musique contemporaine / post-minimaliste

SMCQ | Le meilleur « concert au chandelles »

par Frédéric Cardin

Non, ce n’est pas un vrai concert ‘’Candlelight’’ dont je vais vous parler. C’est le concert final de la saison 24-25 de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), In Memorian Jocelyn Morlock, dont il sera question. L’un des plus beaux concerts de la saison, à mon humble avis. Musicalement envoûtant, spirituellement poignant. Alors pourquoi la référence aux concerts hyper populaires joués à la lumière des chandelles? Simplement parce que, hier soir à la magnifique Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours, la sobre mais efficace mise en scène utilisait également de nombreuses bougies pour éclairer la scène, et que cela rappelait ce genre d’ambiance. Cela dit, esthétiquement, artistiquement et humainement parlant, ce concert de la SMCQ surpassait par un facteur 1000 tout ce qui ne s’est jamais donné dans la (vraie) série Candlelight (j’en ai vu quelques-uns). 

Memoriam Jocelyn Morlock par Frederic Cardin

Tel qu’indiqué par le titre, In Memoriam Jocelyn Morlock était un hommage à la compositrice vancouvéroise décédée subitement, et bien trop jeune, en 2023. L’esthétique musicale de cette femme a conquis une large portion du monde musical contemporain et continuera assurément d’influencer bien d’autres artistes dans les années à venir. Généralement consonante sans bouder les coloris saillants qui sortent du cadre et qui titillent savamment les oreilles, sa musique est extraordinairement agréable à écouter autant pour les profanes que pour les personnes plus aguerries au langage moderne. Autrement dit, Morlock fait l’unanimité autant sur le plaisir que sa musique procure que sur sa valeur intellectuelle. 

La qualité et l’intelligence de la construction du programme d’hier est à souligner : une heure et demie environ de musique lui rendant hommage, qu’elle soit de sa plume ou de celle d’autres compositeurs et compositrices dans un lent crescendo/decrescendo d’intensité et de volumétrie sonore. On est passé d’un très touchant soliloque pour hautbois solo nouvellement écrit par Samy Moussa (Jocelyn Morlock in memoriam – c’est toujours un plaisir de revoir Samy de retour à la maison, lui qui est installé à Berlin), à des pièces pour flûte, alto et harpe de Luis Ramirez (Volador) et Morlock (The uses of solitude), un arrangement pour quatuor à cordes de Sivunittinni de Tanya Tagag (le pic d’intensité sonore de la soirée, une pièce remarquable dans la justesse de ses évocations de chants de gorge inuit), la transcendante you are a vessel for joy de Rita Ueda, une nouvelle création pour cor anglais, quatuor à cordes et choeur, puis le très poignant Exaudi de Morlock, pour violoncelle et choeur (magistrale Chloé Dominguez!), le tout se terminant par une reprise du soliloque de hautbois de Moussa, dans la noirceur, tel un symbole du départ final de l’artiste célébrée (Mélanie Harel au hautbois, qui a imprégné son jeu d’une immense tendresse). 

LISEZ L’ENTREVUE DE MON COLLÈGUE ALAIN BRUNET AVEC SIMON BERTRAND, DE LA SMCQ, À PROPOS DE CE CONCERT

En est ressorti un sentiment de très forte communion spirituelle et humaniste, bienfaisante en ces temps de stress social et politique. 

Tous les musicien.ne.s sont à saluer dans cette performance artistique inoubliable : Voces boreales dirigé par Andrew Gray, le Trio Kalysta (Lara Deutsch à la flûte, Emily Belvedere à la harpe Marina Thibeault à l’alto, une combinaison à trois dont j’adore la finess technique, velours sonore et l’infinie capacité de coloration), les cordistes Robert Margaryan et Daphnée Sincennes Richard aux violons, Marie-Louise Ouellet à l’alto et Chloé Dominguez au violoncelle, Mélanie Harel au hautbois et cor anglais (excellente). 

Dans un monde bien plus idéal, un petit organisme comme la SMCQ aurait eu les moyens de filmer et enregistrer cet exceptionnel spectacle en haute définition, pour ensuite le diffuser le plus largement possible. Nous ne sommes pas dans ce monde, malheureusement, et il faudra se résigner à ce que seulement quelques 150-200 personnes (présentes et très attentives à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours) restent imprégnées de façon mémorable par l’événement. À moins qu’on ne réussisse à porter ce concept ailleurs. Ce serait souhaitable. Si ça arrive près de chez vous, ne ratez pas votre chance. 

Oui, l’un des plus beaux concerts de l’année. 

Tout le contenu 360

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