RADAR: Lara Klaus, de Recife à Montréal

Entrevue réalisée par Théo Reinhardt

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La diversité de son art, son talent de multi-instrumentiste, son idée du corps comme instrument de musique et son penchant pour la collaboration rappellent le foisonnement culturel de sa ville natale.

Originaire de Recife, au Brésil, la Montréalaise Lara Klaus est autrice-compositrice-interprète, multi-instrumentiste et éducatrice à travers le monde. Elle fait également partie du groupe LADAMA, formé de quatre femmes provenant toutes de pays différents, et avec lesquelles elle a joué au fameux studio Tiny Desk de NPR Music. 

Sa musique solo présente un mélange de styles, empruntant des éléments du sud au nord de l’Amérique jusqu’à l’Afrique, présentant principalement de la guitare électrique et acoustique, ainsi que différents types de percussions brésilienne et africaine.. Elle a participé au Syli d’Or de la musique du monde des productions Nuits d’Afrique, et s’apprête à jouer au Ministère de Montréal dans le cadre de l’événement RADAR qui s’amorce ce mardi.

PAN M 360 : Vous venez de la ville de Recife, au nord-est du Brésil, vous habitez maintenant à Montréal. Pourquoi avez-vous décidé de vous installer ici?

LARA KLAUS : C’est intéressant, parce que j’ai un autre projet avec lequel j’ai beaucoup voyagé en Amérique du Nord, et nous sommes venues à Montréal en 2018 pour participer au festival Nuits d’Afrique et à d’autres festivals en Ontario. C’est comme ça que j’ai appris à connaître la ville. Ensuite, un an plus tard, mon partenaire a décidé de venir étudier ici. C’était une heureuse coïncidence, et ça a permis de faciliter les choses avec mes projets. Je trouvais que Montréal ouvrait ses bras à la musique brésilienne et à mon travail.

PAN M 360 : Vous êtes percussionniste. Est-ce par ce type d’instrument que vous avez commencé à apprendre la musique?

LARA KLAUS : En fait, le premier instrument que j’ai appris à jouer est le clavier. Ensuite, j’ai appris la guitare acoustique, que j’ai étudiée pendant longtemps. Quand j’ai découvert la percussion et toutes ses manifestations culturelles qui étaient très fortes dans ma ville natale, ça m’a donné envie d’en jouer et de me mettre à la batterie. Après, c’était le chant (rires).

PAN M 360 : Alors le chant est venu en dernier?

LARA KLAUS : J’ai toujours aimé chanter lorsque je jouais de la guitare seule, et lorsque j’ai commencé à être musicienne professionnelle et à travailler avec d’autres artistes, ma voix était souvent à l’arrière-plan. À un moment, j’ai décidé que je voulais chanter pour moi-même.

PAN M 360 : Lorsque vous composez, commencez-vous avec la percussion? La guitare? Est-ce différent à chaque fois?

LARA KLAUS : Ça dépend. Parfois, ça vient d’une idée rythmique, d’autres fois c’est d’un son que j’entends. Mais même quand je commence avec la guitare, la percussion est présente, parce que j’ai une manière de jouer très percussive. Tous les éléments sont proches les uns des autres. Quand je fais des démos ou je commence à produire des chansons, c’est souvent guitare et percussions qui sont présentes.

PAN M 360 : Par rapport à ce processus, il est évident que vous êtes fan de collaboration. Vous faites partie du groupe LADAMA, vous avez plusieurs chansons avec d’autres artistes, notamment sur votre album solo et sur vos singles plus récents. Quelle place occupe la collaboration pour vous? Est-elle à la base de tout?

LARA KLAUS : Oui, absolument. Mon projet solo vient de mon projet collaboratif. J’invite toujours d’autres gens à faire partie du processus avec moi, que ce soit sur scène ou en studio. Depuis que j’ai commencé à jouer, j’ai un besoin de partage, je n’ai vraiment pas une démarche solitaire. Bien sûr, je commence avec une petite idée de moi-même et ensuite je l’apporte à d’autres. La plupart des chansons que j’ai écrites ont été faites avec quelqu’un d’autre. Je crois que c’est toujours mieux d’avoir les idées et les voix des autres, non seulement  parce que c’est pratique, mais aussi parce c’est l’idée symbolique d’une communauté. Je viens d’un endroit où, si tu joues dans la rue, il y aura un groupe avec toi, il y aura une parade.

PAN M 360 : Non seulement êtes vous artiste, vous êtes aussi éducatrice. Vous enseignez la musique et la percussion aux plus jeunes à travers le monde dans des conférences et des ateliers. Pensez-vous que d’enseigner la musique ainsi vous inspire d’autant plus à en explorer les limites?

LARA KLAUS : Totalement. Le fait d’enseigner me fait constamment apprendre. Pour moi, ça revient à l’idée de communauté et de partage. Ce qu’on partage a une signification, et ça nous permet de nous connecter avec notre culture. Je trouve important pour les gens à qui j’enseigne qu’ils réussissent à leur tour de se connecter avec la leur. C’est vraiment une question de se connaître. Pendant longtemps, j’ai enseigné à des personnes handicapées. Peu importe le type de personne, tout le monde reçoit et intègre l’information différemment.

PAN M 360 : C’est cette idée qu’on peut toujours apprendre, même de quelqu’un qui ne s’y connait presque pas sur notre sujet.

LARA KLAUS : Exact. Et l’enseignement, ce n’est pas seulement « Voici ce que je fais, voici le rythme qu’on joue dans ma ville. », c’est aussi, par exemple, découvrir l’utilisation du corps comme instrument.

PAN M 360 : Justement, parlant du corps comme instrument, dans une conférence TED-Talk que vous avez faite avec votre groupe LADAMA il y a quelques années, vous citez le grand percussionniste brésilien Naná Vasconcelos : « Le premier instrument est la voix, mais le meilleur instrument est le corps. » Pouvez-vous nous parler de ce que cela signifie pour vous?

LARA KLAUS : Oui, quand j’ai découvert la citation, je me suis dite « Mon dieu, c’est exactement ça! » C’était un grand maître. Il a voyagé le monde en utilisant son corps et sa percussion comme instruments, et a tracé le chemin en jouant avec des grands comme Miles Davis et Herbie Hancock. Mais, oui, à la base, son idée, c’est qu’il y a tout ce qu’il nous faut en nous, et que si nous avons cette base, il n’y a pas d’obstacles, pas de barrières qui puissent nous arrêter.

PAN M 360 : Avant de nous quitter, nous voulions savoir si vous travailliez sur un nouveau projet en ce moment.

LARA KLAUS : Oui, j’ai quelques chansons que je planifie sortir bientôt. J’aimerais bien sortir quelque chose à temps pour l’été. Je travaille toujours avec différents artistes, et j’ai mon groupe de tournée avec qui je joue et collabore, évidemment. J’ai des spectacles planifiés en juin et juillet!

PAN M 360 : Finalement, pouvez-vous nous dire à quoi  peut-on  s’attendre de votre concert ce mardi?

LARA KLAUS : Vous allez entendre mes chansons, que j’ai écrites avec différentes personnes, et vous pouvez vous attendre à ce que j’alterne entre plusieurs instruments que j’ai appris au fil de mon parcours. J’espère simplement offrir une performance lumineuse que les gens pourront sentir à la fin. C’est toujours une joie, pour moi, de jouer sur une scène, et je veux transmettre ce sentiment. Même si je chante en portugais brésilien, je crois que la musique transcende la langue, et que je peux montrer le meilleur côté de la personne que je suis et de l’endroit dont je viens.

Lara Klaus se produit  au Ministère, ce  mardi 28 mars prochain dans le cadre de la programmation RADAR présentée par M pour Montréal et Mundial Montréal.

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