Canadien d’origine philippine basé à Edmonton, Joshua Banks a les mains bien formées par la technique classique ainsi que par des rencontres d’études avec des pianistes jazz du Japon, comme Hiromi. Résultat : un jazz à la technique étoffée et au sens de la beauté sonore impeccable. Banks dit rendre hommage à ses origines dans le programme de neuf plages, toutes des compositions originales exception faite du standard Nature Boy. Outre plusieurs titres en tagalog (langue principale des Philippines) qui trahissent certaines sources d’inspiration, mes oreilles blanches très occidentales ne perçoivent pas d’inflexions particulièrement philippines, ou même ‘’asiatiques’’ dans la musique de Joshua Banks. Cela dit, elles ne peuvent nier le très beau lyrisme des mélodies de ce Para Sayo qui veut dire ‘’Pour toi. Les arrangements vont du trio de base (piano, contrebasse, batterie) au déploiement chambriste avec quatuor à cordes, voix, contrebasse et percussions (comme dans Opo, superbe envolée mélodique portée par la voix solaire de Hazel Cavida). 14 personnes au total s’échangent divers moments de présence à tour de rôle selon les pièces, ce qui varie les textures et les plaisirs.
Banks construit des paysages sonores qui témoignent d’une modernité jazz dans les rythmes, mais aussi d’une savante architecture puisée dans le génie du classique. Les tableaux vivants du pianiste naissent, se développent et se concluent avec une immense grâce, qu’on soit dans des ambiances impressionnistes, cinématographiques ou un peu funky (Nature Boy, dans une étonnante et vivifiante vision!). Les gens d’Edmonton sont chanceux. J’aimerais bien que Montréal ait la chance d’entendre ce jeune artiste live. Avis aux programmateurs qui lisent cet article.
Para Sayo. Pour toi. Pour nous. Merci pour cette belle offre, c’est très apprécié.