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M/NM | le métal et le jazz actuel s’invitent au buffet de la SMCQ

par Alain Brunet

Mercredi soir au Music Multimedia Room (MMR) de l’école de musique Schulich de l’université McGill, David Therrien Brongo, percussions, Louis-Philippe Bonin, saxophones et Alexandre David, guitares, nous ont donné mercredi un aperçu probant d’un alliage créatif entre musique contemporaine de souche classique, jazz contemporain et… métal. Quelques semaines après l’expérience Voiviod symphonique de l’OSM, dont l’objet était de magnifier un répertoire populaire dans un contexte orchestral, l’esthétique métal s’invitait cette fois sur le terrain de la SMCQ et de son festival M/NM.

Ce programme à géométrie variable pour ses exécutants ne se voulait pas foncièrement métal, mais plutôt une hybridation entre esthétiques apparemment étrangères les unes des autres, mais qui se joignent après un long passé de quasi ignorance mutuelle.

Ainsi donc, la première œuvre au programme, Átroposde Rocío Cano Valiñ, une pièce de 9 minutes composée en 2020-21, met en scène les techniques avancées des saxophones alto et soprano et les interventions percussives des xylophone, tambours et autres cymbales. L’intérêt repose ici sur le jeu du saxophone rappelant les dernières décennies de jazz contemporain dans ses avancées texturales et atonales, sans pour autant nous faire découvrir l’inédit.

Idem pour True North, composée en 2007 par Andrew Staniland, qui prévoit l’usage de techniques comparables pour le saxophoniste dont les partitions sont répartis sur 4 lutrins ceinturant l’interprète, le tout enrobé de traitements électroniques.

En 2016, la compositrice montréalaise (originaire de Saskatchewan) Nicole Lizée avait imaginé une œuvre inspirée de l’organisme Parents Music Resource Center soit ces Mothers of Prevention pour reprendre le sobriquet suggéré par Frank Zappa afin de narguer la censure de ces mères crispées, jadis scandalisées par le hardrock, le métal ou le hip-hop pour leur langage cru, explicite, sexuel, parfois violent.

Sur grand écran, un film d’archive est allègrement charcuté : la mère de Tipper Gore (alors la compagne d’Albert Gore, ex vp états-unien) et Susan Baker, épouse de James Baker, ex-secrétaire d’État des USA, sont ridiculisées avec raison par l’usage créatif de leurs indignations, somme toutes ridicules.

On sait que Nicole Lizée a acquis une grande maîtrise dans cet usage du cinéma dans son œuvre, cette fois consacrée à un langage percussif écrit, saccadé, parsemé de changements vifs et ponctuations de différentes intensité, toujours en phase avec le montage de ce pamphlet grand écran, percussions et traitement électroacoustique.

À mon sens, l’intérêt de ce programme résidait néanmoins dans sa deuxième partie, soit deux œuvres de fusion entre musique contemporaine écrite, jazz contemporain et métal. David Therrien Brongo a alors troqué son attirail typique de la percussion classique pour une batterie typiquement métal, un instrument qui l’a profondément séduit avant qu’il ne fasse des études avancées en percussion. Ce virtuose n’a visiblement pas une formation jazz, la carrure de son jeu exclut le swing à l’évidence, ses qualités se trouvent ailleurs, soit dan la fusion de son jeu métal à son expertise en percussion classique.

Infinite Jest (Superpose III), une oeuvre de 7 minutes composée en2010 par Alexander Schubert pour power trio en quelque sorte, était plus proche de la musique actuelle/contemporaine dans son lexique et sa trame discursive : saxophone dessinant des lignes atonales et éructant moult sonorités typiques des recherches free; guitare aussi introspective, impressionniste, assez ténue compte tenu de ses possibilités, et batterie très contemporaine fondée sur un parcours complexe défini par le compositeur.

La meilleure pièce au programme fut la dernière : Delta, pièce de 11 minutes composée en 2024 par le guitariste Alexandre David, mettait en relation ce trio dont il est l’un des artilleurs avec une magnifique vidéo de danse contemporaine.

L’exécution des danseurs.ses était ainsi projetée sur grand écran pendant que s’exécutaient les interprètes. Un voile de textures synthétique recouvrait ces élans beaucoup plus musclés, ce qui n’excluait en rien la finesse dans l’écriture. Spectacle total, donc. Voilà la pièce de résistance, et voilà certes un filon à exploiter pour ces musiciens qui auront encore beaucoup à dire s’il souhaitent poursuivre l’expérience.

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