La Nuit. Une temporalité spatiale à conquérir. Un nouveau territoire de l’infini. Stigmatisée comme le lieu de toutes les insécurités, son image souffre d’un paradoxe ancestral. Convoitée pour les plaisirs qu’elle offre, elle est aussi surveillée ou interdite en raison d’être perçue comme un espace de dépravation où seule la répression apaise les peurs. Et, pourtant!
La Nuit est multidimensionnelle, créative, rassembleuse, ingénieuse et la portée de ses activités fait rayonner des métropoles à l’internationale. En 2020, étant pleinement consciente du potentiel incroyable de Montréal, l’administration Valérie Plante lance un grand chantier de réflexion sur la vie économique nocturne. Le Sommet, organisé par MTL24/24 depuis 2020, s’inscrit dans cette lancée. Cette année, 40 conférenciers, locaux et internationaux, ont été invités par Mathieu Grondin et son équipe à déployer connaissances, recherches, expériences et possibilités inspirantes afin de réinventer nos espaces et nos temporalités. Comment laisser place à la réconciliation voire la symbiose harmonieuse du jour et de la nuit plutôt que de nourrir leur dualité?
Cette première journée du 17 mai ne fait plus seulement lancer des pistes de réflexion ou d’échanges mais expose indéniablement les voies de multiples réalisations concrètes à l’avenir fructueux. Après Berlin, New York, Tokyo et Stockholm, c’est à Montréal de faire l’objet de l’étude Creative Footprint (CFP) menée par le VibeLab, s’alignant ainsi avec les quatre autres villes internationales. Pour plus de détails sur les résultats de l’étude, consultez l’entrevue de Diana Raiselis, chercheure principale de CFP Montreal.
Une succession d’exposés sur les réussites des projets de développement des activités nocturnes prend place. On y découvre que les communautés réinvestissent les espaces le long des berges des fleuves comme celui de la Spree, en Allemagne. Le HOLZMARKT BERLIN est devenu un espace dynamique et florissant avec une belle rentabilité grâce à la gestion par la communauté de la nuit (bars, clubs, restaurants).
Les questions concernant l’aménagement urbain et architectural sont centrales à cette édition du Sommet qui porte sur l’espace de la nuit « nox spatium ». Les chercheurs des night studies comme Luc Gwiaździński (École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse) revisitent les notions enseignées au sein même des écoles. La nuit doit être pensée et intégrée dans la conception intrinsèque de la ville dès la gestation d’un projet ou d’un aménagement. Il faut penser à unir diurne et nocturne sur les bancs des universités. Ça aidera davantage à changer les mentalités. Les villes doivent être pensées et construites dans leur globalité et non plus de manière segmentée.
La présentation de projets en périphérie de la ville comme le Parc Culturel à La Haye de PIP Den Haag (Steven Van Lummel et David Schoch) nous montre comment des parcs ou des terrains pourraient être exploités davantage et mis au service de la nuit.
$teven Ra$pa, cofondateur du Burning Man a partagé sa vision d’une vie civique nocturne lié à la réussite du Black Rock
City, dans le Névada, USA.
Cette première journée d’échange s’est conclue sur la projection du documentaire GOD SAID GIVE’EM DRUM MACHINES retraçant l’histoire de la Techno à Détroit.
Les décisionnaires ont toutes les clés en main pour nous assurer une cohabitation nocturne sereine et prospère!