En tant qu’homme blanc, cis et assez hétérosexuel, j’ai tout de suite l’impression que la sensation rap Doechii, née à Tampa, n’est pas vraiment « pour » moi, ce que prouve immédiatement l’éruption d’applaudissements lorsqu’elle crie Where my lesbians at ? au micro. Mais après avoir vu pour la première fois cette rappeuse plus grande que nature et à l’articulation mortelle, je peux aussi dire que, public cible ou non, tout le monde peut se rallier à la puissance brute que Doechii a à offrir.
La hype commence bien avant son concert, alors qu’une équipe de 20 personnes met en place une scène naturelle massive et luxuriante sur la scène. Et lorsqu’elle arrive enfin sur la plateforme surélevée et herbeuse de la scène centrale, c’est comme si la reine des marais elle-même était apparue pour nous évaluer. Il est presque impossible d’entendre la première chanson par-dessus les milliers de cris qui nous entourent, mais son énergie est indéniable. Elle se déplace avec poids et autorité, imposant le respect et ne faisant pas de prisonniers alors qu’elle lance des paroles à toute allure et des crochets percutants.
Malgré sa bravade redoutable, Doechii ne semble pas déconnectée. En fait, elle a pris une pause pour nous expliquer que c’était la première fois qu’elle venait au Canada et qu’elle ne savait vraiment pas qu’il y avait autant d’amour pour elle dans le Grand Nord Blanc – une déclaration qui a reçu un autre rugissement assourdissant de la part de la foule. Après ce moment de gratitude authentique, elle a repris le micro, sa voix étant mille fois plus énergique et puissante que sur ses enregistrements, comme si elle avait un point à prouver à chaque ligne.
Doechii était également soutenu par DJ Miss Milan, qui s’est avérée être bien au-dessus de son rôle lorsqu’il s’est agi d’apporter de l’énergie, de la hype, et même des paroles à une grande partie du set. Entre ce duo incroyablement synchronisé, l’habillage d’un autre monde et l’allure sans compromis de Doechii elle-même, c’est un mystère que ce spectacle sensationnel ne se soit pas retrouvé sur la scène principale.
Photos courtesy of Osheaga/ Benoit Rousseau

