Depuis quelques années, Zach Zoya est perçu comme l’un des plus beaux espoirs du rap keb. Quelques monoplages et un mixtape produit par High Klassified plus tard, on attendait toujours la consécration de l’un des talents les plus prometteurs de la jeunesse artistique québécoise. La sortie de Spectrum, EP de six morceaux, était d’ailleurs annoncée de façon dithyrambique par plusieurs grands médias anglophones de musique, dont Complex et HotNewHipHop. Zoya ne déçoit manifestement pas sur ce nouvel enregistrement où il emploie son savoir-faire avec finesse. Jonglant comme à son habitude entre le chant et le rap sur des productions trap, il dévoile un opus léché et diversifié. Le jeune Norandais possède peut-être la voix la plus agréable de la scène hip-hop du Québec. On peut y déceler certaines intonations à la Kendrick quand il rappe et un trémolo s’apparentant à celui des grandes pointures du R&B de la fin des années 90 quand il chante. De plus, son utilisation parcimonieuse de l’Autotunevient colorer ces pièces d’une sauce trap au besoin. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il se fasse un nom à l’extérieur de la province et puisse s’entourer de producteurs et de collaborateurs qui rendront encore davantage justice à son talent. L’excellente Patience, sur laquelle Zoya collabore avec plusieurs producteurs émérites, illustre sa capacité à écrire des textes plus profonds et constitue le point culminant du mini-album. Il rate toutefois la cible sur Slurpee, la toute dernière pièce, qui n’a aucun atome crochu avec les autres morceaux et semble rompre avec le fil conducteur dramatique de son œuvre. On apprécie énormément la polyvalence et les variations de flow du rappeur sur Spectrum, qui témoigne de son évolution comme parolier et artiste. On est maintenant prêt à ce que Zach Zoya passe à la prochaine étape : un album où il imposerait sa vision artistique et où il enchaînerait les gros textes et les moments de vulnérabilité. On a rarement vu des rappeurs anglophones plus naturels que lui au Québec. À lui de démontrer qu’il a ce qu’il faut pour côtoyer les plus grands au pays de l’oncle Sam.
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