chant lyrique / classique occidental / opéra

Faculté de musique de l’UdeM | Une soirée à l’opéra efficace

par Alexandre Villemaire

La saison 2024-2025 de la Faculté de musique de l’Université de Montréal bat son plein actuellement. Perché sur le flanc du Mont-Royal en haut de la fameuse côte de l’avenue Vincent-d’Indy, c’est environ une centaine de personnes qui s’étaient rassemblées samedi dans la Salle Claude-Champagne pour venir entendre la cohorte actuelle des jeunes chanteurs et chanteuses. Une belle occasion de les découvrir en prévision de leur production d’Hansel und Gretel d’Engelbert Humperdinck (1854-1921) qui sera présentée fin février. Les étudiant·es étaient accompagnés par Robin Wheeler, pianiste et chef de chant, et Alona Milner.

Une soirée sobre donc, présentée sous forme de gala sans présentation extravagante et mise en espace complexe, mais qui ne manquait pas de moments de qualité. Dans cette soirée à l’opéra, ce sont plusieurs extraits d’œuvres couvrant un vaste éventail du répertoire lyrique qui ont été présentés. On passe de l’opéra romantique allemand au bel canto, à l’opérette et à l’opéra baroque sans heurts. Ce panorama permet de voir en action les différents interprètes dans des styles variés, des expressions lyriques différentes et des incarnations de personnages. En guise d’ouverture, ce sont les Sorcières de Macbeth de Verdi qui se sont présentées devant nous. Le regard perçant, les sopranos et les mezzos de ce chœur ont présenté une lecture mordante et menaçante de cette page du vérisme. Les quelques numéros de chœur qui garnissaient le programme ont par ailleurs été parmi les moments les plus appréciés de la soirée par leur force et leur précision technique. Le son d’ensemble est enveloppant, l’articulation juste et précise. Nommons l’extrait d’Idomeneo de Mozart « Placido è il mar… Soavi Zeffrini », où la balance des voix entre les nombreuses voix de femmes et les cinq voix d’hommes était planante, équilibrée et en complémentarité avec le chant de Marie France Eba Koua.

Au niveau des voix individuelles, plusieurs interprétations ont capté notre attention. Chez les voix d’hommes, le baryton Élie Lefebvre-Pellegrino se démarque par un très beau grave, résonnant, ample, rond et légèrement cuivré doublé d’une bonne présence scénique. Son interprétation de l’air de Nilakantha tiré de Lakmé de Léo Delibes était assurée et investie, de même que son intervention en tant que comte Almaviva dans le duo « Crudel! Perche s’ignora » des Noces de Figaro avec Kevisha Williams. Ses passages dans le haut de son registre demandent par contre encore à être stabilisés. Son comparse Théo Raffin a été de ceux ayant offert parmi les meilleures performances scéniques dans son Leporello de Don Giovanni (« Sola, sola in buio loco ») et son Mercutio de Roméo et Juliette (« Mab, la reine des mensonges »). Dans les deux cas, ses interventions étaient d’une justesse tant interprétative que vocale. Seule basse de la cohorte, Andrew Erasmus a livré le difficile air « O du Mein Holder Abendstern » extrait de Tannhäuser de Wagner avec finesse et sensibilité.

Pour les voix féminines, Maëlig Querré (mezzo-soprano) a fait bonne impression dans son rôle de Roméo tiré d’I Capuletti e i Montecchi de Bellini. Sa voix agile et assurée au grave sonore complétait la Giulietta de Nicole Ross qui, malgré une grande force et agilité dans les aigus, arrivait au bout de ses capacités à la fin de l’aria. Le jeu de Cloée Morisette et Clotilde Moretti était également tout à fait pétillant dans un extrait du Freischütz de Carl Maria von Weber. Autre nom à retenir, la mezzo-soprano Julie Boutrais. Elle s’est illustrée dans le duo tiré de l’opéra L’Incoronazione di Poppea de Moneverdi, interprété avec Salomé Karam. Incarnant respectivement le roi Néron et son amante Poppée, les deux chanteuses ont parfaitement su capter les sentiments passionnés et l’ivresse évoqués dans « Signor, oggi rinasco » alors que Néron annonce à Poppée qu’elle sera son épouse. C’est également Julie Boutrais qui est venue conclure la soirée avec sa voix chaude et incarnée avec l’air final de Dido and Æneas « When I am laid in Earth » suivi par le chœur final du même opéra. Un moment qui nous a donné des frissons.

Si nous devons faire une légère critique par rapport au concert, c’est sur le manque de détails dans le programme. Le récital de chant sous la forme de gala où l’on fait se succéder différents airs, duos, trios et chœurs d’époque et de style différents permet aux chanteurs de s’exprimer dans une variété de jeux et de personnages et, par la même occasion, de faire découvrir au public des protagonistes et des opéras qu’il connaîtrait moins. Il serait judicieux d’offrir un léger contexte à ces œuvres afin de les situer pour le public. L’extrait du trio « Je vais d’un cœur aimant » de l’opéra Béatrice et Bénédict d’Hector Berlioz en est un bon exemple. Cet extrait d’un opus peu exécuté et qui a bien été mené par Maëlig Querré, Maïlys Arbaoui-Westphal et Anne-Sophie Gagnon-Metellus aurait mérité une petite note de programme pour l’apprécier encore plus.

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