De retour aux Francos après plusieurs années d’absence, c’est un « bummer funambule », serein et porteur d’une énergie souriante et contagieuse qui, le mardi 18 juin, nous a montré de quel bois il se chauffe toujours.
« Choisir d’aller vivre en Gaspésie est la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie », m’avait lancé Daniel Boucher lors d’une conversation téléphonique il y a quelques années. « Pourquoi? » « Parce que je suis heureux, man! »
Et ça paraît !
Enthousiaste, souriant, efficace jeu de pieds, celui qui a parfois été l’un des enfants terribles de notre showbizz a retrouvé son public dans une Cinquième Salle de la Place des Arts qui avait des allures de party de famille, tant la complicité avec ses fans était palpable. « On s’est ennuyé, han? » Moment de gratitude pour celui qui, à une autre époque, a connu des passes difficiles comme il l’a rappelé avant d’entamer la pièce Aidez-moi.
Dans une forme splendide, l’artiste qui s’accompagnait seul avec une guitare électrique et quelques pédales, a d’emblée planté son univers en y allant d’un poème bien senti, dont certaines lignes plairaient sans doute au poète Patrice Desbiens. Ce qui nous a rappelé, mais on le savait déjà, à quel point il est un excellent guitariste doublé d’une bête de scène fascinante. Et, à moins que ce ne soit une hallucination, même sa voix ne nous a jamais parue aussi efficace, juste et puissante, notamment dans le registre aigu.
Puis, il a distillé ses tubes pour le plus grand bonheur de tous : Le poète des temps gris, Sympathique colley (un morceau qui aurait pu être écrit par Réjean Ducharme), Boules à mites, Le vent soufflait mes pellicules et Chez nous, dont la finale s’est transformée en refrain indépendantiste accrocheur. Puis, juste avant le rappel, ce fut La désise pendant laquelle une vingtaine de spectateurs (dont Biz de Loco Locass en fan parmi d’autres) sont montés sur scène pour effectuer la chorégraphie inhérente à la pièce et reprendre à l’unisson le refrain qui l’a rendu populaire au siècle dernier « Ma gang de malades, vous êtes donc oùùùùùùùù? ».
Si nous pensions au départ ne rester qu’une heure, en raison d’un conflit d’horaire avec l’hommage à Ferland de l’autre côté de la salle, le charisme et la fougue contagieuse de Boucher nous auront scotchés à notre fauteuil pendant un peu plus de deux heures.
Car ce n’est pas le moindre talent du Gaspésien d’adoption que nous rendre heureux et de nous faire rire, ce dont il a le don. Notamment lorsqu’il se paya gentiment la tête de Vincent Vallières, son ancien co-chambreur pendant un atelier de chansons chez Gilles Vigneault. Lequel Vallières jouait d’ailleurs audit hommage à Ferland en même temps à un jet de pierre.
C’est en partageant des anecdotes liées à ces séances d’écriture que Boucher nous a présenté Les gâteaux de fête, un morceau touchant écrit juste après avoir reçu de sa blonde la photo d’une échographie lui annonçant qu’il serait de nouveau papa.
Maintenant que l’heure de la rédemption a sonné, il faut impérativement qu’un producteur permette qu’on retrouve l’artiste avec une formation complète devant une foule immense. Car, comme il l’a rappelé hier, Boucher demeure l’un des plus beaux fleurons du corpus de la chanson d’ici.
Crédit photo : Victor Diaz Lamich pour les Francos