La très chouette salle Bain Mathieu, un ancien bain public transformé en salle de spectacle polyvalente, accueille pour la première année des spectacles de Coup de Coeur Francophone. Le 13 novembre, se déroulait un double lancement d’album au féminin.
D’abord, place à Gabriella Olivo, pour son EP de six chansons, A Todos Mis Amores, paru le 25 octobre.
Gabriella a grandi à Stoneham, près de Québec, de mère Mexicaine et de père « blond aux yeux bleus de St-Bruno », dit-elle sur scène. Sa mère lui a toujours parlé en espagnol. Elle a donc grandi avec deux cultures, malgré l’homogénéité ambiante de cette banlieue de Québec.
Sa jeune carrière musicale est imprégnée de ce bi-culturalisme : elle chante en français et en espagnol, souvent dans la même pièce. Ça donne un folk ambiant teinté de rock et assaisonné d’un peu de son mexicain et latin.
En ce sens, cela rappelle Kevin Johansen, Argentin de mère Argentine et de père Américain, qui mène une carrière en espagnol et en anglais avec un solide succès en Amérique latine.
Gabriella Olivo vit au Québec. Mais A Todos Mis Amores est son opus le plus mexicain, car il a été fait à Mexico, avec le producteur Santiago Miralles. Bien que toujours dans un son folk rock méditatif, ce mini album est davantage parsemé d’influences latines que le précédent, Sola. Car Mexico est une ville qui sait mélanger rock et latinité.
Tout cela pour dire que cet EP s’écoute très bien et que la version sur scène, agrémentée de quelques morceaux antérieurs, l’est également. D’autant plus que Gabriella partage sur scène des anecdotes et histoires personnelles qui donnent du contexte aux chansons. « En ce moment, le monde est vraiment fucked-up », a-t-elle lancé en faisant allusion à la récente actualité politique. En guise de consolation, elle nous a offert la magnifique chanson No te Olvides De La Luz. Comment trouver la lumière dans la noirceur.
La jeune Mexicaine de Stoneham est à suivre. Et, comme elle a dit : « Vive le Coup de Coeur Hispanophone », bien qu’elle chante également en français. Et ça va continuer comme ça, m’a-t-elle dit après sa prestation.
Avec Daria Colonna, nous entrons dans un tout autre univers. Le requiem des sirènes saoules est le titre de son premier album, paru en mai. Tout un programme.
« C’est mon premier spectacle », nous confesse-t-elle sur la scène du Bain Mathieu. C’est que Daria Colonna, 35 ans, est connue comme poète. Son dernier recueil, La Voleuse, lui a valu des nominations à plusieurs prix de poésie.
Nous avons donc assisté à cette première scénique, six mois après la parution du disque. Musicalement nous sommes dans un mélange de trip-hop et de rock synthétique, avec des épisodes plus acoustiques.
Daria Colonna nous ouvre son livre sur ses états d’âme multiples, avec un accent sur la femme « intense »,à laquelle elle dédie une ode. Il est question de désirs, d’anxiétés, de vie dangereuse, de soifs, dans tous les sens du terme. Il est clair que Daria Colonna ne manque pas d’intensité. Elle sait écrire des textes. Sur scène, le résultat m’a semblé moins probant que sur disque.
Mais c’est une musicienne et chanteuse en apprentissage et en gestation. On peut percevoir une trajectoire originale, indépendante, ou les mots seront toujours privilégiés. Ce qui n’est pas toujours dans l’air du temps. Et qui fait du bien.