Ce qui attire d’abord l’attention vers l’Albertain Chad VanGaalen, c’est ce mélange improbable des genres, cette instrumentation hirsute (guitares, basse, batterie, synthés vintage, autopharpe, machines, objets sonores, etc.), ces ambiances qui ne cessent de caresser l’étrangeté, ces virages à 180 degrés d’une pièce ou chanson à l’autre pièce ou chanson. Il s’en passe des choses dans cette caboche! Et le hamster pédale sans relâche depuis 2004 : huit albums studio, cinq Eps et une compilation de B-sides sortis à l’ombre des projecteurs. World’s Most Stressed Out Gardener, nouvel opus de VanGaalen paru sous étiquette Sub Pop, se veut un enchaînement inusité de liens stylistiques (psych folk, rock psychédélique, krautrock, ambient, synth pop, funk, hip hop, néoclassique, classique indien, bruitiste, etc.) avec pour lien essentiel la voix haut perchée de l’artiste qu’il se plaît à doubler ou tripler en studio. Sur des musiques apparemment exploratoires, les rimes passent de l’hyper-réalisme au surréalisme onirique, de l’autodérision au ressenti sincère de la vulnérabilité en passant par l’assomption du jardinage compulsif. Aurez-vous saisi que Chad VanGaalen est un cas unique parmi les artistes issus de Calgary. Il suffit de bien attacher sa tuque avec de la broche, et tout va bien aller! Car, malgré ce chaos apparent, la cohérence de cette psyché chansonnière finit par s’imposer.
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