Mon Dieu, ces salauds ont enfin réussi !
Enfin, le groupe punk baroque Shunk nous entraîne dans les profondeurs caverneuses et sinueuses de son son opéra-post-punk avec son fantastique premier album, Shunkland. Un album de 26 minutes qui fait tourner les têtes, mais Shunkland n’est pas une simple introduction : c’est un premier album éblouissant.
Cet album est avant tout deux choses : luxueux et pratique, comme une vieille demeure poussiéreuse et magnifique des années 70. Une guitare riche et audacieuse de Peter Baylis pourrait bien attirer votre attention en premier. Il fait monter sa sonorité anguleuse, carillonnante et incessante à travers deux amplis. Une délicieuse extravagance, telle une feuille d’or sur un bonbon. Les riffs de Baylis sont méthodiques, calculés et exécutés avec une efficacité redoutable quand il le faut. Mais à d’autres moments, ils se fondent, se dissolvent, se dispersent, mais sont toujours aussi puissants.
À l’égal de la guitare redoutable de Baylis se trouve l’éminente bassiste Julia Hill (Whoredrobe, BOZOBABY, Marontate, entre autres), qui semble vouloir conquérir la scène montréalaise en déchiquetant la basse dans tous les groupes de la ville. Les lignes de basse complexes et solides de Hill élèvent ces chansons au rang de « Rat King » dense et complexe, ses lignes s’entrelaçant élégamment avec chaque élément, puis se resserrant pour former un nœud indestructible et ondulant. Hill, bien sûr, joue en parfaite harmonie avec le batteur Adrian Vaktor, dont le jeu est impeccable. Les coups de batterie peuvent être des coups de feu ou des gouttes de pluie, et Vaktor peut tout faire, se repliant sur lui-même sur les morceaux plus décontractés et aériens, comme « Banale », ou envoyant des rafales rapides et précises sur les morceaux les plus en vogue comme « Rat King » ou « Goblin ». Et si Shunk est un manoir, la chanteuse principale Gabrielle Domingue en est le fantôme qui le hante. Grâce à Domingue, chaque chanson de Shunkland est instantanément élevée au rang d’air post-rock, sa voix planante et opératique remplissant le vide de chaque morceau. Elle brille d’un bout à l’autre, en particulier sur des morceaux plus oniriques comme « Clouds », où sa résonance se mêle délicatement aux eaux chatoyantes des accords de guitare et de synthé ondulants.
Avec ce premier album, Shunk fait connaître son offre : sensibilité punk-rock et exécution opulente. Un gâteau de mariage sur le sol. Un PBR dans une flûte à champagne. Décadence. Pragmatisme. Un élégant yin et yang qui confère à cet album sa profondeur et sa bonne humeur. Si vous avez envie de quelque chose de différent, une visite à Shunkland pourrait être la solution idéale.