Critique Love… minerais critique dans le sous-sol montréalais

Entrevue réalisée par Marilyn Bouchard

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Critique Love, alias Antoine Binette-Mercier, nous apparaît dans une épopée sombre et menaçante: l’album Critique Love, dont le premier extrait Bone White Dust circule déjà depuis un moment, accompagné d’une vidéo apocalyptique de Jimmy Genest Pettigrew. Seules les voix angéliques et éthérées de Lisa Kathryn Iwanycki et Frannie Holder apportent lumière et légèreté salvatrices. 

Un album hypnotique, film noir aux subtiles teintes électro et aux arrangements de violons et de flûtes bien ficelés, un album qui fait monter la tension et nous transporte dans des années 60-70 embrumées de gaz lacrymogène. Avec sa voix profonde parlée/chuchotée, il rappelle parfois les voix graves de Gainsbourg ou Cohen… en scaphandrier. Les percussions jouent un rôle phare tout au long de l’opus et les voix féminines s’illustrent par le contraste de leur douceur, nous libérant de cette lourdeur atmosphérique qui nous remplit d’un lent et sûr sentiment d’angoisse. 

Marilyn Bouchard a fait la rencontre d’Antoine, qui signe également la réalisation et les arrangements. Pour PAN M 360, notre collaboratrice l’a interviewé après son Show de salon montréalais , donné le 15 avril … dans un salon pour de vrai.


PAN M 360:  Quelles ont été tes inspirations lors de la création de l’album?

Antoine Binette-Mercier: L’univers surréaliste m’intéresse beaucoup et j’avais envie de faire un projet rock, au caractère très « années 60-70 ». J’ai beaucoup écouté Lee Hazlewood et aussi Jonny Greenwood. Je me suis aussi beaucoup intéressé à la composition orchestrale et au chromatisme. Aller chercher des harmonies qui grafignent, qui vont vers Bernard Herrmann. On vit dans un monde diatonique, j’avais envie de dissonance, dans un contexte qui est doux et qui est romanesque. La musique apparaît en premier, toujours, les textes ensuite.

PAN M 360: D’où viens-tu, musicalement parlant? Parle-nous un peu de ton évolution.

Antoine Binette-Mercier: Je suis en train de terminer ma maîtrise en composition musicale sur une approche moderne de la musique romantique et post-romantique, marquée par l’ultra-chromatisme. Si tu écoutes du Mahler ou du Wagner, le chromatisme est tellement poussé que t’es même plus dans le système tonal, c’est limite atonal. Aussi, j’ai beaucoup trop écouté Pink Floyd dans ma jeunesse haha! Un peu de Rush aussi..Gentle Giant. Je suis pas trop fan de la musique masturbatoire où on se perd dans l’intellectuel du truc…tout doit partir de l’émotion.

PAN M 360:  Ces compositions couvrent quelle durée de création?

Antoine Binette-Mercier: Hey je suis mal à l’aise mais je l’ai fait en dix ans haha! Ça a commencé que mon grand ami Julien Sagot (Karkwa) voulait donner un coup de volant avec son deuxième album Valse 333 et il m’a fait vraiment confiance et il m’a dit : « Hey on le fait ensemble! » J’ai donc embarqué à la coréalisation et pendant un an, on a travaillé son album dans une direction qu’on a défriché ensemble. On a essayé de défaire les frontières (y’aura pas de kick sur le 1 ou de snare sur le 2-4, etc). Et quand on a fini le processus, c’est là que j’ai eu l’ambition de me lancer dans cette création-là, de pousser tout ça plus loin.

PAN M 360: Ta musique est très cinématographique : est-ce que tu t’inspires de films, d’images, de peintures?

Antoine Binette-Mercier: Oui absolument! Les films d’Hitchcock et de Tarantino ont été des inspirations importantes dans le projet. Je m’intéresse aussi beaucoup à Salvador Dali. Le surréalisme, pour moi il est proche.

PAN M 360: D’où vient le nom de ton projet Critique Love ?

Antoine Binette-Mercier: Le nom du projet vient justement de « paranoïa critique », qui est une technique d’inspiration basée sur l’utilisation du subconscient dans la création élaborée par Dali.


PAN M 360: On voit que tu n’as pas peur d’aller vers des atmosphères plus sombres, est-ce un aspect qui nourrit beaucoup ta création?

Antoine Binette-Mercier: C’est une poésie qui est noire , où j’avais envie de traiter des sujets plus difficiles. J’aime ça, travailler des thèmes qui sont aux frontières du bonheur et du désespoir. De trouver et de travailler cette fine ligne qui sépare les deux mondes. C’est beau et torturé à la fois, avec une touche apocalyptique. J’aime toucher la corde sensible et avoir le sentiment que c’est l’apocalypse mais avec sérénité, avec le sourire. J’aime trouver l’espèce de point précis qui coupe.

PAN M 360:  L’apport des percussions ressort comme un des liants principaux de l’album. Était-ce un choix de les mettre en lumière?
Antoine Binette-Mercier: À la base, je suis percussionniste, j’ai étudié là-dedans. Et quand j’ai composé l’album, j’avais les squelettes de mes chansons et le premier collaborateur extérieur qui s’est joint a été Robbie Kuster. J’avais enregistré les drums moi-même et j’avais une idée assez claire à ce moment-là mais ses drums étaient tellement bons et j’étais tellement impressionné que ça a comme…poussé la prod à un autre niveau. Ça a donné le cue comme quoi la basse pourrait faire ça, les cordes pourraient aller là, etc… C’était important pour moi que rien ne soit standard…y’a tellement de musique qui se fait en ce moment, je voulais que ma musique soit pertinente.

PAN M 360:  On ressent parfois des influences frôlant Sigùr Ros, est-ce que ce sont des artistes que tu écoutes?

Antoine Binette-Mercier: J’en ai écouté beaucoup aux environs de 2008-2010.

PAN M 360: D’un autre côté, des influences des années 60-70 et du vieil opéra sont aussi présentes, avec la texture de la guitare à la Nancy Sinatra, est-ce un autre monde qui a participé à te forger musicalement?

Antoine Binette-Mercier: Oui complètement! Lee Hazlewood, le compositeur de Nancy Sinatra, pour moi c’est une influence majeure. Je l’ai beaucoup écouté. J’ai écouté aussi beaucoup Nino Rota, Ennio Morricone et tous les western-spaghettis!

PAN M 360: On a l’impression que tes chansons nous emmènent dans une épopée. Est-ce que tu le vois/conçois comme tel?
Antoine Binette-Mercier : Je vois chacune de mes chansons comme une sculpture, où j’enlève le superflu et où j’affine, à chaque étape, en essayant de trouver des solutions à des énigmes d’arrangement. J’ai besoin de trouver des choses, souvent en en enlevant d’autres. C’est mon épopée à moi mais ça peut donner la teinte d’aventure haha!

PAN M 360: Quelle est la suite pour 2025?

Antoine Binette-Mercier: Comme avant et Edge’s Line sont les prochains extraits à sortir, on les sort tous les deux en même temps. Ils seront également accompagnés par des visuels de Jimmy Pettigrew. Il y a également un spectacle qui s’en vient au Madame Wood le 26 mai.

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