Pour le dernier volet du Marathon Beethoven, il ne restait que les deux extrémités du corpus symphonique à être présentées, avec en prélude la pièce Amor Fati de Marie-Pierre Brasset.
Utilisant les premières mesures de la Première de Beethoven, Brasset en change la fin pour transiter vers son propre langage musical. Sa pièce est une lente progression vers un élément, qui n’aboutit pas et nous laisse sur notre faim. Dommage, car la fin est plutôt nette, comme s’il avait fallu cinq minutes supplémentaires pour compléter le propos.
La Première est très bien exécutée, avec légèreté et simplicité. Dans tous les mouvements, chaque détail est souligné, mais c’est le deuxième qui a été le meilleur. Les différentes entrées aux cordes sont toutes homogènes dans le style et l’articulation, et on sent le mouvement qui traverse la phrase. Tout reste élégant, même dans les forte. On notera aussi que dans le Trio du scherzo, les interventions des vents ne sont pas identiques la première et la deuxième fois que certaines phrases sont jouées.
Le premier mouvement de la Neuvième est joué passablement bien. Les nuances sont au rendez-vous et les musiciens jouent avec intensité. C’est bon, mais pas assez, surtout quand on s’attaque à une œuvre archiconnue et monumentale comme celle-ci. Les enchaînements entre les sections manquent de fluidité et il n’y a pas assez de profondeur dans les graves. Tout comme dans la Première, le second mouvement est le plus réussi. La timbale, tranchante, se démarque du reste du groupe dans ses interventions solos. Très exigeant pour les bois en raison des multiples notes accentuées jouées dans un tempo rapide, on discerne la fatigue chez certains, comme en témoignent les quelques « craques » que l’on distingue parmi l’ensemble orchestral.
Le mouvement lent suivant, quant à lui, malheureusement, tombe rapidement à plat. Le résultat fait que l’on se laisse facilement distraire, pour les mauvaises raisons. Le mouvement musical est très statique et n’avance pas; les longues notes n’ont pas (assez) de vie et il n’y a pas (assez) de relief dans l’ensemble. Bien que marqué cantabile, on n’a pas l’impression que les musiciens chantent la musique. Puis, arrive le fameux dernier mouvement. Quelle Finale ce fut ! Dès l’émission des premières notes du thème de l’Ode à la joie chez les cordes graves, on sait que ce qui s’en vient sera spectaculaire. Partie de presque rien, cette construction architecturale ne nous mène vers un tutti glorieux et libérateur avant l’entrée du chœur. Parlant du chœur, celui-ci est très appliqué vocalement, malgré quelques consonnes inaudibles. Les derniers milles de ce marathon font passer un moment absolument magique, car tout y est : solistes incroyables, nuances, accents, phrasé, puissance (quel long Gott [Dieu] avant la fanfare !), mais surtout dévouement et émotion. L’envie de se lever d’un bond à la toute fin est irrésistible, mais on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi nous n’avons pas eu droit à ça dans tout ce qui a précédé.
crédit photo: François Goupil