Walter Boudreau, chef et directeur artistique de l’incontournable Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), lance d’emblée que la surprise fut générale face à cette crise de la COVID-19: « C’est une véritable catastrophe et c’est inusité ce qui nous arrive. Une mort invisible rôde. »
La première chose à faire a été évidemment d’adapter, de reporter et d’annuler les nombreuses activités prévues, notamment toutes celles en rapport avec l’année hommage à la compositrice Katia Makdissi-Warren.
Comme dans tous les organismes, le calendrier a donc complètement été revu. Mais quand cela sera-t-il possible de présenter un concert devant public? Nul ne le sait car à toutes les semaines de nouvelles directives surviennent et bousculent les plans. « Ce qui est inquiétant, c’est le festival MNM prévu en février 2021. On ne peut confirmer si cela aura lieu ou non. »
Une des principales craintes du chef et directeur artistique va pour le public. « Où sera le plaisir? Il ne faut pas que ce soit difficile pour le public. S’il faut éviter tout contact humain, les accolades, les discussions autour d’un verre après le concert, cela ne sera pas possible. »
Pour Walter Boudreau, le concert de musique est une activité fondamentalement collective, acte de fraternité et de partage. Il renchérit : « On ne peut pas remplacer la musique live par le virtuel. Le virtuel, c’est une belle béquille, une très belle béquille, mais ce n’est pas cela. La solution, c’est de vaincre la pandémie. En attendant, ce sont des cataplasmes, des façons temporaires de garder la tête hors de l’eau. »
Boudreau souligne que la SMCQ a la particularité de fabriquer des concerts en fonction des œuvres et des projets. L’organisme ne doit donc pas soutenir un ensemble de musiciens salariés tel que cela se produit chez les orchestres conventionnels. « La SMCQ a la chance de pouvoir s’adapter financièrement et artistiquement au contexte actuel, ce qui se traduira par quelques projets porteurs afin d’affirmer la mission de l’organisme, celle de promouvoir et soutenir la musique de création contemporaine québécoise. »
Ainsi, un programme spécial de commande « en ligne » sera créé afin de soutenir les compositeurs et compositrices.
De plus, la pandémie a permis à l’organisme de faire avancer plus rapidement un grand projet. La SMCQ s’affaire actuellement à la numérisation de tous ses documents sonores : l’organisme a pour mission de rendre ce patrimoine inestimable accessible au public et mille enregistrements d’œuvres ont été numérisés jusqu’à présent.
Walter Boudreau souligne l’importance de la SMCQ pour l’histoire de la culture québécoise. Véritable musée vivant, elle collectionne depuis 54 ans une multitude d’artéfacts qui sont là pour rappeler d’où l’on vient.
Et le directeur de le formuler ainsi : « un peuple sans histoire est un peuple qui n’existe pas. »