Motivé par un bouche à oreille élogieux envers la tête d’affiche, j’ai ignoré le doux chant du « Netflix & Chill » du mardi soir pour enfin mettre les pieds dans cette légendaire salle « alternative » qui multiplie les bons coups ces derniers temps. Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler l’adresse ou même le quartier où elle se trouve, ask a punk comme le Traxide aime le répéter.
C’est presque à l’heure annoncée que Fumigènes s’amène sur scène et le quatuor de nu-métalcore (avec une bonne dose d’emo) originaire de Québec présente un court et intense set qui met de l’ambiance pour la soirée qui s’amorce. Visiblement encore à apprivoiser le fait de jouer devant un public, la camaraderie entre les membres du groupe et la proximité avec les gens présents nous font vite oublier certaines maladresses et la musique finit par primer sur le reste. Sans trop être des habitudes alimentaires de l’auteur de ces lignes, on peut quand même constater la compétence des musiciens et par la réaction des danseurs, de la justesse de la proposition. La suite s’annonce intéressante pour Fumigènes.
Formé pour l’occasion, Lockeur amorce son premier concert à vie sans s’annoncer et la décharge n’en est que plus surprenante. Avec un tas de machines comme section rythmique, le trio offre un doom/sludge/noise/death qui me met un sourire qui s’étire tout au long de la courte prestation qui ne provoque aucune ruée de danseurs au devant de la scène mais qui laissera un souvenir indélébile aux oreilles présentes. Espérons que la formation persiste et qu’on puisse les réentendre.
Pour la première date de sa tournée, et malgré sa journée à se déplacer pour y être, le groupe originaire de Rouyn-Noranda, mené par le déterminé Simon Turcotte, prend d’assaut la scène du Traxide avec une intensité à son maximum. Balançant sans pitié son hardcore-métal extrêmement en « criss », c’est complètement sonnés qu’on en arrive déjà à la dernière chanson de cette trop courte performance. Le propos est porté par la même rage, avec la Fonderie Horne comme principale cible et métaphore quant à sa vision de l’avenir. Il faut dire que Turcotte est malheureusement bien placé pour critiquer la présence néfaste de l’entreprise pour y avoir travaillé et habité dans l’ombre des tristement célèbres cheminées de la Fonderie, un cancer a failli lui couter la vie et il a dû se faire amputer d’une jambe pour y survivre. Terminant la soirée avec l’évocation du cas d’un enfant de 7 ans de son quartier également victime d’un cancer, la dernière salve de rage met un dernier poing sur la tempe du Traxide, et le silence qui s’ensuit n’est troublé que par le chant lancinant de l’acouphène que partage le public à la sortie de ce triplé de décibels modulés.