Le Montréalais Saïd Mesnaoui n’est peut-être pas né dans la métropole et partage peut-être son temps désormais entre celle-ci, Paris et le Maroc, mais après y avoir vécu un douzaine d’années et y avoir tissé un réseau d’amis indéfectibles, c’est toujours un peu comme s’il rentrait à la maison chaque fois qu’il vient y donner un concert. C’est d’ailleurs en partie grâce à Montréal que l’artiste a élaboré et construit son style post-gnawa trad, ce que le nom de son groupe Transe Gnawa Fusion trahit efficacement.
Mâtiné de reggae, de funk, de rock, de jazz et que sais-je, son gnawa, un genre musical classique et sacré d’une grande puissance spirituelle, lui-même issu d’une fusion entre islam, rites de possession (l’adorcisme) et pratiques provenant de descendants d’esclaves dans la région subsaharienne du Maroc. Un genre avec des codes précis et des usages réservés, donc. Mais la force expressive de cette musique a vite convaincu des gens, y compris des étrangers, d’y porter attention et même de la pratiquer en dehors de cercles strictement religieux. Il existe, à Montréal, des artistes qui font de la musique gnawa pure. Mais Saïd Mesnaoui, une fois ses valises déposées à Montréal en 1986, a eu envie de moderniser l’approche, et le résultat en fut ce qu’on entend depuis avec Transe Gnawa Fusion.
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Vendredi dernier, au Théâtre Fairmount, le potage épicé et vigoureux concocté par Mesnaoui a encore une fois rempli ses promesses, soulevant de leurs sièges les spectateurs, qui ont amplement dansé et balancé les hanches aux divers rythmes sous-jacents utilisés par l’artiste expérimenté pour propulser sa vision de la tradition gnawa. Des grands classiques, qu’on peut entendre sur les albums existants, dont plusieurs issus du plus récent opus, Al Maddloum (l’Opprimé), mais quelques chansons qui trahissent un nouveau programme à venir dans un éventuel enregistrement.
On s’est amusé, on a bien absorbé toute l’énergie jaillissante des musiciens sur scène, et on est reparti satisfaits.
Aziz Badi – Percussions
Pascal Bujold – Guitare
Jean-Christophe Carette – Piano
André Désilets – Instruments à vents (cuivre + bois)
Gabriel Lajoie – Basse
Saïd MESNAOUI – Voix
Sylvain Plante – Batterie
Rachide Salamatte – Percussions