre les différents tableaux. Ceux-ci ont par ailleurs tous été exécutés avec un engagement et une précision dynamique qui faisait ressortir toute la richesse de l’orchestration. Mentionnons pour en nommer quelques, Gnomus, avec son caractère insolite, Il vecchio castello, où le duo entre le saxophone alto (Ludovik Hinse-Lesage) et le basson (Michel Bettez) était d’un grand lyrisme, Bydlo avec ses grondements de contrebasses et de violoncelles qui encadrent le grognement de l’euphonium (Sébastien Côté) et la Grande porte de Kiev qui a conclu l’œuvre dans une marche majestueuse et triomphale.
En grande forme, l’Orchestre symphonique de Laval a fait forte impression pour cette ouverture de saison. L’énergie, la vigueur et la musicalité qui ont enveloppé la Salle André-Mathieu annoncent de belles choses pour la suite de celle-ci.
crédit photos: Gabriel Fournier