La 90e année d’existence de l’organisation (fondée en 1934 sous le nom des Concerts symphoniques de Montréal) coïncide avec les dix ans de l’Orgue Pierre-Béique, qui fut inauguré le 28 mai 2014. Et l’OSM le souligne en grand: 28 concerts avec de l’orgue sont programmés cette saison, avec notamment un mini festival de l’orgue prévu au printemps pour souligner son anniversaire.
PAN M 360 a eu la chance incroyable de visiter l’imposant instrument en compagnie de Jean-Willy Kunz, l’organiste en résidence de l’OSM. Avec une passion évidente, il a guidé les membres des médias dans les coulisses et y a expliqué le fonctionnement de l’Orgue Pierre-Béique.
Puisant dans sa grande expérience et dans sa maîtrise de l’instrument, il s’est transformé en un organologiste hors pair !
L’Orgue Pierre-Béique est une merveille de l’organologie et de la fabrication d’instruments modernes au Québec. Conçu et construit par la maison Casavant Frères, avec le concert des architectes Diamond Schmitt et Ædifica pour le design visuel, c’est l’instrument le plus imposant de l’orchestre.
Même la gigantesque octobasse de la Maison symphonique semble petite face à ses quinze mètres de haut et douze mètres de large. Selon l’expert en résidence, il fait environ le double du plus grand orgue que Jean-Sébastien Bach a connu de son vivant (jusqu’en 1750), Pas moins de 6 489 tuyaux de toutes les tailles permettent à l’organiste de reproduire la presque totalité des instruments de l’orchestre avec une précision ahurissante, également avec la possibilité de combiner ces sons.
« J’aime bien imiter les autres instruments de l’orchestre durant le réchauffement avant le concert », nous avoue Jean-Willy Kunz avec le sourire aux lèvres.
Durant une amusante démonstration, il joue la note la plus basse, qui s’apparente à un claquement étant donné la fréquence si basse (environ 50 Hz), puis passe à la note la plus aiguë de l’instrument, sur le jeu du piccolo, dont la fréquence est si haute (11000 Hz environ), que plusieurs ne sont pas en mesure de l’entendre!
Entre les mains d’un virtuose, l’orgue symphonique est un orchestre à lui seul, réparti sur ses quatre claviers et ses 83 jeux. Au carrefour de l’art et de la science, « l’orgue est le fruit de plus de 30 000 heures de conception, de construction, d’ajustement et d’accordage », nous raconte Jean-Willy Kunz. Avec des pièces qui vont des grands tuyaux visibles dans la salle qui font plus de 30 pieds de long, jusqu’aux plus petits jeux qui font appel à des pièces aussi petites qu’un stylo. De plus, l’orgue est en mesure d’atteindre jusqu’à 100 décibels en activant les chamades (soit les tuyaux dirigés vers le public), juste au-dessus des 96 décibels des cuivres quand ils soufflent à plein poumons. L’organiste admet avec plaisir qu’il a pu apporter le volume pendant les concerts avec I AM cette semaine.
Jean-Willy Kunz aime décrire l’Orgue Pierre-Béique comme “un instrument qui rayonne, tant dans sa sonorité et dans sa conception que dans son importance pour la musique classique à Montréal.” « Certes », il continue « il existe des orgues qui sont bien plus grands, comme à Atlantic City ou au Macy’s à Philadelphie, ou encore des salles au Canada avec des orgues, mais peu sont autant valorisés qu’ici à la Maison symphonique. L’OSM a su prendre compte de l’importance d’un tel instrument. Le poste que j’occupe, celui d’organiste en résidence, est unique en son genre. »
Nous avons la chance d’entendre ici un instrument unique et fascinant. Kunz considère l’orgue comme un instrument d’avenir qui est en évolution constante. Le fruit de cette longue évolution depuis l’antiquité, l’Orgue Pierre-Béique est une petite merveille musicale locale qui a eu et aura un impact bien plus grand que les confinements de la Maison symphonique.
Vidéo de 2018