Le troisième programme des quatre du Marathon Beethoven de l’OM avait lieu à 11h dimanche matin avec la présentation des Huitièmes, Quatrième et Cinquième symphonies. Puisque Beethoven est un réputé vendeur, il fut étonnant de constater que le parterre de la Maison symphonique était épars et les loges carrément vides, malgré la présence de la Cinquième au programme.
Le premier mouvement de la Huitième est inégal dès le début. Les articulations ne sont pas homogènes selon les différentes sections de l’orchestre. Chez les cordes, les staccatos sont très courts, mais chez les vents, c’est plus allongé, notamment la résonance de la timbale. Les phrasés tombent à plat rapidement et les forte plafonnent vite. Le second mouvement est nettement mieux.
Très humoristique, les notes incessamment répétées mènent le reste dans la légèreté. Ponctué d’effets de sforzandos, l’effet de surprise est réussi. Le troisième mouvement, Tempo di menuetto, n’a que le tempo du menuet car rien ne laisse place à la danse. Les troisièmes temps ne vont pas assez vers les premiers suivants, et ceux-ci sont trop appuyés. Le reste est assez similaire, c’est-à-dire sans faute, mais sans éclat.
Dans la Quatrième, surprise ! C’est tout le contraire auquel nous avons droit.
L’équilibre sonore entre les sections est bien ajusté, surtout lors de l’introduction lente du premier mouvement. Celle-ci, pleine de mystère, planante, nous amène pas à pas vers l’Allegro, festif et énergique. Mention honorable aux vents et timbales pour la précision. Le second mouvement est d’un lyrisme impeccable et apaisant avec des phrases qui respirent et se posent. Le scherzo qui suit surprend avec des attaques espiègles et les musiciens jouent bien le jeu des syncopes qui viennent ponctuer les phrases. Le mouvement final est très léger, Yannick dansant sur le podium.
Au retour de la pause, ce fut au tour de la Cinquième d’être entendue. Avant d’entrer dans le vif du sujet, une explication s’impose. Il est indiqué dans le programme que Beethoven a été le premier compositeur à inscrire des mesures métronomiques dans ses partitions, souhaitant ainsi préciser les indications de vitesses plutôt vagues, comme Adagio ou Allegro que l’on utilise toujours.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, une explication s’impose. Il est indiqué dans le programme que Beethoven a été le premier compositeur à inscrire des mesures métronomiques dans ses partitions, souhaitant ainsi préciser les indications de vitesses plutôt vagues, comme Adagio ou Allegro que l’on utilise toujours.
Départ surprenant, le tempo est très rapide pour le 1er mouvement. Il y a des pours et des contres à le précipiter ainsi. En prenant la vitesse métronomique indiquée, Yannick et l’orchestre expriment ce sentiment de panique du compositeur faisant face à sa surdité et à sa propre fatalité.
Mais il ne fait pas les points d’orgue qui ponctuent ce mouvement et passe tout droit là où la tension peut, ou doit, s’accentuer. Ainsi, la construction de certaines phrases est précipitée, tout comme la cadence du hautbois, qui est amenée de façon brutale. On finit par s’habituer à cette vitesse et à cette manière de voir cette célèbre page, qui donne toutefois un élan, quand même que l’on en ressort essoufflé.
Le deuxième mouvement est aussi précipité, peu chantant. Le tempo passe toujours dans les deux premières variations, mais quand les cordes graves arrivent dans les triples croches, tout devient flou, autant que l’indication « dolce » devient difficile à respecter. C’est une chose de respecter les mesures métronomiques, mais peut-être pas au détriment de la musique, qui doit respirer.
Le troisième mouvement est le plus intéressant, joué avec vigueur et mystère. On peut discuter l’appel des cors en crescendo plutôt que subito forte, comme écrit, car il s’agit du thème principal. Tout est excellent, avec des cordes mordantes, sauf quand on arrive à la coda, qui se joue sur la pointe des pieds. Il y a une alternance entre les pizzicatos des cordes et les bois sur le motif rythmique principal. Ceux-ci jouent les notes longues, ce qui contraste énormément. Nulle part ailleurs on joue ce motif long, alors pourquoi là?
Par ailleurs, la transition qui amène le mouvement final est mené par un instrument en particulier que l’on n’entend pas assez: la timbale. Pendant que les cordes tiennent une note longue de 12 mesures pour ensuite construire lentement la ligne mélodique, celui-ci est seul dans son coin à installer le rythme et doit tirer l’orchestre et le crescendo vers l’apothéose du mouvement final, qui laissera une place prépondérante au piccolo, dont la Cinquième marque le début de l’instrument dans l’orchestre.
Ce concert est le plus long sur papier des quatre, avec 96 minutes de musique. En ligne, il est annoncé à 1h56, entracte compris, mais il se termine 2h15 après son début. Est-ce que l’OM et leur chef frapperont le fameux mur du 30e kilomètre dont parlent tous les marathoniens ? Le danger est là, car le prochain concert n’est que dans 1h45.D’entrée de jeu, la création de la pièce Ré_Silience de Cristina García Islas fut fort intéressante sur le plan du discours, mais légèrement discutable sur le contexte. L’œuvre est brillamment structurée, mais on aurait plutôt cru à un hommage à Chostakovitch, tant les cuivres étaient forts et la percussion abondante. Sans oublier les longues phrases tenues aux violons dans le suraigu, doublé aux flûtes, sur fond de pédales aux basses. D’ailleurs, celles-ci placées sur la gauche, se perdaient souvent dans le son collectif. Pour rendre hommage à Beethoven, en plus de citer le deuxième mouvement de la Huitième, elle y ajoute dans la section des percussions, deux métronomes en décalage. Chapeau aux musiciens pour avoir continué à garder le tempo malgré ces clics !