Depuis 2006, soit depuis la sortie de compositions originales telle I Know You Know qu’elle a jouée samedi, Esperanza Spalding est une star du jazz.
Menue, petite, tellement solide, la musicienne de 40 ans possède tous les attributs des stars sans forcer. Contrebassiste et bassiste virtuose, chanteuse douée d’un organe puissant, très joli minois, elle peut aisément fréquenter les zones limitrophes de la pop en usant de formes chansons et l’enrichissant de compositions et improvisations plus complexes.
Ces formes n’excluent donc pas détours conceptuels plus recherchés, parfois même audacieux. Non, la très belle Espéranza n’a pas grand-chose à voir avec quelque avant-garde mais ne fréquente pas non plus les formes prédigérées de la pop aromatisée de jazz.
Samedi soir, on n’avait pas du tout le sentiment qu’elle tournait show de masse et… pourtant, c’est pourtant ce à quoi la place des Festivals était consacrée samedi pour le plus important des concerts gratuits de sa clôture. Or, pour qu’un tel concert puisse fonctionner à plein régime et marquer l’imaginaire, il faut plus que ce qu’on a eu.
Bien sûr, Esperanza Spalding pouvait compter sur l’excellent guitariste et compositeur torontois Matthew Stevens, proche collaborateur sur scène depuis quelques années – après avoir été un musicien crucial chez le trompettiste Christian Scott aTunde Adjuah. Ce mec féru de Fender Telacaster devrait d’ailleurs faire l’objet d’une carrière solo, vu la profondeur de son propre univers musical. Enfin… les compléments de son jeu sont absolument bienvenus chez Esperanza.
Venue en petite formation, (basse, batterie, guitare + électro), la frontwoman avait invité deux danseuses capables de se transformer en choriste lorsque l’occasion s’y prêtait. Pas sûr non plus que l’effet chorégraphique ait été déterminant.
Au fait, deux danseuses et de bons éclairages suffisent-ils pour le succès d’une telle clôture?
Présenter du jazz dans les événements grand public au FIJM est une idée à défendre bec et ongles mais il faut aussi réfléchir davantage à l’immersion audiovisuelle pour mener à bien une telle aventure.
Bravo au public pour l’effort d’écoute, bravo au FIJM pour cette prise de risque. La place des Festivals n’a pas été désertée en ce dernier soir mais on n’a pu conclure à un événement mémorable, transcendant, du calibre des concerts de The Roots ou Hiatus Kaiyote. Cela dit… on était peut-être entre deux chaises mais on était très loin, très loin de toute médiocrité.