classique moderne

OCM : Bernstein et ses ‘’side stories’’ à l’honneur

par Frédéric Cardin

L’Orchestre classique de Montréal donnait un concert bénéfice sous les auspices de la musique de Leonard Bernstein, le samedi 3 mai 2025. En vedette, la soprano Sharon Azrieli, la mezzo Julie Nesrallah, le baryton James Westman et le violon solo de l’orchestre, Mark Djokic. Rappelons que l’argent amassé permettra d’offrir un accès à des concerts classiques aux nouveaux arrivants, aux personnes âgées en milieu de santé et à d’autres groupes qui ne bénéficient pas des mêmes opportunités que la population en général. 

Audace? Témérité? Intégrité artistique? Ce sont des œuvres austères’’, dans le panthéon bernsteinien, qui ont dominé la soirée (Arias and Barcarolles, et la Serenade (selon le banquet de Platon)). À peine deux extraits de West Side Story (le Mambo et Somewhere, placés aux deux extrémités du concert) et un air de Candide, même pas celui auquel nous sommes habitués (Glitter and be gay) mais plutôt I am so easily assimilated, qui mérite pleinement d’être entendu lui aussi. 

Si le Candide était réussi avec la soprano Sharon Azrieli en forme aguicheuse, le Mambo a souffert de décalages rythmiques (un péché mortel dans ce genre de musique) et Somewhere n’était pas plus que correct, avec les trois solistes vocaux et l’orchestre. Une fois ces bémols appuyés mentionnés, cela dit, je suis heureux de dire que le corpus central du concert était, lui, extrêmement réussi, voire splendide. 

Arias and Barcarolles est la dernière œuvre majeure de Bernstein (1988, un an avant sa mort). C’est un cycle de neuf mélodies qui forment un tout narrativement cohérent, tel un mini opéra, pour mezzo-soprano, baryton et orchestre. En moins de trente minutes, sont évoqués les aléas d’une vie de couple, des débuts à l’âge avancé, avec des réflexions sur l’amour, la vie, etc. L’écriture resserrée laisse tout de même transparaître une large panoplie de styles musicaux, tels le jazz, le blues et l’atonalisme moderne. Contrairement à Mass, par contre, point de collisions frontales, et même déboussolantes, entre les genres cités. Plutôt une grande maturité dans l’organisation des oppositions et de l’éclectisme. Une œuvre qui mérite d’être bien plus vastement entendue. 

Les solistes, Nesrallah et Westman, étaient en très bonne forme, surtout la mezzo, criante d’authenticité et de justesse dans le jeu scénique offert (et dans les limites de ce que pouvait permettre la situation). Je n’avais jamais vu cette dame, également animatrice à la CBC, sur scène auparavant. Je voudrais la revoir dans une véritable mise en scène opératique. La partition d’orchestre est, soulignons-le, redoutable. Chacun est à nu, les rythmes s’entrecroisent, les jaillissements de notes sont d’une précision imparable, et tout doit être mené avec un doigté et une fermeté technique impeccable. La cheffe Mélanie Léonard, discrète mais fiable, a relevé le défi, avec les musiciens.

L’autre gros morceau était la Serenade, un concerto pour violon qui ne dit pas son nom. Bien que mieux connue que la précédente, cette œuvre reste relativement exigeante pour un public profane qui retient du maestro états-unien ses comédies musicales et sa direction mémorable des grands chefs-d’œuvre symphoniques. 

Le violon solo de l’Orchestre, Mark Djokic, a offert une prestation remarquable, avec un timbre d’instrument lumineux et scintillant, et une incarnation émotionnelle très convaincante. Pour un ‘’petit’’ orchestre comme l’OCM, la présence d’un soliste du calibre de Djokic est une véritable aubaine. On leur souhaite d’en profiter pleinement et très longtemps. Encore une fois, l’orchestre que Bernstein ne laisse pas souvent se reposer, a été à la hauteur de l’occasion, sous la baguette assurée de Mme Léonard. 

Votre humble serviteur n’avait pas accès au coquetèles et aux petits fours qui venaient avec les billets plus dispendieux (et plus utiles à la mission), mais on peut être assurés que messieurs dames Nesrallah, Westman, Djokic et Léonard (et tous les autres musiciens) ont dû recevoir des accolades bien méritées à leur arrivée parmi les convives après le concert (nonobstant les quelques bémols mentionnés en début d’article). 

Tout le contenu 360

L’OSM et Abel Selaocoe : De ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps

L’OSM et Abel Selaocoe : De ces soirées où l’on aimerait suspendre le temps

Atteindre le ciel : le défi de Francis Choinière pour finir la 10e saison de son OPCM

Atteindre le ciel : le défi de Francis Choinière pour finir la 10e saison de son OPCM

Piknic 3 : Un peu de tout (everything) sous un ciel variable

Piknic 3 : Un peu de tout (everything) sous un ciel variable

Cazzu – Latinaje

Cazzu – Latinaje

Stereolab – Instant Holograms On Metal Film

Stereolab – Instant Holograms On Metal Film

SMCQ | In memoriam Jocelyn Morlock

SMCQ | In memoriam Jocelyn Morlock

Abbey Road, un concerto de Guy Braunstein au Festival Classica

Abbey Road, un concerto de Guy Braunstein au Festival Classica

Mira Choquette – Hier encore

Mira Choquette – Hier encore

Jared Dunn; Anna Gorecka – Gorecki’s World of the Piano

Jared Dunn; Anna Gorecka – Gorecki’s World of the Piano

Cyrille Dubois; Tristan Raës – Dupont : The Complete Songs

Cyrille Dubois; Tristan Raës – Dupont : The Complete Songs

billy woods – GOLLIWOG

billy woods – GOLLIWOG

Model/Actriz – Pirouette

Model/Actriz – Pirouette

Festival des saveurs | Une 4ème édition aux saveurs sociales

Festival des saveurs | Une 4ème édition aux saveurs sociales

Nic Ferron Trio – Multiverse

Nic Ferron Trio – Multiverse

Hayti Lives de Vox Sambou, « devoir de refléter son époque »

Hayti Lives de Vox Sambou, « devoir de refléter son époque »

OSL | Feher et Chang mènent une soirée de découvertes engageante

OSL | Feher et Chang mènent une soirée de découvertes engageante

MIKE & Tony Seltzer – Pinball II

MIKE & Tony Seltzer – Pinball II

TVOD – Party Time

TVOD – Party Time

Plafonds mystiques et architectes soniques : deuxième soirée d’Exposé Noir avec Helena Hauff, Wata Igarashi & Polygonia

Plafonds mystiques et architectes soniques : deuxième soirée d’Exposé Noir avec Helena Hauff, Wata Igarashi & Polygonia

Frangin et frangine d’Arménie aux sources de la grande musique et de leurs racines culturelles

Frangin et frangine d’Arménie aux sources de la grande musique et de leurs racines culturelles

10 ans, ça se fête avec Mahler pour Francis Choinière et son OPCM

10 ans, ça se fête avec Mahler pour Francis Choinière et son OPCM

L’espace est une tête d’affiche : l’histoire d’Exposé Noir

L’espace est une tête d’affiche : l’histoire d’Exposé Noir

Velvet Fog & Hard Techno : Une nuit à Exposé Noir avec Yazzus, Tiga et DJ Tool

Velvet Fog & Hard Techno : Une nuit à Exposé Noir avec Yazzus, Tiga et DJ Tool

JACK Quartet | Escape Rites

JACK Quartet | Escape Rites

Inscrivez-vous à l'infolettre