La COVID a dûrement touché Igloofest, un festival unique de par sa nature, de par ses planchers de danse enneigés et ses nuitards givrés – modérément, on le présume. Annulé les deux derniers hivers, le festival fut neutralisé par les pics d’éclosions du virus planétaire, et voilà le retour attendu. Igloofest retrouve son allant et redonne au Vieux-Port un lustre hivernal hors du commun.
Il faisait bon, jeudi, contempler de nouveau les rafales de neige se poser sur des milliers de tuques et capuchons au-dessous desquels des milliers de caboches et leurs popotins se faisaient aller à qui mieux mieux. Contexte hivernal par-fait au pied de la Scène Sapporo.
Pendant 90 minutes bien tassées, le producteur et DJ australien Flume a fait la neige et le bon temps, coiffant sa perfo d’une pluie de lasers à l’approche de 23h. Qui, au juste, aurait boudé son plaisir dans ce contexte de retrouvailles ? Mixtion tonique de bass music et de pop mondialisée, la musique au programme exclut toute prise de tête. Assortie de quelques interventions vocales par la collègue et compatriote Kučka, la manière Flume que l’on dit parmi les initiateurs de la sous-tendance future bass, s’adresse justement à une portion congrue du grand (et jeune) public venu à sa rencontre.
Oui, on imagine les fans plus âgés ou plus exigeants, mutékiens ou akousmiens, froncer les sourcils, faire la moue et autres gorges chaudes. On peut fort bien ne plus carburer à ce type de pop EDM, construction prédigérée consistant à réduire la charpente d’une chanson archi-prévisible pour ensuite l’allonger de longs sédiments électroniques et l’assortir d’effets spéciaux, éclairages hi-tech, lasers, projections triées sur le volet. Il faut tout simplement admettre que le fast food peut parfois rassasier, faire du bien… à condition bien sûr qu’on ne s’en nourrisse pas quotidiennement. Inutile d’ajouter que Flume, star mondiale affublée de sa proverbiale combinaison de motocycliste de compétition, n’a que faire de ces considérations.
Depuis sa fondation en 2007, l’événement montréalais a présenté un mélange équilibré de propositions, certaines faciles et conviviales et d’autres plus complexes, plus relevées artistiquement. Jeudi soir, par exemple, on pouvait assister au set de la Montréalaise (originaire de Toronto) Lia Plutonic, que notre collègue Salima Bouaraour nous a fait découvrir cet automne – lire l’interview.
Néanmoins, on a pu faire un brin de jasette avec cette artiste douée de la relève house, au terme de sa performance donnée sur la scène Vidéotron entre 20h et 21h.
« J’aime faire un mélange de couleurs nouvelles dans l’esthétique house, j’aime aussi référer aux sources du genre, en allant par exemple côté Chicago dans les années 90. Mais je ne réfléchis pas outre-mesure lorsque je mixe ou produis, j’y vais à l’instinct, je me lâche », a-t-elle expliqué tout sourire, satisfaite du travail accompli.
Au-delà du métier de DJ / productrice qu’elle souhaite pratiquer au cours des mois à venir, Lia Plutonic nous apprenait qu’elle terminait un premier cycle universitaire en psychologie, qu’elle envisageait maîtrise et doctorat à moins que la musique… Y a-t-il lieu de s’étonner que son sujet de recherche préféré en psycho soit le psychédélisme et ses drogues en voie de devenir thérapeutiques ? On pense notamment au champignon magique chargé de psilocybine ou encore au célébrissime LSD, psychédélique hallucinogène et psychostimulant d’origine hémisynthétique.
Poser la question… Il fallait à être à Igloofest pour la poser !
Alors? Plus qu’acceptable pendant une quinzaine d’années côté Igloofest, cet équilibre entre divertissement léger et dance floor intelligent est-il aussi valable en 2023 avec la popularité acquise chez ces festivaliers qui, très souvent, ne savent pas devant qui ils se trémoussent ? Difficile de juger d’entrée de jeu, car il y a tant d’artistes à découvrir au cours des quatre week-ends consécutifs, dont le premier est bien entâmé.
À très court terme, en tout cas, une fièvre du vendredi soir et une autre du samedi sont à prévoir dans des conditions plus que clémentes, réchauffement climatique oblige.
IGLOOFEST SE POURSUIT CE WEEK-END ET LES TROIS SUIVANTS. POUR INFOS ET BILLETS C’EST ICI