expérimental / contemporain / Musique de création

M/NM | Le geste et le son… À l’écoute du geste

par Alain Brunet

À l’écoute du geste était  le moment de l’Ensemble Éclat, un programme présenté dans un Music Multimedia Room (MMR) rempli à capacité. Cohérent avec la thématique du 12e M/NM,  soit le rapport entre image et musique, ce programme explorait la représentation visuelle de la musique à travers le geste, que ce soit par la danse ou par la gestuelle des interprètes de la musique. On a eu droit aussi à la démocratisation du karlax, un instrument numérique aux allures d’instrument à vent mais qui déclenche aussi des sons selon le mouvement.

Sous la direction de Charles-Éric Fontaine, ce jeune ensemble réunit trois interprètes de karlax (Tom Mays, D Andrew Stewart, Huizi Wang), la flûtiste Alex Huyghebaert, la clarinettiste Charlotte Layec, le tromboniste Éric Bourgeois, l’accordéoniste Darko Dimitrijevic, le percussionniste Charles Chiovato Rambalato, le pianiste Paul Çelebi, la violoniste Jeanne Côté, l’altiste David Montreuil, la violoncelliste Audréanne Filion, le contrebassiste William Boivin.

On a commencé par Les Princesses de Luis Naon (2008), œuvre composée pour la danse (Alexandra Caron) , pour piano, percussions, électronique. Non sans rappeler les cloches, tambours et gongs d’Asie méridionale ou d’Indonésie, cette œuvre est foncièrement atmosphérique, propice aux mouvements lents, fluides et gracieux de la danseuse. 

Cette mise en situation était propice pour Cinq frissons méta-mécaniques d’Adriana Alsina Tarrès (2019), pour accordéon et deux percussions. L’accordéoniste génère des motifs texturaux, notes seules, expirations sans notes et autres techniques avancées de son instrument, pendant que les percussionnistes en font autant en frottant, grattant et martelant leurs instruments. La pièce se déploie en deux temps, deux mouvements bien soudés… et le troisième mouvement sera joué après la pièce qui suit, et le quatrième après la suivante.

Prélude à l’épais, de Philippe Leroux (2017-18) s’amorce avec un décollage linéaire, lent, sûr de fréquences et textures mélodico-harmoniques. Viennent par vagues ces bouillons de cordes, vents et bois, violon, violoncelle, flûte, clarinette, piano. Des phrases mélodiques plus complexes s’immiscent progressivement, et produisent ainsi de superbes contrastes. La linéarité du départ se transforme en cascades et en éruptions, le calme et la tempête se disputent le territoire, le calme finit par l’emporter. De plus cette consigne particulière aux interprètes : dessiner dans l’espace des lettres, des mots, des lignes question d’explorer la relation entre le geste de l’écriture et celui de la production des sons, le tout inspiré d’une toile de la collection Pierre Bourgie, soit l’Annonciation de Jan Provoost, peinte au XVIe siècle.

S’ensuit Aphasia, pour interprète gestuel et électronique, se veut une « explosion de sons complètement déformé », commandée à l’origine en France à Mark Applebaum par le Groupe de Recherche Musicale (GRM) et induisant une gestuelle de l’interprète (chanteur ou pas) en intime relation avec les sons générés en temps réel.

D’une durée de 20 minutes, la pièce la plus longue au programme était créée en ce vendredi 21 février : Instrumental Interaction V de Benjamin Lavastre, pour ensemble, 3 karlax, électronique et ensemble. Il s’agit de la 5e pièce du compositeur ayant pour objet d’explorer les interactions entre cet instrument atypique et ses interlocuteurs… typiques. S’installe un dialogue de mélodies déconstruites, de percussions de textures  à la fois acoustiques et synthétiques. Les modes de jeu se superposent, on assiste effectivement à un déploiement de possibilités permettant au compositeur de préciser sa pensée sur l’usage du karlax dans dans un contexte de musique de chambre. D’autres détails suivront… on imagine.

Le programme s’est conclu par l’exécution de L’autre épaisseur, œuvre composée en 2023 par Philippe Leroux, et dont l’objet est (aussi) la relation entre le son et le geste physique. Plus précisément, l’autre épaisseur se déploie sur 7 configurations issues de mouvements des corps, ces configurations se veulent sonores et dynamiques. Exposées une première fois, elles se superposent ensuite à la manière d’un contrepoint et finissent par s’unifier dans la perception de celles et ceux qui en reçoivent la proposition.

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