C’est la toute première fois que j’assistais à un concert dans l’atrium des Grands Ballets canadiens. En m’y installant, un doute m’a assailli : du béton, un mur de brique, quelle sorte d’acoustique allait-il en résulter? Eh bien, comme un petit miracle exaltant, le résultat a été emballant. Une acoustique parfaite pour des instruments peu résonants tels un clavecin et des cordes en boyaux, mais surtout pour des voix, ici une soprano et une mezzo.
C’est l’ensemble espagnol Harmonia del Parnàs, en format réduit à deux violons et un violoncelle baroques, et un clavecin, qui a offert un programme consacré à l’art lyrique ancien de la péninsule ibérique. Au menu, donc, des extraits de zarzuelas (des opérettes espagnoles), d’opéras et de cantates de compositeurs aussi peu connus, mais méritoires tellement ils savaient manier la mélodie accrocheuse et les rythmes enlevants, que de Castro, Corradini, Duron, de Nebra, Hernández y Llana et Castel. Rien à envier à Vivaldi, Corelli ou Handel ces messieurs.
Ç’aurait déjà été un moment agréable même avec un jeu musical correct. Mais c’était heureusement bien plus que cela. Une leçon de précision, d’énergie participative et de qualité tonale a été offerte par les Espagnols (et Argentins, a-t-on précisé), qui ont soutenu des performances vocales hors norme de la soprano Ruth Rosique et de la mezzo Marta Infante. Celles-ci, manifestement, se délectaient de ce répertoire parfois pétillant, parfois trempé dans une mélancolie poignante. Des incarnations engagées, voire truculentes, des personnages évoqués (femme jalouse, amante éplorée, etc.) ont complété une expérience qui restera imprimée dans la mémoire des spectateurs présents.
Ne reste plus qu’à espérer que ces chanteuses et cet ensemble instrumental reviennent très bientôt.
Ruth Rosique, soprano
Marta Infante, mezzo-soprano
Hiro Kurosaki et Lucía Luque, violons baroques
Hermann Schreiner, violoncelle baroque
Marian Rosa Montagut, clavecin et direction