Assister à un concert de Kode9 en août 2024, c’est poursuivre l’expérience de l’électro avec un maître créateur et un maître à penser.
De son vrai nom Steve Goodman, cet artiste londonien originaire de Glasgow crée des formes et des idées depuis une trentaine d’années. Docteur en philosophie, l’Écossais a publié l’essai Sonic Warfare: Sound, Affect, and the Ecology of fear. Or, sa production artistique est mieux connue, puisqu’il a fondé naguère l’excellent label Hyperdub et, surtout parce qu’il fut l’un des premiers concepteurs de la mouvance dubstep. Ce fut une phase parmi d’autres de son parcours artistique, inutile de l’ajouter.
Ce à quoi nous avons eu droit dans la nuit de dimanche à lundi, ce fut plutôt un univers conceptuel où l’électroacoustique, la musique de film ou l’électro-jazz entrent en jeu dans le groove tributaire de l’expérience dub, jungle, drum’n’bass ou grime, fondamentales au Royaume-Uni.
Dans un contexte où le rythme n’est pas continu du début à la fin, Kode9 a plutôt choisi de faire se succéder les tableaux audiovisuels (Lawrence Lek, Optigram, Bianca Hic, Mark Garlick, Plus Minus Studio) à travers lesquels il illustre ses nouveaux traitements sonores, très souvent fondées sur l’exploration rythmique, beaucoup sur l’insertion de sons aléatoires, nettement moins sur les constructions mélodico-harmoniques plus consensuelles.
Le tout est mis en relief dans des contextes variés : calmes, songeurs, dynamiques, tempétueux, méditatifs, paroxystiques. La succession de ces épisodes se faisait aussi en phase avec des projections inspirées, qu’il s’agisse de nature vierge ou d’une base de lancement aérospatial ou encore l’éloge de l’Escapology, en quelque sorte un art de l’évasion qui est aussi le thème de son plus récent album (2022).
Il y avait de quoi se nourrir dans cette offre foisonnante, celui d’une intelligence supérieure, capable de varier sa proposition et de l’adoucir comme ce fut le cas de son fort bon DJ set donné précédemment sur l’Esplanade tranquille.
Crédit photo: Bruno Aiello Destombes