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Zachary Hard présentera son installation |telemirror| dans le cadre des soirées Ultrasons à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Accessible dès 18h45 au local B-325, ce sera l’occasion de réfléchir à notre relation avec le monde numérique.
PAN M 360 : Peux-tu nous présenter ton projet |[telemirror]|?
Zachary Hardy : |[telemirror]| est une installation sonore inspirée par l’être humain et son rapport au monde numérique qu’il a créé au cours des quatre dernières décennies. Un monde évoluant rapidement pour permettre et faciliter l’interconnexion entre tous, dans lequel il projette sa propre réflexion. Cette réflexion se retrouve constamment altérée par ses propres acteurs jusqu’à sa désintégration par la surcharge de contenu et la masse d’utilisateurs sollicités par cet environnement. |[telemirror]| propose d’observer cette réflexion déconstruite à travers un système audiovisuel de caméras et d’écrans interconnectés où l’auditeur·rice se retrouve face à son reflet défaillant.
L’installation fait l’usage de plusieurs stations qui collectent, à l’aide d’une caméra et d’un programme de reconnaissance faciale par intelligence artificielle, les images et les positions de visage pour les envoyer à un hub principal générant un visuel projeté. Chaque station agit comme un miroir défaillant devant lequel le spectateur peut s’observer à travers une image résiduelle ou bien écouter le tout dans son ensemble bruité.
PAN M 360 : Qu’est-ce que tu aimerais que les visiteur·ses retiennent de ton installation?
Zachary Hardy : Ce que j’aimerais que les visiteur·ses retiennent de mon installation serait à quel point nous sommes plongés à travers un monde numérique, de notre propre création, et comment nous, en tant que personne, l’affectons comme acteurs de ce dernier. L’installation présente simplement un état, une réflexion de cette réalité numérique. Je tente aussi de souligner plus implicitement une certaine fragilité face à notre dépendance de plus en plus importante au média numérique pour nous connecter socialement. Un média qui, par son arrivée relativement récente et son omniprésence, risque toujours de se retrouver pris pour acquis ou d’être mal utilisé.
PAN M 360 : Ce n’est pas ta première installation : l’hiver dernier, tu présentais |MONOLITHE|À|L’OBSOLESCENCE|, et à l’automne #Board_Revival, qui abordait le gaspillage électronique. Est-ce qu’il y a une ligne directrice derrière ces différents projets?
Zachary Hardy : Absolument, ces projets s’inspirent principalement de la technologie et de notre relation par rapport à celle-ci. Un lien qui peut aussi se faire avec ma dernière œuvre |[telemirror]|. Dans les trois cas, ces œuvres partent d’un questionnement sur notre utilisation des technologies modernes. Pour |MONOLITHE|À|L’OBSOLESCENCE| et #Board_Revival, la question posée était principalement celle du gaspillage et de l’obsolescence programmée.
Dans mon processus de création, j’ai aussi un positionnement écologique et économique à travers mes œuvres en tant qu’artiste. J’essaie toujours de prioriser la réutilisation, les dons et les prêts d’objets pour concevoir mes installations. Premièrement pour donner ou ajouter de la valeur à des objets sans utilités ou bien sous-utilisés. Deuxièmement pour me donner le défi de création tout en minimisant mon impact écologique.
PAN M 360 : Quelles sont les sources d’inspiration qui ont nourri ce projet?
Zachary Hardy : C’est principalement ma passion pour la technologie et l’esthétique noise.
Je suis premièrement parti sur l’élaboration d’un système inspiré du modèle client-serveur où les clients envoient les requêtes au serveur qui les attend. De là est arrivée l’idée de me pencher sur notre relation au média numérique qui est très orienté vers le partage de soi-même dans un environnement qui est de plus en plus axé sur la collecte d’information des usagers, d’où l’utilisation des caméras. Comme toute création humaine, toutes ces technologies sont aussi le reflet de ses créateurs et de ses utilisateurs. C’est principalement vers ce point de vue que je me suis orienté.
PAN M 360 : Qu’est-ce que Ultrasons représente pour toi?
Zachary Hardy : Pour moi, Ultrasons représente une plateforme de partage et d’échange au sein de la faculté de musique de l’UdeM. Ultrasons nous permet de présenter, après plusieurs mois de travail, le fruit de notre expérimentation à nos collègues de la communauté étudiante et à un public plus académique. Ça nous offre aussi l’opportunité d’obtenir de nouveaux retours constructifs sur nos œuvres. C’est toujours une superbe occasion d’observer différentes pratiques et artistes émergeant. Ultrasons offre aussi une grande variété d’art sonore de la musique acousmatique à l’installation en passant par la musique visuelle et la performance.
Donc rendez-vous le 23 et 24 avril 18h45-19h30 au B-325 de la faculté de musique de l’Université de Montréal.
crédit photo : Nina Gibelin Souchon